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Valerius II
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Valerius II
Danse des Illusions
"En toute chose, sois comme le caméléon : adapte la couleur de ton discours à l'auditoire qui te fait face, car l'ami d'aujourd'hui sera peut être l'ennemi de demain..”
Rien, strictement rien, n'était laissé à la merci de l'imprévu. Ta tenue, confectionnée dans des étoffes de nuances sobres mais élégantes, ne tolérait pas le moindre écart, le moindre défaut. Tes gants, d'une blancheur immaculée, dissimulaient toute trace des imperfections et déshonneurs qui parsemaient ton passé. Chaque bouton, chaque broderie se trouvait à sa place avec une exactitude frôlant le maladif, plutôt que le simple désir de perfection. Même tes cheveux, pour une fois, avaient été soigneusement tirés en une queue de cheval basse, le tout retenu par un sobre lacet en soie. Tu étais, pour cette occasion, tout ce qu’on pouvait attendre d'un roi.
Et c’était là ton armure du jour. Paraître et être ce que l’on attend de voir, pour mieux observer ce que l’on ne montrerait pas à figure plus inquiétante.

La journée elle-même se déroulait avec une rigueur équivalente à celle accordée à ta tenue, chaque étape calibrée et minutée, éliminant toute incertitude alors que les heures passaient et que les rapports se multipliaient. Au moment où tu franchis le seuil de tes appartements, le carillon des cloches annonçait déjà l'arrivée de la délégation de Jadamur aux portes de la cité de Londonia. Consultant ta montre à gousset, tu constates avec satisfaction que tes prévisions horaires étaient exactes. Chaque tintement métallique te rappelle le poids colossal des enjeux de cette journée, pesant sur tes épaules déjà accablées de responsabilités que tu portes pourtant avec une nonchalance effrontée, vue de l’extérieur.
Sans un mot, tu t'avances à travers le palais pour rejoindre l’entrée, prenant la tête d'un cortège composé de conseillers, diplomates et ministres, tous plus tendus et anxieux que toi, conscients de l'importance cruciale de chaque instant de cette prochaine semaine.

Ta posture à l'entrée du palais est aussi inébranlable que les fondations de pierre sur lesquelles repose cet édifice, alors que tu te tiens là, sur le perron, les messagers t'informant que la délégation a entamé son avancée dans l'artère principale de Londonia. Plus que quelques instants, et ils seront à ta portée.
Aucun accident n’est a déploré en ville, pour le moment. Les citoyens, bien qu’intrigués, contemplent cette délégation majoritairement elfique qui porte sa noblesse comme si elle était innée, avec méfiance, mais sans cohue. Naturellement, les effectifs des Watchrunners avaient été renforcés pour toute la durée du séjour des Jadamuriens, prévenant toute éventualité fâcheuse susceptible de compromettre les relations avec le pays natal de la future reine...

Les minutes passent, et personne n’ose parler, pas même les domestiques les plus effrontés, alors que l’atmosphère reste tendue. Tandis que tu restes figé, droit comme la justice, sur le parvis du palais en compagnie de tes ministres et diplomates, la cour de la princesse vient compléter le comité d'accueil dans les temps. Après les révérences et salutations protocolaires, elle prend place à tes côtés, légèrement en retrait, conformément au protocole. Si le mariage avait déjà été célébré, bien sûr, elle se serait tenue à ta hauteur, mais il ne l’est pas, raison pour laquelle sa position ici est aussi ambiguë...

« Salutations distinguées, chère madame »  déclares-tu, le regard fixé sur le portail du palais, comme si les enfers attendaient que tu le quittes des yeux un instant pour s’y déverser. « Je constate que mes efforts pour enrichir votre garde-robe ont porté leurs fruits. Votre éclat n'en est que plus grandiose, et je suis certain que votre père en sera ravi. » Bien que ton ton conserve une ambiguïté délibérée, il est légèrement plus tempéré qu'à l'accoutumée. Après tout, il y a du vrai dans tes mots : même si la princesse Faith est réduite à n'être qu'un pion dans ce jeu de pouvoir, le Duc prendrait fort mal qu'on néglige sa fille et qu’on ne lui accorde pas les toilettes d’une futur reine. Cela équivaudrait à faire affront à cette nouvelle noblesse elfique dans son ensemble, sûrement...

L'instant est solennel lorsque les imposantes portes du portail extérieur du palais s'ouvrent, révélant à la délégation la cour intérieure où la garde royale se tient déjà en formation impeccable. Les hérauts, trompettes d'argent à la main, se tiennent prêts. À mesure que les membres de la délégation de Jadamur franchissent le seuil du portail et pénètrent dans la cour, leurs noms et titres sont annoncés avec une voix forte et claire.

Au signal donné, la garde royale exécute une levée synchronisée de leurs épées, formant une voûte d'armes sous laquelle la délégation marche pour rejoindre le lieu où tu te tiens, roi Valerius, accompagné de la princesse Faith et de ta cour. Tu offres à chaque représentant un petit objet d'art soigneusement sélectionné par tes diplomates pour sa valeur symbolique et esthétique, tandis que la princesse distribue des fleurs cueillies dans les jardins royaux que lui tendent ses servantes.

Puis viennent les discours. Debout sur une estrade élevée, tu te tournes vers la délégation et les dignitaires présents. Le discours est long, appris par cœur, dit avec l’aisance de l’orateur habitué sans pour autant être excellent, mais qui a le mérite de ne pas avoir besoin de feuille pour se souvenir de ses mots. Tu es un acteur avant tout, et un acteur apprend son texte. « Nobles représentants de notre précieuse colonie de Jadamur, c'est avec une grande fierté que nous vous accueillons aujourd'hui au sein du royaume d'Albion, votre patrie impériale. Que cette rencontre serve non seulement à resserrer les liens qui unissent déjà nos peuples, mais également à illustrer l'harmonie et l'ordre qui règnent au sein de notre grand Empire. » Ce n’est évidemment que l’introduction, alors que s’en suite de longs paragraphes pompeux sur un avenir radieux interracial, le bien fondé de la diplomatie et des alliances, et autre détails ajoutés là par tes conseillers plus enclin que toi à brosser les dignitaires étrangers un maximum dans le sens du poil. Malgré ta propre pensée face à cela, tu n’en montres rien, alors que tu joues ton rôle, donnant le ton et l’intention qu’on attend que tu donnes à ce texte.

Il faut une dizaine de minutes pour que tu parachèves ton allocution, avant que, conformément au protocole, le chef de la délégation étrangère ne s'avance à son tour. Il s'agit de l'un des fils du Duc, frère de la princesse, parfaitement au fait des délicates nuances des rapports de pouvoir. Avec une tactique empreinte de délicatesse, il rebondit sur ton discours, exprimant avec éloquence sa « gratitude pour l'auguste hospitalité d'Albion et l'insigne honneur d'être convié en ces lieux chargés d'histoire », tout en tissant habilement son récit avec des fils d'unité impériale et de coexistence interraciale. De façon prévisible, son allocution est plus brève, empreinte d'une sobriété calculée – le protocole dictant qu'aucun orateur ne saurait éclipser l'éclat du souverain. Tel est l'édit immuable : tous doivent se résigner à vivre dans l'ombre que tu projettes, les obligeant tous à s'inscrire dans l'ombre que tu jettes, et à plier le genou si nécessaire, pour ne point outrepasser ton rayonnement. Tu es le soleil de cet empire, une étoile solitaire au destin aussi insaisissable qu'inconfortable pour toi, toi qui est encore hanté par l'absence des ombres tutélaires de tes précédents rois. Cette lumière royale, loin de te réconforter, te semble chaque jour plus proche d’une aveuglante épreuve...

Les discours sont terminés, désormais, et des musiciens postés sur les balcons supérieurs entament une mélodie douce, suivie d'une courte représentation de danse traditionnelle, enrichissant la cérémonie d'une touche culturelle. Tout est minutieusement orchestré, du choix des morceaux joués à la sélection des danseurs, afin de souligner le raffinement et l'importance de l'occasion. Et cela dur, et dur encore. Et tout ce que vous pouvez faire, c’est jouer le jeu, évidemment.

