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Lénore
Roturier
Influence : 598

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Roturier
Lénore
Je n'ai que des histoires courtes à raconter, parce que la mienne en est une.
Je préférerais que ce soit un roman.


Errer dans cette ville au hasard de ses pérégrinations ne l’effraie pas, pas plus que la nuit ou ses habitants qui à ces heures matinales, qui pour la plupart étaient simplement des ouvriers travaillant sur le port, les cochers de fiacre préparaient leurs chevaux pour la journée et le bruit se limite simplement à cette nuit qui meurt pour se changer en matinée silencieuse. Ou à peine un fer sur les pavés ou un renaclement ne viennent le troubler.

Petite créature de l’été, il semblait parfaitement improbable qu’elle puisse s’épanouir dans le climat froid et humide provoqué par la Tamise. Évitant les flaques et la boue par ses petites enjambées, comme tous les matins, elle prévoyait de trouver un semblant de répit dans la cathédrale qui depuis son arrivée faisait office de sanctuaire et fait à présent partie intégrante de ses activités journalières. La moindre étrangeté pouvait provoquer quelques bouleversements dans ce qui lui paraît être réglé comme du papier à musique. Mais n’était-ce pas pour ces quelques étrangetés du quotidien que l’on vivait ?

L’automne est enfin bien implanté et signe le retour de la grisaille et de la pluie qui tombe sans discontinuer, cela ne dérange pas le moins du monde Lénore, qui en cette heure bien matinale où il fait encore noir, fait simplement le choix de presser le pas emmitouflée dans son manteau pour se mettre à l’abri de de la pluie sous l’une des grandes arcades de la cathédrale. L’humidité ambiante ne fait qu’aggraver le froid que l’on commençait à ressentir. Et la petite blonde ne pouvait que battre des jambes sous sa robe de servante sombre pour faire descendre le sang.

Les yeux bleus à la teinte d’orage de la petite poupée se lèvent sur ce ciel gris qui ne semble pas déterminé à s’éclaircir. Elle n’est pas particulièrement fâchée, mais qu’est-ce qu’elle rêve d’un rayon de soleil sur la triste ville grise, plus tard quand elle sera sur le chemin du retour en rentrant des courses de la journée.

Elle finit par trouver le courage qu’il lui manque pour pénétrer l’édifice, qui bien que commençant lentement à s’éveiller, comme toute la ville, fait s’abattre une chape de silence sur ses visiteurs, et s’il y a d’autres âmes ici, la jeune demoiselle les ignore avec le plus grand soin. Lénore ne ressent pas le besoin de s’aventurer en profondeur dans ce lieu singulier, le dernier rang lui convenant parfaitement.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
Edward Harrington
Aristocratie
Influence : 35
Race : Humain

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Aristocratie
Edward Harrington




La pluie éclate et les papillons souffrent

Feat Lénore

Le temps était bien gris en cette matinée d’automne, aussi gris que son humeur, assurément. Une fois de plus, le sommeil lui avait résisté, et il lui semblait que, comme toujours lors des journées pluvieuses, sa jambe le tourmentait plus que d’ordinaire. L’ancien Major n’était pas attendu à la caserne, aujourd’hui – mais sans doute s’y rendrait-il quand même, ne serait-ce que pour ne pas rester seul avec ses pensées. En attendant, il franchissait le seuil de la cathédrale, soulagé d’au moins être à l’abri du mauvais temps.

À cette heure-ci, et en ce jour, il n’y avait pas tant de fidèles que ça au sein de l’édifice, et pourtant, Edward avait la sensation que des milliers d’yeux s’étaient posés sur lui dès son entrée, épiant chacun de ses gestes, le jugeant, le condamnant. Peut-être était-ce le fait de se trouver dans la maison de l’Unique, Lui qui savait tout de lui – toutes ces pensées impures, des pensées que Lui et lui seuls connaissaient ; sa culpabilité se faisait toujours plus grande en ce lieu sacré, tout comme sa honte, et il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi ? Pourquoi l’avait-Il fait ainsi ?

Ou peut-être était-ce le manque de sommeil qui l’empêchait de penser clairement.

L’aristocrate connaissait l’édifice par cœur, et s’il se serait d’ordinaire dirigé vers les rangs plus avancés, il ne se sentait aujourd’hui d’humeur ni à faire bonne figure, ni à naviguer entre des allusions à peine masquées. En s’approchant d’un banc plus à l’arrière, sa canne résonnant sur le sol en pierre de la cathédrale, Edward jeta un regard attentif à la jeune femme assise non loin de lui. Il la reconnut alors ; c'était la même jeune femme, Lénore, qui était venue chez lui pour un essai en tant que servante. Elle avait cette même allure fragile et délicate, une apparence presque éthérée qui contrastait avec l'environnement austère de la cathédrale. Sa robe sombre de servante mettait en valeur ses cheveux blonds pâles et son visage au teint clair, lui donnant un air presque fantomatique dans la pénombre de l'édifice. Il songea un instant qu’il était dangereux pour une jeune fille si fragile d’être ainsi sans chaperon, servante ou pas.

Edward se souvenait du jour où Lénore était venue chez lui. Il avait été prêt à l'accepter à son service, touché par sa discrétion et son apparente détermination malgré sa fragilité. Toutefois, il supposait que les rumeurs qui couraient sur lui, ainsi que le fait qu'il était un homme célibataire, avaient amené Lord Blackwall à refuser la position pour elle, craignant probablement pour sa réputation ou sa sécurité. Il ne pouvait certes pas l’en blâmer.

