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Lénore
Roturier
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Roturier
Lénore
Inutile de lutter contre ce que l’on ne peut contrôler.
Accepte.
Elle qui se croyait encore dans l’après-midi parfaitement capable d’aller dans un nouveau magasin s’était égarée royalement, elle n’a jamais mis les pieds dans ce quartier où elle se heurte à la pauvreté, la prostitution galopante des ruelles étroites. Puis ne parvenant pas à retrouver son chemin, vint la tombée de la nuit, lui offrant une nouvelle vision de la faune locale. On l’observe, dans un premier temps parce qu’il est évident que la petite servante aux airs enfantins n’a rien à faire ici, avec ses petits airs de poupées, puis dans un second temps c’est comme un morceau de viande, potentiellement rentable qu’on la regarde. Bien sûr, elle ne s’en rend pas vraiment compte, son unique année sur ce monde dont elle est capable de se souvenir avait été une vase clos, protégée et choyée.

Là où toutes les autres filles, éduquées aux dangers des hommes se seraient enfuis, auraient hurlé, elle se fait davantage bécasse figée face au chien d’arrêt, bien mal camouflée lorsque la bête est sur elle. Sans doute avait-elle été longtemps à l'affût, attendant une cible vulnérable et facile.

Il s’approche suffisamment d’elle pour qu’elle puisse sentir l’odeur avinée de son souffle, sous les rires rauques de ses collègues qui ne perdent pas une miette de ce grossier spectacle. Elle recule jusqu’à se heurter au mur de pierre humide et noirci d’une bicoque. « Alors on est perdue petite demoiselle ? » Elle ne sait pas vraiment quoi répondre, on lui avait dit de nombreuses fois de ne pas parler aux hommes, encore moins seule, alors elle ne dit rien en se contentant de rentrer légèrement sa tête dans les épaules. La petite chose se recroqueville sous les serres de l’homme qui s'enfoncent dans son épaule, un contact brutal qui n’éveille que de la douleur et de la fureur en elle, quelque chose qui ravive en elle une plaie. Une chose se brise en elle, presque de manière irrévocable, et ce qui se brise c’est cette idée de vivre dans un monde qui certes peut se montrer désagréable, souvent injuste, mais jamais aussi effrayant. Son cœur rate un battement tandis qu’elle lève timidement ses yeux bleus larmoyants sur l’homme.

Elle est minuscule du bas de son mètre quarante-cinq, alors que lui il lui suffirait d’une main pour briser sa nuque comme l’on brise les os d’un poulet.

Mais étonnamment le danger lui fait avoir la réaction la plus surprenante, elle se débat farouchement, comme un chaton sauvage. La dénommée Lénore hait d’être touchée, c’est un contact insupportable, même par les gens qu’elle aime. Ce qui reste un spectacle tout aussi ridicule, la petite colombe n’étant déjà pas douée pour grand-chose, mais certainement pas dans l’art de la violence. Et si l’homme au début, assez amusant de se faire chahuter par une gamine frôlant l’hystérie très vite, il la remet à sa place d’une gifle sonore. Sa révolte s’éteint au contraire de la douleur brûlante sur sa joue. Et cette fois-ci une larme lui échappe et elle a l’air terrifiée, elle veut crier, mais ne peut pas.

Et en cet instant, elle se déteste, mais pourquoi ? De ne pas avoir la force de sa révolte, de ne pas être aussi courageuse que les héroïnes des romans gothiques que lui lisait son maître. D’être trop misérable pour mériter que quelqu’un la garde. En somme : ses émotions la rongent et elle ne sait pas quoi en faire, et seule la douleur la retient à la réalité.

Cette dernière se fait de plus en plus forte dans son crâne, rejointe rapidement par un goût âcre et métallique, puis les picotements dans sa bouche annonçant une nausée.

Tandis qu’on la bouscule encore davantage à l’écart sous la menace d’un couteau, elle sent ses jambes flancher, son cœur n’est plus qu’un métronome désaccordé. À ce stade, son corps n’est guère plus qu’un véhicule, son esprit a déjà quitté le navire et sans doute est-ce pour le mieux.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.