Les dernières révérences et salutations échangées, la délégation prend la direction de ses quartiers, laissant derrière eux un sillage de murmures et de révérences. Dans le même temps, les conseillers et les ministres se retirent peu à peu, leurs voix feutrées et leurs flatteries excessives te parvenant comme à travers un voile, tant ton esprit est ailleurs. À vrai dire, la lassitude s’empare de toi, non pas de celle qui se plaint ou qui s’abandonne, mais de celle qui rêve d’un moment de répit, fût-il bref. Un bain, voilà la pensée qui t'habite, un désir si intense pour la chaleur enveloppante de l’eau qui saura détendre tes muscles endoloris et apaiser la froideur qui te gagne malgré les riches atours de ton rang. Il reste plusieurs heures avant que vos invités ne soient installé et que le banquet du soir ne commence, alors pourquoi ne pas profiter ? Tu signales discrètement à Thomas, qui, comprenant aussitôt, disparaît pour préparer ce havre temporaire où, le temps d'un instant, tu ne seras plus roi, mais simplement un homme en quête de chaleur et de quiétude. Juste un instant bien sûr, mais un instant salvateur quand même pour ta santé mentale. Pour un bref instant, tu ne souhaites rien d'autre que de t'envelopper dans l'oubli confortable que promet le bain à venir, avant que la réalité de la couronne ne vienne de nouveau frapper à la porte de ta conscience.

Tandis que tu t'éloignes, l'image de la princesse effleure ton esprit, sa présence à tes côtés tout au long de la cérémonie n'ayant été qu'une exigence de plus dans la longue série des protocoles. Tu imagines qu'elle est tout aussi assoiffée de solitude que toi, désireuse de retrouver son frère loin des fastes et des contraintes de l'étiquette.
En laissant derrière toi le théâtre des cérémonies officielles, tu t'éloignes sans chercher à croiser son regard une fois de plus. Inutile de la chercher pour le moment, tu préfères de loin la laisse elle aussi vaquer à tout ce qui saurait l’éloigner de toi le plus longtemps possible…



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Yeux sombres, cœur cruelAn unwavering beacon bound by a crown of thorns, his heart a silenced tempest in a cage of duty.
KoalaVolant
Faith Chakraborty
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Faith Chakraborty


Faites vos jeux, rien ne va plus



@"Valérius II"


Tout le monde a tant de choses à préparer aujourd’hui, mais Faith ne devait se soucier que de paraître parfaite. Elle devait montrer à tout le monde que tout allait bien, et ce même si elle se sentait étouffer dans cet immense palais aux côtés de ce roi implacable. Même si la perte de son bien-aimé était encore si récente et douloureuse. Tout n’était qu’apparence et préjugés depuis qu'elle était ici et les simples bavardages entre amies autour d’un thé lui manquaient. Le dernier thé auquel elle fut invitée lui laissait ce désagréable souvenir amer. Peut-être qu’elle pourrait convaincre son père de la laisser revenir chez eux et trouver une échappatoire, mais uniquement si cette rencontre se passait dans les meilleures circonstances possibles.  

Elle n’avait même pas pu choisir le moindre ornement de sa tenue. Simple actrice de cette pièce de théâtre grandeur nature, elle devait simplement tenir son rôle. Elle n’avait aucun choix ni aucun impact, et elle avait l’impression que son monde s’effondrerait à la moindre erreur. Chaque rencontre, chaque événement était-il toujours aussi anxiogène ? Comment faisaient les autres dames pour ne pas imploser sous tant de pression ? Mais Faith connaissait la réponse à cette question. Elles n’avaient pas le choix, leur vie en dépendait.

De qui dépendait sa vie à elle ? De Valérius ? De son père ? Peut-être que cette question aurait sa réponse aujourd’hui et, avec un peu de chance, elle pourrait l’influencer. Elle se mit en tête que son retour à Jadamur dépendait de cette journée et de son comportement lors de celle-ci. Si elle se montrait responsable et raisonnable, on l'écouterait sûrement. Sa famille l’aime et ne la laisserait pas souffrir seule à des milliers de miles des gens qu’elle aime et de leur soutien.

La voilà fin prête sans avoir eu d’autre effort à faire que de rester debout pendant de longues minutes qui semblaient durer des heures, retenant sa respiration en se tenant la plus droite et immobile possible. Elle se dirige vers l’entrée du palais, sa cour se déplaçant telles des ombres gracieuses derrière elle. Chaque pas est précautionneux. Sa toilette est d’une grande élégance, sobre mais d’une richesse incontestable. Ses cheveux sont tellement plaqués et tirés que cela lui donne mal au crâne, et au moindre mouvement disgracieux, sa coiffe échouerait sur le sol.

Sa cour rejoint finalement celle du roi, et Faith se tient à quelques pas derrière Valérius. Leurs tenues sont parfaitement assorties. Elle constate à nouveau que vraiment rien n’a été laissé au hasard, dans les moindres détails. Le roi ne lui accorde pas un seul regard en la saluant, mais elle ne peut tout de même pas déroger aux règles de la bienséance. Elle effectue sa meilleure révérence avec toute la grâce possible. Des pétales de fleurs dansent légèrement autour d’elle dans une brise à peine perceptible qui s’évanouit aussi vite qu’elle est apparue, laissant retomber les pétales à ses pieds.

"Je vous remercie, votre Majesté. Même la lumière du soleil ne saurait égaler la grandeur de votre personne."

Si elle n’était pas à l’aise, elle le cachait au mieux. Faith était tendue de se retrouver en présence du roi, que ce soit lors de leur entrevue ou par leurs lettres, il n’avait jamais montré une once de sympathie envers elle, et chacun de leurs échanges était une nouvelle humiliation. Elle n'entreprendrait rien aujourd’hui, rien d’autre que de se cantonner au rôle qu’on lui avait assigné, être belle et sourire. Elle s’était promis ce matin que les insultes du roi glisseraient sur sa peau comme du satin. Il ne pourrait la perturber ni lui faire perdre son sourire.

Plus une parole ne fut échangée, et l’attente lui parut interminable jusqu’à ce que les trompettes retentissent. Le cœur de l’elfe fit un bond, et l’impatience la gagna. Si le nom de son père était absent de la liste des invités, cette déception fut de courte durée lorsque celui de son grand frère, Gotama, retentit. Il avait toujours pris à cœur le bonheur de sa famille, et tous deux étaient particulièrement proches. Sans aucun doute, il ne laisserait pas sa sœur dépérir dans un pays qui n’est pas le sien.

Le temps semblait s'étendre en paroles interminables, mais qu’il vente ou qu’il pleuve, Faith ne laissait rien atteindre sa détermination. Sa posture, sa grâce et son air solennel ne faillirent à aucun moment alors qu’elle tentait d’étouffer le feu de l’impatience qui la consumait. Fort heureusement, le discours de son frère, bien qu’élogieux, se fit plus avare en mots. Puis la musique vint détendre l’atmosphère sous les pas rythmés des danseurs. Les dernières politesses furent échangées, et le roi semblait se retirer. Elle avait l'impression de n’être qu’un faire-valoir dans cette scène, cependant cela lui permit de s'éclipser à son tour en toute discrétion. Elle n’avait qu’une hâte : retrouver son frère pour lui partager sa joie de le retrouver et sa volonté de rentrer chez eux.

En prenant le temps de saluer quelques invités, Faith s’éloigna à son tour en se dirigeant vers les appartements des invités. Elle congédia une partie de sa cour, mais Elizabeth et quelques autres dames restèrent à ses côtés. Sa gouvernante lui indiqua où se rendre, envoya quelqu’un annoncer son arrivée et s’assura que l’on aille préparer du thé et des pâtisseries à leur servir.

