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Isleen An Tiarach
Aristocratie
Influence : 307
Race : Elfe

Feuille de personnage
Informations importantes:
Capacités:
Aristocratie
Isleen An Tiarach
On revêt une forme animale lorsqu'on est exclu de la parole des hommes.
Soit parce qu'on ne vous écoute pas.
Soit parce qu'on n'accorde pas à votre parole la qualité de la leur.
J’ai besoin de prendre l’air a-t-elle subitement dit en ce début d’après-midi, peinant à lever les yeux de sa lecture ennuyante, à l’homme qui lui faisait face, grattant quelques papiers, une phrase simple sans équivoque qui ne signifie rien de moins que : ici j'asphyxie. Et c’est factuel, elle ne supporte pas cette demeure nobiliaire dépeuplée et les regards inquisiteurs de son époux qui tend à la surveiller comme le lait sur le feu au fur et à mesure que les mois s'égrènent.. Et ce n’est pas les quelques serviteurs dévoués à son bien être qui changeront ce fait. Sentant que le mâle à l'affût ne semble pas réellement convaincu par l’idée, elle prétexte enfin que cela fera le plus grand bien à l’enfant pour le faire définitivement flancher.

La prêtresse n’a jamais été une créature familière, pas plus que citadine, elle est davantage faite pour les grands espaces, pour battre la campagne les pieds nus, traverser les ruisseaux, s’abîmer les pieds sur les pierres coupantes sans se plaindre. Pas cette noble étouffée dans ses tenues comme si elle était un paquet destiné à ne jamais être ouvert. Elle ne rêve que de liberté, de retourner battre la campagne de l’île d’émeraude ou même retourner dans cette colonie qu’elle s’est donné tant de mal à fonder et à faire perdurer pendant dix longues années.

Au moins, lui autorisa-t-il pour cette fois, à condition bien sûr d’être chaperonné comme doit l’être une dame de son rang. Ainsi elle put sortir sous la bonne garde d’une épée lige et de l’une de ses dames prétendument de compagnie. Et aucun des deux ne semblait être capable d’abreuver sa soif de conversation, alors elle s’enfonce dans sa taciturnité habituelle. Il faut dire qu’en ce moment, elle n’a pas tant l’occasion de s’ennuyer au moins en pensée, les meurtres sordides d’elfes s'enchaînent aussi sûrement que les jours qu’elle passe à observer le grand dehors depuis les carreaux de sa chambre.

Ce jour-là, Asrasterin malgré un soleil d’hiver plus que présent ranime son corps dissimulé sous des couches et des couches de vêtements d’hiver qu’on lui impose, plus ou moins confortablement installée. Elle peine à se réchauffer assise sur son banc avec pour seule compagnie deux elfes délégués par son frère-époux autant pour s’assurer de sa sécurité et de son bien-être que pour la surveiller. À peine parviennent-ils à échanger quelques phrases tandis que son regard se perd sur les divers usagers faisant face à elle. Principalement des enfants jouant à grand renfort de cris et elle ressent une certaine hâte de revivre ces précieux moments avec sa future descendance.

Mais rapidement elle perd le fil de la conversation, ne se satisfaisant pas de ces pis-aller imposés par son mari et invariablement la conversation dévie sagement vers de la petite conversation lorsque l’épée mentionne l’attitude indolente d’une prétendue fille de comte qui semble se faire sa petite réputation, tant sa franchise frôle la stupidité crasse. Et bien sûr elle n’en perd pas une miette, même si elle suit d’une oreille discrète. «
Cette jeune imbécile ferait bien de faire attention à son impudicité.
» A-t-elle dit sans réelle conviction, concentrée davantage sur son flux de pensée. Et même si de naissance elle n’était rien de moins que fille de paysan, elle n’en connaît pas moins les jeux de pouvoir qui s’opèrent dans la capitale, de manière plus ou moins dissimulée. Et elle sait qu’il n’y a rien de plus précieux pour une jeune femme que sa réputation.

Ses yeux d’argent se fixent sur la cible de son propos, presque à la manière de mires prédatrices, occupée à flâner imprudemment au bras d’un homme qu’elle ne connaît pas. Comme si elle pressentait que cette histoire ne pouvait que finir mal. L’elfe avait connu son lot de malheurs en matière d’homme, ils se montrent souvent inconstant et mauvais, invariablement. Et que son seul devoir est de leur offrir sans condition ce qu’ils désirent. Elle-même fait de son corps un champ de bataille dédié à la divinité qu’elle sert et aux plaisirs qu’il lui accorde, avec pour seule condition de se répandre comme l’exigent les dogmes. Mais pour une colombe fraîchement sortie du nid ? Non, cette histoire n’a aucune chance de finir autrement que mal.

Puis finalement, elle ne se sent pas la force de faire quoi que ce soit, elle soupire et se lève moins facilement que ce qu’elle aurait cru, se tournant vers son escorte qui semble bien prise au dépourvue qu’elle ne cherche pas à s’échapper d’une quelconque manière puisqu’elle passait facilement la moitié de ses sorties à tenter de leur fausser compagnie. Une chose est sûre, son geste a dû être trop précipité, et elle se sent prise de vertige. Il ne lui faut pas plus d’un regard à sa dame de compagnie pour que cette dernière vienne l’épauler avec une parole aimable. Et elle profite que la lige, tout autant préoccupée, s'approche pour lui demander d’aller garder un œil sur la colombe tandis que les deux femmes rentreront.

Un frisson parcourt sa nuque, dans un réflexe animal et primitif, se sentant vulnérable dans cet instant de faiblesse, elle cherche vaguement du regard la cause ou l’auteur de cette sensation tandis que son accompagnatrice la guide lentement à travers les allées du parc. « Vous vous faites trop de soucis, madame, vous devriez vous reposer davantage. » Un nouveau soupir échappe des lèvres délicates de la noble aux cheveux obsidiens, elle ne sait trop quoi répondre à l’évidence, mais son devoir l'oblige à ne jamais fermer plus d’un œil, si elle ne voulait pas disparaître aussi sûrement que son prédécesseur. «
Que vienne rapidement le printemps, qu’il inonde la terre de vie et me libère.
» Une prière qui n’en a pas vraiment l’air, pour celle qui avait tant souhaité être comblée et qui ne demandait plus qu’à être déchargée.

Elle repère dans la foule qui avait diminué au fil des heures quelques elfes, il y en avait bien quelques-uns qui ont pu obtenir les précieux titres de noblesse gracieusement offerts par la couronne pour presque rien. Et pourtant elle ne peut s’empêcher d’afficher son sourire, consciente de cette victoire qui peut s’écrouler à tout moment.

Asrasterin sent qu’un regard se fixe davantage sur elle, alors d’un geste de sa main gantée, elle invite cette personne étrangère à oser s’approcher.


La culpabilité est la cousine idiote des scrupules.