Le moment des retrouvailles fut d’abord gêné. Bien qu’ils fussent proches, leur statut était devenu différent et, cumulé au temps passé sans se voir, laissait à ce moment une étrange saveur. Seule Elizabeth l’avait suivie dans la pièce et, après des salutations cordiales et un petit rire complice avec son frère, Faith finit par l’étreindre chaleureusement. Qu’il était bon pour elle de voir un visage familier et de partager un peu de chaleur dans cet environnement étranger et hostile. Elle mit fin à l’étreinte avant que celle-ci ne devienne inappropriée à la situation et prit place sur l’un des fauteuils du salon. Gotama s’assit en face d’elle et les serviteurs s’insinuèrent discrètement pour disposer thé et pâtisseries sur la petite table qui les séparait.

Pendant un moment, ils parlèrent de leur famille, de leurs amis, de la vie à Jadamur, et à quel point tout cela lui manquait. Elle aimait entendre les anecdotes qu’il lui racontait sur tel ou tel aristocrate, savourant son thé comme elle ne l’avait plus fait depuis longtemps. La douceur des gâteaux atténuait ses ressentiments jusqu’à ce que son frère la questionne sur sa vie au palais. D’émue et joviale, elle semblait maintenant hésitante, tandis que son sourire s’estompait. Faisant tourner la tasse entre ses mains, elle se décida à répondre :

“C’est plus compliqué que ce que j’imaginais. J’ai des difficultés à trouver ma place et à comprendre ce que l’on attend de moi. Jadamur me manque. Je me sens seule, et la nourriture est fade.”

L’émotion se lisait dans ses yeux, bien qu’elle tentât de la contrôler du mieux qu’elle le pouvait. En le remarquant, Elizabeth fit sortir les serviteurs de la pièce. Son sourire était désormais triste, et son regard plongé dans le liquide brun. Elle en but quelques gorgées pour se calmer, mais lorsqu’elle releva les yeux vers son frère, il ne semblait pas aussi compatissant qu’elle l’espérait. Elle ne pouvait pas deviner que leur père l’avait prévenu de cette éventualité et à quel point il avait mis la pression sur les épaules de Gotama pour que celui-ci reste hermétique à la détresse de sa sœur. La froideur dans le regard de son frère la raidit, mais elle ne pouvait pas abandonner. Il n’avait peut-être pas compris, elle devait le dire :

“Amène-moi à Jadamur avec toi, je t’en prie Gotama...”

Sa demande, semblable à une supplique, ne sembla même pas émousser son frère. S’il était partagé entre ses obligations, son amour pour sa sœur et son devoir, elle ne perçut que son rejet. La mâchoire serrée, il semblait essayer de garder son calme alors que Faith avait de plus en plus de mal à cacher sa détresse et son incompréhension face à cette réaction. Il se leva, et Faith en fit de même. Lorsqu’il s’approcha d’elle, elle tenta une dernière fois :

“Tu ne comprends pas…
- C’est toi qui ne comprends pas. Tu as ta place ici, tu es bien plus utile qu’à Jadamur. Comment peux-tu te sentir seule entourée de tant de gens et de richesses ? Tu ne te rends pas compte de tout ce que père a sacrifié pour t’offrir ça.”

Son cœur sembla se briser, et la peine se transforma en révolte. Quelques larmes de détresse et d'indignation roulèrent sur ses joues alors qu’elle soutenait le regard de celui qu’elle pensait être son allié. Son frère lui prit la main comme un geste de réconfort, en opposition à sa stature et son expression froide.

“C’est moi qui suis sacrifiée maintenant, et mon sacrifice vous rapporte à tous.”

Son ton était glacial, et elle retira rapidement sa main de celle de son frère en sentant son étreinte écraser de plus en plus ses doigts. Gotama semblait presque sur le point de s’excuser, mais Faith avait repris contenance en essuyant ses larmes. La tête haute, elle salua son frère avant de prendre congé :

“Je vous remercie pour cet entretien, Lord Chakraborty. J’espère que vous apprécierez votre temps passé au palais.”

Elle sortit de la pièce pour se rendre à ses appartements. À peine avait-elle passé les portes que sa cour se remit à la suivre, ce qui eut le don de l’agacer. Elle avait besoin de souffler, de s’énerver et de pleurer à l'abri de tous les regards, mais ne pouvait se permettre de presser le pas. Tout lui semblait tellement frustrant depuis qu’elle était ici. Pourquoi le thé avait-il encore un goût si amer ?


(c) 0tsana


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Valerius II
Danse des Illusions
"En toute chose, sois comme le caméléon : adapte la couleur de ton discours à l'auditoire qui te fait face, car l'ami d'aujourd'hui sera peut être l'ennemi de demain..”
Affaissé dans la splendeur cuivrée de ta baignoire, tu t'abandonnes aux caresses bienveillantes de l'eau, dont la chaleur s'approche de la brûlure. La vapeur s'élève, telle une ouate impalpable, enveloppant la pièce d'un halo presque onirique, tandis que tu tentes, autant que le permet ton esprit incessamment sollicité, de te délasser, alors que l'humidité importune qui s'était accrochée à toi tel un linceul durant la matinée s'évapore enfin. La fraîcheur indélicate qui s'était insinuée entre les fibres de ton habit se dissout lentement, chassée par l'étreinte liquide et réconfortante.
L'autocritique te mord l'esprit : n'es-tu pas l'artisan de ton propre malaise? Ta vigilance exacerbée, cette obsession presque maladive pour contrer le venin de la trahison qui pourrait se glisser dans ta coupe dorée est finalement devenu ton propre poison. Littéralement.

Tu as, avec une résolution implacable, intimé à Thomas d'intensifier les dosages de poisons que tu avales chaque jour pour créer une accoutumance suffisante. C'est là une mesure extrême, certes, mais dictée par le fantôme de la paranoïa qui semble danser dans les recoins les plus obscurs de ton esprit. Tu refuses de partager comme trait commun avec ton défunt frère la sottise… Pourtant, les frissons qui te parcourent, ces accès de fièvre qui t'asservissent sporadiquement, ne sont-ils pas les témoins muets de ton organisme se débattant contre les assauts de ton propre excès de prudence? Et qu’est-ce que l'entêtement, sinon de la sottise qui refuse d’en porter le nom?

Quelle ironie pour toi, le si 'grand' Valerius, de te trouver ainsi à jongler avec l'équilibre précaire de ton bien-être physique ou mental. L'image est là, grotesque et pourtant envisageable, si tu t’entêtes dans tes bêtises : toi, le soleil d’Albion, réduit à l'état de mortel tristement vulnérable, vomissant sang et bile devant une cour d'aristocrates médusés. Ah, quel tableau cela serait! A les voir courir partout, criant à l’assassin, alors que tu serais ici le seul à blâmer, n’est-ce pas à mourir de rire? Certes, ce serait, à n’en point douter, une souillure sur le tableau impeccable de ta souveraineté, mais une souillure qui ne manquerait pas de panache, il faut l’avouer.
La légèreté apparente avec laquelle tu envisages cette scène macabre, où l'horreur se mêle à la farce, a quelque chose de profondément cynique, un cynisme qui sert de masque à une tragédie potentielle et bien trop palpable. Dans cette danse morbide avec le destin, chaque frémissement de ton corps est un rappel que même la plus haute tour de l'échiquier n'est pas à l'abri d'un basculement soudain, et que le Noble Jeu n'épargnera pas son roi.

Heureusement, la couronne a fini par s'harmoniser avec tes exigences. Ce qui était initialement considéré comme des excentricités d'un esprit peut-être trop maniaque est devenu la norme. Les serviteurs, ces ombres fidèles et discrètes, ont appris à devancer tes besoins, à faire frémir l'eau dans les grandes chaudières pour qu'à la moindre offense, réelle ou perçue, tu puisses te plonger dans le temple de la propreté qu’est ta salle de bains. S’il faut retirer un avantage à toute cette histoire de succession, prenons celui-là.

« Thomas, veuillez cesser de me lancer ces regards si lourds de sens et déclarez-vous sans plus tarder. Votre mutisme perturbe la quiétude de mon bain à chaque seconde qui passe », articules-tu avec une irritation non dissimulée, tandis qu’un autre serviteur s’esquive discrètement après avoir chuchoté quelques mots à ton valet. Tu émerges de l'eau parfumée, conscient que le loisir n'a que peu de place lorsque l'on est lié par le devoir de la couronne.

« Mes plus humbles excuses, Votre Majesté, je n'avais nul dessein de vous importuner; mais, vous aviez expressément requis d'être tenu au courant des allées et venues de la princesse Faith. »

« Qu'en est-il donc ? » demandes-tu avec une fermeté mesurée.

« Elle a agi tout à fait conformément à vos prévisions, Sire. Elle a cherché la compagnie de son frère », répond-il avec déférence. Tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un murmure de contentement, bien que tu choisisses de ne pas t'étendre sur le sujet. La nouvelle n'a rien d'étonnant ; il était aisé de conjecturer qu'en pareilles circonstances, elle aspirerait à une présence familière, un réconfort. La princesse Faith se trouvait à des lieues de son pays, et l'hospitalité d'Albion pouvait lui sembler aussi froide que la pierre du palais, plus encore maintenant que l’homme qu’elle avait espéré retrouver était mort. À l'exception de ses dames de compagnie, qui pouvaient lui apporter quelques maigres consolations, elle se trouvait dans un nid de serpents où peu se souciaient de son bien-être. Il n'y avait donc rien d'invraisemblable à ce que, submergée par la nostalgie ou le désir d'échappatoire, elle ait pu confier à son frère le désir ardent d'une retraite loin d'Albion…

Tes paupières se plissent légèrement alors que tu pivotes vers ton fidèle valet qui s’affaire à te sécher avec une serviette d'une douceur incomparable. « J'imagine que votre regard insistant ne vise pas à louer ma perspicacité », déclares-tu avec une once de malice dans la voix, attendant la suite des informations, que tu devines peu agréable. « En vérité, sire, commence-t-il, une lueur d'appréhension dans le regard, il nous est rapporté que la princesse est apparue fort chamboulée à l'issue de son entrevue. Elle a, depuis lors, cherché refuge dans ses appartements, puis ses jardins, écartant sa cour et souhaitant demeurer à l'écart de tout importun. »

Un soupir s'échappe de tes lèvres, non pas de surprise mais de l'anticipation d'un nouveau tourment, alors que tu sens poindre une douleur familière sur tes tempes. Ces nouvelles ne sont guère anodines. En d'autres circonstances, elles auraient pu être reléguées aux ombres de ton esprit si la journée avait touché à sa fin. Cependant, le banquet avec la délégation qui se profile dans quelques heures ne t'accorde pas cette indulgence. Il t'est impossible de laisser la princesse à ses propres tourments sans y porter attention. Sa présence n'est pas seulement souhaitée, mais essentielle, une pièce maîtresse que tu dois exhiber durant toute la semaine des festivités, jusqu'au départ de la délégation. Elle autant que toi devez maintenir l'illusion d'une harmonie souveraine, un masque de convenance à présenter au monde extérieur.

Ton esprit acéré te murmure que la détresse de la princesse Faith doit découler d'une requête repoussée – ses espoirs, une fois de plus, mis en pièces par des ambitions politiques indifférentes aux cris du cœur. Tu ne t'en émouvais guère. L'échange entre son père et toi avait été sans équivoque, lors de la cérémonie où tu étais venue la chercher au nom de ton frère, scellant enfin l'accord que les deux parties avaient tissé des mois auparavant : une union stratégique. Alexander désirait une reine d'origine elfique pour renforcer ses liens de sang, ainsi que le soutien politique de sa famille d'elfe respectés, tandis que le père de Faith convoitait les arômes du pouvoir offerts par la gouvernance de la lointaine colonie de Jadamur. La jeune femme, éperdue d'amour, était devenue malgré elle la clef de voûte d'une alliance destinée à asseoir le règne de l'empire le plus puissant de Terra sur sa population elfique. Et elle, naïve petite chose, ne percevait même pas qu'on ne lui avait concédé qu'une illusion de choix. Nulle échappatoire ne lui était accordée, nulle brèche où glisser ses désirs d'indépendance. Elle était désormais enchâssée dans la couronne impériale d'Albion, parée d'une chaîne dorée qui, bien que luisante sous les chandeliers de la cour, n'en demeurait pas moins une entrave.
Voilà qui vous faisait encore un point commun…

Dans l'intimité de ton esprit, une guerre silencieuse fait rage, un conflit entre l'impératif de la couronne et l'indifférence que tu nourris envers les caprices de la princesse. La scène qui se tisse sous tes yeux est celle d'un roi se voyant contraint d'intervenir dans les affaires d'une âme en tourment, alors que les heures commencent à vous manquer. Car le temps, tel un complice fidèle à tes pensées les plus sombres, semble s'accorder avec la mélancolie de la princesse Faith. En effet, alors que les heures défilent avec l'insolence des ombres allongées par le soleil déclinant, aucune amélioration n'est venue apaiser les murmures de désarroi s'échappant des jardins de la princesse. Les messagers viennent et repartent, apportant des nouvelles aussi immuables que le marbre. Tu aurais souhaité, oh combien souhaité, que la princesse apprenne de son obstination, qu'elle saisisse dans le froid qui s'insinue, une leçon pour ses velléités rebelles. Mais ce soir, la mascarade doit continuer, les apparences doivent être préservées. La délégation de Jadamur, avec ses yeux scrutateurs et ses esprits calculateurs, ne tolérerait pas une absence aussi criante que celle de la future reine. Aussi malheureuse soit-elle.

Le reflet de ta détermination brille dans le miroir alors que tu te laisses habiller pour l'occasion. Les tissus somptueux glissent sur ta peau, t'encadrant de l'autorité nécessaire pour affronter la soirée qui s'annonce. Tu es prêt.
Le crépuscule t'entoure, adoucissant les contours du jardin où la princesse s'est égarée dans sa contemplation ou son chagrin. À peine l'heure a-t-elle entamé sa descente vers le voile de la soirée, que tu franchis les limites de ce sanctuaire d'intimité avec ton valet qui semble porter en lui le poids de toutes les inquiétudes de la cour. Son anxiété palpable ne fait que renforcer ta détermination. D’un geste impérieux, tu éloignes Thomas, lui intimant de rejoindre la suite de la reine qui semble toute aussi nerveuse que lui. Seul alors, tu t'avances avec la grâce d'un prédateur dissimulé sous les atours d'un diplomate.

« Avez-vous l'intention de rester ici toute la nuit, Madame? » Tu l'interpelles, ta voix faisant frissonner l’air, pas tout à fait un reproche, pas tout à fait une plaisanterie. « Loin de moi l'idée de vous hâter au-delà de votre volonté, qui semble tout à fait sensée, mais il me semble que le banquet ne saurait différer son avancée en attendant que vous réussissiez à souffrir d’un quelconque refroidissement. » Tes mots s'égrènent avec la légèreté d'un tissu de soie glissant sur le marbre. Plus léger, peut-être, face à l’absence de spectateurs.
Une distance mesurée te sépare d’elle, suffisante pour respecter les convenances, mais assez proche pour que ta présence s'impose, rompant sa solitude malgré elle. « Alors, permettez-moi de deviner, » ta voix danse sur les derniers rayons du jour, dardant une ironie subtile sans jamais transgresser les limites du bon goût, « les tractations avec votre frère ne se sont pas déroulées selon vos aspirations, n'est-ce pas? » Pourquoi feindre l’ignorance? Autant l’apaiser du poids d’avoir à le cacher devant toi, que ce soit un soulagement ou non pour elle d’ailleurs, si cela lui permet de laisser échapper ce qui la retient ici, dans ce jardin. S’il faut que vous en parliez avant de retourner jouer vos rôles respectifs, alors soit. D’ailleurs, si ton ton reste malicieux, comme à son habitude, il n’est se moque pas tout à fait, gardant son venin en bouteille. Oui, tu choisis tes mots avec une précision quasi chirurgicale, les détachant avec soin pour qu'ils soient entendus non pas comme des lames, mais plutôt comme des aiguilles venant piquer juste ce qu'il faut pour stimuler sans déchirer. Que se cache-t-il derrière cet isolement, Madame?


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@"Valérius II"


Après cette rencontre aussi houleuse que décevante, Faith se retira dans ses appartements. Elle ressentait le besoin impérieux de s’éloigner de tout, de retrouver sa solitude, de pouvoir exprimer sa peine. La blessure infligée était en tout point différente de celle de son entretien avec le roi; les sentiments de trahison et d’abandon enchevêtraient son cœur. Même dans sa chambre immense, elle n’arrivait pas à se calmer. La pièce, vaste, la faisait se sentir étouffée, prisonnière. Ses pensées tournaient en rond entre ces murs, retenues par le plafond. Elle avait besoin d’air, et la fraîcheur de cette nuit d’automne apaisera certainement ses tourments.

Alors la voilà, assise sur un banc de pierre dans les jardins de la reine, seule. Sa cour s’agitait non loin, mais les clapotis de l’eau de la fontaine à proximité couvraient leurs inquiétudes, permettant à Faith de profiter enfin d’un rare moment en tête-à-tête avec elle-même. La lueur orangée du soleil couchant teintait le ciel de nostalgie, mais il s’assombrit bien trop vite pour qu’elle se perde davantage dans ces sentiments. Un festin était prévu pour ce soir, elle ne devrait pas être ici; elle devrait être en train de se préparer. Seulement, elle semblait collée à ce banc, comme si un poids trop lourd écrasait ses épaules, l’empêchant de se lever. Son avenir lui semblait incertain, triste, et seul. À quoi rimait toute cette comédie ? Pourquoi étaient-ils tous prêts à ignorer son malheur pour leurs propres intérêts ?

Le visage dans ses mains, la future reine lâcha un long soupir de désespoir. C’est à ce moment que la voix de Valérius la fit légèrement sursauter, et elle releva son visage vers lui. Fallait-il vraiment qu'il vienne gâcher ce moment ? Il allait appuyer là où ça fait mal, il n'était certainement pas venu la chercher par inquiétude ou pour la soutenir. Elle n'avait même pas eu le temps de se préparer mentalement et de reprendre ses esprits, il avait surgi comme un démon venu la tourmenter. Elle devait avoir piètre allure, et il la trouvait sûrement pathétique. Cependant, les mots du roi semblaient bien moins aiguisés qu’à leur précédente rencontre. Faith se leva pour lui faire face avant de lui répondre en s'inclinant :

“Bonsoir, Votre Majesté. Je ne souhaite en aucun cas marquer cette délicieuse soirée de mon absence, mais l’air nocturne m’est fort agréable.”

Évidemment, il ne fallut que quelques minutes avant qu'il ne la confronte à ce qui s'était passé un peu plus tôt. Faith fut d'abord surprise qu'il soit au courant, du moins aussi rapidement. Ne pourrait-elle jamais avoir de vie privée ? Après la surprise, son visage se referma alors qu’elle se mit sur la défensive. Elle soutenait le regard de Valérius. S'il le savait, pourquoi lui posait-il la question ? Lui donnait-il une chance de réfuter ses accusations ? Non, son ton n'était pas accusateur, mais elle ne parvenait pas à comprendre où il voulait en venir. Les lèvres pincées, elle ne parvient pas à retenir ses paroles froides.

“Êtes-vous venu rire de moi ? Pourquoi devez-vous être toujours si sournois ? Si ma présence vous inconforte au point que vous me haïssiez, ne devriez-vous pas vous réjouir que je retourne à Jadamur auprès des miens ?”

Beaucoup de questions, tellement plus encore qui lui brûlent les lèvres. Elle est totalement perdue et seule dans ce pays inconnu, et son seul repère est cet homme froid et vicieux qu’elle commence à craindre autant qu’à détester. Tout semble être un jeu pour lui, un jeu où rien d’autre que la victoire ne compte. Peu importe les émotions, les aspirations et les compromis, tout semble mis en œuvre pour écraser aussi bien ses ennemis que ses alliés. Et Faith déteste ça en plus de ne pas comprendre toutes les subtilités dont se compose ce jeu. Si tout est sacrifiable, même sa propre famille, alors à qui se fier à présent ? Ses épaules s’abaissent légèrement alors qu’elle reprend d’un ton plus fatigué.

“ Je suis lasse de ces enfantillages. “


(c) 0tsana


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Valerius II
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"En toute chose, sois comme le caméléon : adapte la couleur de ton discours à l'auditoire qui te fait face, car l'ami d'aujourd'hui sera peut être l'ennemi de demain..”
Dans les tréfonds de son être, une antipathie viscérale s'éveillait à la vue de cette femme. Telle une ombre maléfique, elle attisait en toi les instincts les plus bas, une aversion si forte qu’elle engendrait non seulement de la haine, mais une mépris encore plus venimeux. Chaque parcelle de son essence te répugnait, de sa naïveté édulcorée, incongrue chez celle destinée à devenir reine, à son insouciance égocentrique, l'incitant à envisager son séjour en Albion avec une légèreté coupable, une simple erreur de jeunesse à oublier dès que le pardon paternel lui serait accordé. Oui, c'était cela que tu abhorrais en elle, cette ignorance des conséquences de ses actes. La cruauté de l'innocence. Comme ton défunt frère, elle appartenait à ceux qui se contentaient de rêver, fermant les yeux devant la réalité quand celle ci risquait de briser leur monde idéal. Tu méprisais de tout ton être cette insupportable privilège de l'ignorance, qui leur permettait de demeurer dans une douce illusion, loin des vérités crues et de l'horreur du monde. Non, tu ne le tolérerais pas.

Peut-être qu'une entente entre vous était vouée à l'échec depuis toujours. Vos natures, aussi opposées que le feu et l'eau, ne pouvaient coexister. La naïveté et l'impulsivité de la princesse tranchaient trop nettement avec ton réalisme et ton cynisme. Alors que tu avais toujours eu une conscience aiguë des réalités de ce monde, son esprit semblait n'être construit que d'illusions. Elle manquait de toutes les qualités essentielles, attendues chez une reine, et cette prise de conscience t'exaspérait, car il était périlleux dans le Noble Jeu d'afficher de telles faiblesses. Regarde-la ! Impulsive, irresponsable, contrastant avec ta nature, toi qui médite profondément sur chaque acte et ses répercussions. Elle danse sur une fine couche de glace, ignorant les abîmes qui la guettent, risquant vos deux vies, tandis que tu avances prudemment sur ce même lac gelé. Oui, elle était tout ce que tu ne voudras jamais être, alors que l'ombre sinistre de la corde pend toujours au-dessus de vous, en menace silencieuse, mais omniprésente, tandis que vous dansez sous le regard scrutateur du monde.
D'une manière ou d'une autre, vous êtes destinés à devenir un exemple pour les siècles futurs…

Dans un silence délibéré, ponctué seulement par ton regard insondable qui la fixait sans vaciller, tu permets finalement à un fin rictus de se dessiner sur tes lèvres à ses dernières paroles, tandis que ta tête s'incline doucement. Elle refuse de jouer ? Très bien. Le jeu est terminé. « Permettez-moi, Madame, d'exprimer mes pensées avec une clarté qui sied à notre conversation. Il me paraît impérieux de remettre certaines choses à leur juste place.  »Ta voix reste basse, mesurée, alors que tu t'avances de trois pas précis, pas un de plus, juste assez pour qu'elle t’entende distinctement, malgré le murmure de la fontaine derrière vous, cachant vos échanges au monde extérieur. Une douceur feinte imprègne tes mots, désormais empreints d'une froideur glaçante, tandis que tes yeux ne dissimulent plus le mépris ardent qui les consume. «Quelle est donc la véritable enfant ici, si ce n'est celle qui risque le destin d'une grande nation pour des affections éphémères, s'imaginant reine par amour, puis désirant faire volte-face devant la réalité discordante de ses illusions? »Tu articules chaque mot avec une conscience aiguë de leur portée destructrice, choisissant tes paroles avec une précision chirurgicale. Toujours immobile, telle une statue dont le sourire ne faiblit pas, tu conserves cette distance calculée. « Qui, je vous le demande, méprise avec tant d'insouciance les rêves et les aspirations d'un peuple, son propre peuple, prêt à être sacrifié sur l'autel de ses caprices? Vous vous échappez, telle une enfant effrayée cherchant refuge dans les jupes de sa mère, une attitude qui aurait pu prêter à sourire si elle n'avait pas mis en jeu le destin de tant d'âmes. Si vous vous cachez derrière l'ombre protectrice de vos parents, vers quelle protection se tourneront les elfes d'Albion, quand ils se verront dépossédés de leurs récentes avancées par les choix égoïstes d'une princesse inconsciente ? Lorsque cette vaste expérience déjà menacée, menée avec tant d'espoirs, s'achèvera dans le néant, et qu'ils se réveilleront dans un cauchemar dont ils ne peuvent s'échapper, qui donc leur promettra un avenir meilleur ? ». Personne, assurément. À l’instant où la princesse Faith renoncerait à son rôle dans cette alliance, une tempête politique s'abattrait sur toi. Le Parlement et le Ministère exerceraient une pression insupportable, te forçant à choisir l'épouse la plus convenable et humaine possible pour apaiser leur hostilité. Pendant ce temps, enfermé dans un mariage non désiré, tu assisterais impuissant à la destruction méthodique des acquis sociaux que Alexander avait octroyés aux elfes, payant de sa vie cette audace. Est-ce là le tribut de respect qu’elle rend au noble sacrifice de l’homme qu’elle prétendait aimer ? Est-elle vraiment prête à trahir tout ce en quoi il croyait, simplement parce qu'il n'est plus ? Dans chaque aspect, elle te déçoit profondément.

«  Votre conduite, Madame, est empreinte d'une hâte irréfléchie et d'une déraison inconsidérée, guidée par le fantôme d'une passion évanouie. Et vous osez exprimer des doléances lorsque l'on vous en fait le reproche ? Cela ne saurait être, c’est bien trop commode. Vous avez œuvré avec ardeur pour obtenir cette couronne, et soyez certaine que vous la porterez, je vous l'assure. Les illusions de l'innocence sont révolues. Vous êtes, tout comme moi, irrévocablement liée à ce destin. Je ne tolérerai pas un instant d'oubli de votre part, car s'il vous prenait l'envie de quitter ce rôle, cela ne pourrait se faire que dans la mort, soyez en assurée.» Ils ne laisseraient jamais la princesse quitter Albion vivante. Les complots, tissés dans les ténèbres, se multiplieront, mettant en péril la sécurité de la princesse, plus incertaine que jamais sans la protection de la couronne. Leur désir de la voir morte surpasse à n’en point douter leur haine envers Alexander, et la seule raison qui expliquait son salut temporaire était son absence d'Albion jusqu'alors. Désormais, le seul rempart contre son trépas, un empoisonnement lent et torturant, c’était toi. Toi et ta vigilance inlassable, tes efforts quotidiens pour purger et réformer le personnel du palais, veillant à sa protection. Et pourtant, elle méprise cela, par ses choix imprudents et inconsidérés.

Ton rictus se durcit, prenant une tournure plus acérée, alors que ta main se lève dans un geste autorisant son départ. Si la décision ne tenait qu'à toi, tu la conduirais toi-même jusqu'au navire en partance pour Jadamur. Mais la situation est bien plus complexe, bien au-delà de ta seule volonté. Et tu en as bien trop conscience, à sa différence. « Faites donc, fuyez ne vous privez pas de cet élan romanesque. Escaladez les murs des jardins si le goût du drame vous est si cher. Après tout, si l'existence même vous est devenue si insupportable, qui suis-je pour vous retenir ? Toutefois, je nourris de sérieux doutes quant à votre retour en Jadamur. J'imagine qu'ils attendront patiemment votre embarquement avant de frapper, assurant ainsi que nul ne pourra voler à votre secours. Cela serait, en toute franchise, ma propre stratégie si les rôles étaient inversés. » Le ton que tu emploies, raffiné et détaché, forme un contraste saisissant avec la noirceur des mots que tu prononces. Tu lui affirmes, sans la moindre hésitation, que hors des murs de ce palais, rien ne l'attend si ce n'est une mort certaine. Ton désir est qu'elle en prenne pleinement conscience. Tu souhaites ébranler ses rêves, briser ses espoirs, anéantir toute velléité d'évasion, afin qu'elle mesure pleinement l'effroi de sa condition. Si cela doit éroder un peu de sa naïveté et de sa candeur, alors cela ne sera pas en vain. Elle devrait même te remercier pour cette cruelle révélation.

Tu laisses les secondes s'écouler lentement, le temps que l'impact de tes mots soit absorbé par le murmure de l'eau s'échappant de la fontaine. Ton rictus s'efface, laissant place à une expression d'une gravité inédite, révélant un fragment de l'être que tu es et qui se cache derrière le masque de l'homme que tu parais être.  «  Abstenez-vous de toute réponse, je vous en conjure. Les enfantillages dont vous faites preuve ne font qu'intensifier le mépris profond que j'éprouve face à votre flagrant manque de considération pour votre peuple et pour les responsabilités qui incombent à votre rang. Accordez-vous cette soirée pour méditer sur vos actes, si tel est votre désir. Jouez à l'enfant gâtée, si cela vous apaise. Quant à moi, j'informerai notre estimée délégation que leur princesse est indisposée et qu'elle nous rejoindra plus tard dans la soirée. Je vous octroie ce sursis, si c'est cela que vous souhaitez. Mais sachez, Madame, qu'il s'agira là de votre dernier répit. » Ce que tu énonces n'est pas une menace, mais une vérité indéniable, une réalité sombre et inévitable. Il n'existe plus aucun refuge, ni dans ce jardin, ni dans ces appartements, ni en aucun lieu de ce palais. Des dizaines de regards scrutateurs l'observent sans cesse, tout comme ils t'observent toi. Il est essentiel qu'elle le réalise. Dès l'instant où elle a été désignée future reine de ce royaume, il n'est resté aucun endroit sous le ciel où elle pourrait se dissimuler. « Assumez donc les conséquences de vos actes. Il est désormais trop tard pour rebrousser chemin. Faites preuve, au moins, d'un semblant de dignité, sinon pour vous, faites le pour votre peuple. »

Puis, dans la seconde qui suit, avec l'aisance d'un comédien chevronné, ton visage et ton allure se métamorphosent subtilement, adoptant la nonchalance et la vanité qui te caractérisent habituellement. Tu lui tends ton bras, incarnant le parfait gentleman, courtois et préoccupé par le bien-être de sa fiancée. La représentation doit se poursuivre. Il n'y a aucun moyen de l'interrompre. « Maintenant, à moins que vous ne désiriez réellement rencontrer votre fin sur le chemin de Jadamur, prenez mon bras, et retournons à l'intérieur en bons amis. Il ne faudrait pas que vous attrapiez froid, ma chère. » Conclus-tu, avec une amabilité retrouvée. Bien que ton regard se pare d'un sourire, il conserve une lueur menaçante.

Ce n'est pas une proposition, princesse Faith, c'est un ordre de votre roi.

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@"Valérius II"



Une vague d'un froid glacial fige Faith sur place, alors que les paroles de Valérius se déversent en elle comme un raz de marée, détruisant tout sur son passage. Elles sonnent juste et injuste à la fois, laissant la jeune femme dans le mutisme, incapable de trouver les mots pour riposter et se défendre. Le roi ne lui en laisse pas l'occasion, l'accablant de la réalité à laquelle elle n'avait pas conscience jusqu'à présent. Sans un instant de répit, sans même la laisser reprendre son souffle entre deux attaques, il semble la haïr et la mépriser à un point qu’elle ne réalisait pas. Elle, qui ne voulait que naïvement le bonheur de tous, qui essayait simplement de se dépatouiller et de trouver un allié dans cette situation difficile. Mais il n'y a plus de doute, Valérius n'est pas son allié, il ne le sera jamais et leurs vies sont maintenant liées jusque dans la mort. Une perspective effrayante.

Comme un serpent perfide, Valérius glisse de nouvelles peurs à l'oreille de l'elfe, des peurs dont elle n'avait pas encore conscience. Pourquoi voudrait-on sa mort ? Elle n'avait rien fait d'autre que de tomber amoureuse, elle a définitivement perdu cet amour et ne souhaite rien de plus qu'un temps de repos avant que tout ne rentre dans l'ordre. Elle n'est l'ennemie de personne et ne veut de mal à personne, alors pourquoi tous semblent-ils la détester au point même de vouloir la tuer ? Elle en tremble, ou alors est-ce le froid de la nuit qui s'abat sur eux ? Aucun échappatoire ne semble s'ouvrir à elle, elle se sent totalement piégée dans cette discussion autant que dans le rôle qui lui incombe maintenant. Comment aurait-elle pu se douter que ses choix auraient des retombées aussi néfastes ?

Le roi lui a même retiré son droit de réponse, mais qu'aurait-elle pu dire après tout ? Il avait totalement piétiné le peu d'espoir qui lui restait et avait épuisé ses dernières forces pour aujourd'hui. Cette journée était encore plus éreintante et décevante que toutes les autres. Si c'était du soutien dont elle avait besoin, c'était la solitude qui lui tendait les bras. Elle n'avait qu'une envie, que cette douloureuse journée cesse enfin. Semblant plus à un pantin qu'à une âme encore vivante, Faith glisse son bras dans celui de Valérius :

"Raccompagnez-moi à mes appartements, je vous prie."

Peu importe si Valérius était satisfait ou non de son effet, rien d'autre ne pourrait plus l'atteindre pour aujourd'hui. Elle était convaincue de ne plus pouvoir ressentir rien d'autre que le froid de cette soirée d'automne. Si cela devait être son dernier répit, alors elle l'utilisera à bon escient.

Un répit d'une bien courte durée, malheureusement. À peine le bras de Valérius lâché, ses servantes avaient pris le relais. Elle aurait aimé les envoyer tous paître, réclamer du silence, de la solitude et surtout du temps. Cependant, le roi lui avait bien fait entendre que l'on attendrait après elle, même ce soir. Voilà que l'on brossait ses cheveux pour la énième fois de la journée, elle se laissait faire avec lassitude, fermant les yeux. Les mots prononcés dans le jardin martelaient son crâne, déclenchant de nouveaux tremblements incontrôlables. Remarquant cela, Elizabeth fit sortir toutes les bonnes et entreprit de s'occuper elle-même de sa toilette.

Inlassablement, la brosse passait dans sa chevelure d'albâtre, comme des caresses réconfortantes, alors que ses épaules étaient secouées de sanglots. Cela dura le temps que ça dura, la dame de compagnie restant silencieuse pour réconforter patiemment sa maîtresse. Sa tristesse marqua son visage, même lorsque ses sanglots furent apaisés. Un tissu doux et chaud vint alors essuyer son visage, et le regard de reconnaissance de Faith rencontra celui compatissant d'Elizabeth. Sans qu'un mot ne fût échangé, les deux femmes semblaient se comprendre et s'apprécier. La gouvernante appliqua sur le visage de l’elfe de nombreux remèdes contre la mauvaise mine avant de faire revenir les autres servantes pour qu'elles s'occupent de la coiffure et de la tenue de la future reine.

C’est le ventre tordu de douleur que Faith rejoignit la salle de banquet. Elle semblait aussi belle qu'à l'accoutumé, personne ne pourrait deviner sa détresse et sa peur. Le plus dur maintenant serait de sourire et de manger en laissant cette soirée se passer sans accroc. Si son cœur n'était pas à la fête, elle redoutait les conséquences que son attitude ou que le moindre de ses gestes pourrait avoir.


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Il eût été difficile de méconnaître l'impact de tes paroles sur la princesse, tant son comportement trahissait un bouleversement profond. Sans éprouver de culpabilité, ton esprit, à la fois froid et acéré, niché derrière un masque d'amabilité, se complaisait à voir sa tête, autrefois perdue dans les nuages, redescendre sur la terre ferme. L'ère des rêveries et de l'innocence, si chère à Alexander, devait céder sa place à la réalité, sous peine de menacer sa propre vie, un désagrément que tu trouvais particulièrement gênant, au vu des sacrifices consentis pour assurer sa survie...
« Naturellement, Madame », réponds-tu avec une courtoisie feinte, offrant ton bras pour l'accompagner avec la plus grande délicatesse vers le palais. Sa cour, soulagée de la voir saine et sauve, suit à quelques pas derrière, alors que le cortège se dirige vers les appartements de la princesse. Là, tu la laisses, tel un geôlier vêtu d'élégance et de bienséance. Elle a opté pour la raison, une issue déjà plus satisfaisante que ce à quoi tu aurais pu t'attendre de la part d'une telle créature.

Le temps, inexorablement, presse son étreinte. Alors que Thomas, dans l'ombre discrète trois pas derrière toi, te dévoile les détails du déroulement à venir, un regard agacé vers ta montre à gousset te rappelle l'adage selon lequel un roi, par sa nature même, ne saurait être en retard. Ce sont les invités, semble-t-il, qui sont bien trop en avance… Néanmoins, cette considération ne t'empêche pas d'accélérer le pas, entraînant Thomas dans ton sillage pressé.
En ces jours de deuil national, le banquet en l'honneur de la délégation diplomatique se pare de mesure et de retenue. Les décorations, d'une sobriété choisie, et la musique, d'une solennité classique, imprègnent l'événement d'une tonalité respectueuse, éclipsant presque les divertissements habituels. Une assemblée moins nombreuse que de coutume se réunit ce soir – la famille royale, le ministère, quelques éminences du parlement, et la délégation complète. Moins d’une centaine d'âmes, un rassemblement restreint pour une occasion royale, mais adéquat en ces temps troublés. S'adonner aux festivités lorsque le pays flirte avec la guerre civile n'aurait guère été de ton goût...

En franchissant le seuil de la salle de bal, où l'accueil se déploie avec une élégance mesurée, tu es agréablement surpris de découvrir que ta mère, la reine Elaine, a instinctivement endossé le rôle d'hôtesse pour les invités les plus éminents, palliant ainsi à ton léger retard. Un signe de tête, bref mais chargé de gratitude, est échangé, puis, avec la déférence d'un fils dévoué, tu t'approches pour la saluer. Cette courtoisie te permet de la libérer de ses obligations, reprenant avec aisance ton rôle d'hôte. De son côté, Edward, ton frère, s'acquitte de son devoir de représentation avec une aisance équivalente, veillant à ce que l'accueil des invités de moindre importance se déroule avec une précision sans faille. Car, en cette soirée, la perfection est de rigueur.

Alors que les heures défilent, les invités se rassemblent, mais l'attente de la princesse Faith devient de plus en plus palpable. Son absence, loin de passer inaperçue, devient le sujet de conversation privilégié parmi l'assemblée. Les convives, sous un voile de discrétion à peine maintenu par les éventails frémissants, se penchent les uns vers les autres, murmurant et spéculant avec une complicité presque affamée. Est-ce là un indice de discorde cachée, une tension sous-jacente, ou peut-être même la véritable raison derrière la présence de cette délégation et les enjeux des négociations futures ? Tels des requins flairant une goutte de sang, ils s'agitent, alimentant les rumeurs sur fond de ton propre retard.

Toutefois, malgré une irritation grandissante, tu demeures l'incarnation même de la civilité et de la dignité royale. Derrière ton masque de courtoisie, le retard de la princesse grève ton humeur, contrastant vivement avec l'élégance et la grâce par lesquelles la reine mère a su pallier les imperfections de la soirée. Néanmoins, tu te résignes à la patience, t'efforçant de ne pas laisser ton ressentiment envers la princesse prendre le dessus. Un gentleman se doit, après tout, d'honorer ses engagements.

« L'absence de la princesse est… remarquée », évoque subtilement le Premier ministre, Lord Ashford, lors de votre échange entouré de membres de la délégation, dont le frère nerveux de la princesse. Tu te retiens de sourire, conscient de l'importance de maintenir les apparences, tout en sachant que la récente conversation dans les jardins a probablement influencé le retard de la princesse. « Ne vous en faites pas, Lord Ashford », assures-tu avec une confiance feinte. « La princesse est encore bouleversée par le décès de mon frère. Les émotions sont un fardeau lourd pour elle, mais soyez certain qu'elle nous rejoindra dès qu'elle se sentira prête. » La possibilité d'une intervention plus persuasive demeure implicite, un secret partagé entre vous. Lord Ashford, semblant satisfait de ta réponse, oriente la conversation vers la sensibilité émotionnelle des femmes, un sujet récurrent parmi les hommes mariés de la cour, que tu acquiesces avec une gravité solennelle.

L'heure du banquet ayant enfin sonné, un geste discret de ta part suffit à mobiliser un haut fonctionnaire. Sa proclamation, formelle et solennelle, invite les convives à se diriger vers la salle du banquet, les invités de rang moins élevé se levant les premiers pour quitter la salle de bal. En tant que roi, tu jouis du privilège de prendre ton temps, et tu saisis cette opportunité pour questionner Thomas sur le retard de la princesse et les observations de ses dames de compagnie.

« Faites preuve de patience, Votre Majesté », te suggère le valet avec un respect scrupuleux, te faisant légèrement tiquer avant d'acquiescer. La patience, cette vertu constamment éprouvée, te semble à cet instant presque un fardeau, bien qu'il soit incertain que la délégation puisse en faire preuve autant que toi. Après cet échange, tu te diriges vers la salle du banquet avec une prestance royale indéniable. Les tables rectangulaires, disposées en un grand U, ont été agencées pour accomoder le nombre d'invités, plaçant les moins prestigieux sur les bords et les plus éminents, y compris le ministère, la famille royale et la délégation, au centre de l'attention.

En longeant les tables, les convives, déjà en train de s'installer, se redressent à ton approche, témoignant de leur respect. Les révérences, bien que désormais familières, te semblent encore étrangement nouvelles, comme si ta capacité à t'adapter à ce monde de fastes et de formalités te surprenait toi-même. Est-il vraiment naturel de s'habituer si rapidement à tant de changements ?

Arrivé à la table principale, tu t'installes à sa tête, une place centrale et symbolique naturellement destinée au roi, mais qui te rappelle encore le vide laissé par ton frère. Les convives reprennent leur place alors que tu t'assieds, et un murmure de conversations commence à se propager dans la salle. L'absence de la princesse Faith est palpable, soulignée par la chaise vide à tes côtés. Cette lacune semble valider certaines rumeurs, mais tu gardes une apparence imperturbable. Après tout, si le roi affirme que tout est en ordre, qui oserait en douter ?

L'inauguration du banquet est marquée par un toast formel, au cours duquel tu te trouves une fois de plus à prononcer un discours rédigé par d'autres mains. Tes mots célèbrent les liens entre Albion et Jadamur, son joyau le plus précieux, tout en évoquant les changements sociaux, passés et à venir, qui promettent d'apporter le meilleur pour Albion et ses colonies. Puis, le premier plat est servi, donnant le coup d'envoi officiel au repas. La musique solennelle, interprétée par un petit orchestre symphonique sur une estrade discrète, s'harmonise avec la gravité du deuil national, accompagnant les mets délicats et les conversations qui se tissent autour de la table. Chaque mot, chaque rire est mesuré, les convives se gardant de toute légèreté excessive, tandis que la cuisine, bien que somptueuse, est servie avec une sobriété qui sied à l'atmosphère du moment.

En l'absence de la princesse Faith, tu maintiens une vigilance et une attention sans faille, veillant à ce que le banquet se déroule avec toute la grâce et l'efficacité que requiert ta couronne. Tout en conversant avec ta mère, installée à ton autre côté, tu gardes une oreille tendue vers les moindres nouvelles concernant la princesse, te demandant si elle restera emprisonnée dans sa jeunesse capricieuse ou si elle parviendra à saisir la gravité de sa position avant qu'il ne soit trop tard. Ces réflexions t'occupent l'esprit tandis que le plat principal est servi, moment choisi par Thomas pour s'approcher discrètement et te murmurer une nouvelle que tu attendais avec impatience : « La cour de la princesse est en chemin. »

Lorsque la princesse fait son entrée, tu te lèves, ton regard suivant sa progression le long des tables. Les convives, partagés entre réticence et fascination, l'observent attentivement. Elle, la princesse elfe, au cœur de tant de murmures silencieux. Sans même écouter, tu devines les chuchotements empreints de méfiance et de curiosité. Pourtant, elle avance avec une dignité inébranlable, s'excusant de son retard avec une formalité irréprochable. Tu te lèves pour l'accueillir, conscient de l'importance cruciale de ton soutien. Ta main se tend vers elle, une invitation qu'elle accepte sans la moindre hésitation. Le baise-main que tu déposes sur sa main, empreint de politesse et de respect, fait taire les murmures et les conjectures, démontrant ainsi le respect que tu portes à la princesse, mettant ainsi fin aux spéculations sur une quelconque mésentente royale, éveillant même des suppositions sur un éventuel charme elfique...

« Princesse, aucun retard ne saurait entacher votre présence ce soir, qui est notre unique préoccupation », affirmes-tu, soulignant ainsi sa position privilégiée, t’adressant à elle avec son titre pour la première fois. En parfait gentleman, tu l’aides à s’installer à sa place, relançant par là-même les festivités. Les conversations, désormais plus animées, sont nourries par cette arrivée inattendue, perdant presque un peu de la retenue qu’elles avaient juste avant. La délégation de son coté, visiblement soulagée de voir la princesse enfin parmi eux, affiche un soulagement évident. Et toi, quelque part, ressens une tranquillité similaire. « Il eût été dommage que vous manquiez les desserts, madame », ajoutes-tu, engageant la conversation. « Nos cuisines ont redoublé d'efforts pour capturer l'essence des délices de Jadamur. » Expliques-tu, tandis que les plats principaux, représentatifs de la gastronomie d'Albion, sont servis. Étrangement, les cuisines montrent toujours une prudence certaine quant à l'utilisation des épices, une réserve face à l'exotisme culinaire de Jadamur qui peut se comprendre, néanmoins…  

Dans l'atmosphère sobre de la salle du banquet, la présence tardive mais saisissante de la princesse Faith insuffle une vague de soulagement discret mais palpable parmi les convives. Les conversations, jusqu'alors retenues par une gravité de circonstance, s'animent d'un intérêt renouvelé, teinté d'une curiosité voilée que la décence empêche d'exprimer ouvertement. La fameuse princesse elfique, par sa seule présence, éveille chez les invités un sentiment de fascination mêlée de curiosité, parfois malsaine, leur rappelant, sans besoin de mots, que même en ces temps de deuil national, la cour royale demeure le bastion d'un changement sans précédent, restant fixement décidé à les mener à les biens. Les mets, mélange de la gastronomie d'Albion faisant un discret clin d'œil aux saveurs exotiques de Jadamur, viennent parfaire cette soirée, où chaque convive, emporta à la fin avec lui un sentiment de contentement mesuré, mais surtout tant de mots et de détails sur cette fameuse princesse, dont ils pourront parler jusqu'à plus soif dans leurs cercles restreint, avec le privilège de l'exclusivité…

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