Edward se laissa tomber avec précaution sur le banc, la douleur dans sa jambe s'intensifiant à mesure qu'il s'asseyait. Il choisit un emplacement à une distance respectueuse de Lénore, conscient de l'espace personnel de la jeune femme. Il s'appuya sur sa canne, tentant d'alléger la pression sur sa jambe blessée, et lança un regard discret vers Lénore. Avec une certaine hésitation, il décida d'engager la conversation, espérant ne pas outrepasser ses limites. « Miss, comment allez-vous ? » demanda-t-il, avec une douceur empreinte d'une sincère préoccupation. « Je me demandais si vous aviez trouvé une maison où servir, depuis notre dernière rencontre. » Il marqua une pause, observant ses réactions pour s'assurer qu'elle était à l'aise avec la conversation. « Je viens souvent ici pour chercher un peu de paix. Et vous, venez-vous ici fréquemment ? Trouvez-vous du réconfort en ce lieu ? »

Edward espérait que sa tentative de conversation ne serait pas perçue comme intrusive. Son intention était sincère : il voulait s'assurer que Lénore allait bien et qu'elle avait trouvé un endroit sûr où travailler. Il était prêt à l'écouter si elle souhaitait partager ses pensées ou ses préoccupations, tout en respectant son besoin de solitude ou de silence.



Lénore
Roturier
Influence : 598

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Lénore
Je n'ai que des histoires courtes à raconter, parce que la mienne en est une.
Je préférerais que ce soit un roman.

Même si elle est incapable de reconnaître un visage, certains signes ne peuvent la tromper et ses autres sens se mettent en éveil, tendis que ses yeux saphirs glissent sur cette silhouette. Le bruit d’une canne sur les dalles, une voix qui ne l’inquiète pas, une manière particulière de se placer dans l’espace, une foule d’indices que son esprit cherche à amalgamer pour obtenir un nom. Et même si la mémoire de la petite blonde peut souvent lui faire défaut et lui mener la vie dure.

Lénore penche légèrement la tête sur le côté, toujours sans poser ses mires sur ce curieux vieil homme, prenant le temps d’assimiler les mots de l’homme et ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes qu’elle brise le silence, sa voix chuchotée et fluide comme l’eau d’un ruisseau. « La matinée est froide et humide, et la votre ? » Est-ce volontaire de sa part d’esquiver la question, ou simplement le fait qu’elle n’aime guère parler d’elle ? Elle-même se posait à présent quelques questions, qu’est-ce qu’un noble de la haute faisait éveillé à cette heure-ci et pire dans les rues de cette ville ?

Et à son autre question, elle répond le plus naturellement du monde. « Je fais le ménage et la cuisine chez une couturière. » Elle semble fâchée, pas fâchée d’être tombée dans cette merveilleuse boutique qui ravissait ses sens, mais d’avoir quitté ce qu’elle et celui connaissait finalement depuis toujours. La relation entre les deux curieux antagonistes de cette histoire est bien étrange, mais nul doute qu’il valait mieux ne pas poser trop de questions.

Et en voilà une autre, Lénore n’aime pas vraiment ces interrogations, comme si tout devait trouver un sens caché ou non. Elle se contente de vivoter même si son quotidien est réglé comme une horloge. Mais patience, elle lui accorde une nouvelle fois. « Aussi souvent que je le peux. » En somme : tous les jours ou presque, ce qui représente une sacrée marche depuis son quartier, mais elle est un oiseau nocturne, avec un petit sommeil équivalent à sa taille. Elle lève les yeux sur le plafond de la cathédrale, quelques instants se perdant dans le dessin des voûtes. « Beaucoup de questions, peu de réponses. » Que dire de plus lorsque le ciel est sur répondeur ? Dans le cas de Lénore cela tient davantage du mimétisme social que d’une réelle pulsion religieuse. Et même si ce genre d’édifice lui apporte du réconfort, elle est bien loin de saisir tous les tenants et les aboutissements de la foi, bien loin de sa simple compréhension d’âme naïve. D’autant que certains préceptes la révoltent grandement.

Puis ses yeux glissent enfin vers lui, elle semble l’observer malgré un manque flagrant d’émotion, comme s’il se contentait de produire cet étrange bruit fascinant qui la raccroche à l’instant, dans la réalité. La jeune fille est une créature étrange et difficile à cerner, tombée par comme coup du sort sur Lord Blackwall un beau jour d’automne il y a tout juste un an. Il est aisé de la croire simplette, tant elle peut sembler étrangement ailleurs, toujours dans les nuages, la tête pleine de vent disait Blackwall. La demoiselle semble en comprendre bien plus qu’elle ne laisse paraître, même si elle se tait et fait mine de.

Faisant fi des convenances, elle se permet tout de même une parole adressée directement au vieux noble. « Vous ne devriez pas sortir par ce temps, sire. Surtout si votre jambe vous fait souffrir. » Jamais un mot plus haut que l’autre même dans la prévenance. Le monde de Lénore est d’une délicate simplicité, les femmes sont des madames ou des ladys, les hommes des lords ou des sires, et n’allez pas croire qu’elle s’adresse différemment à la noblesse ou à la plèbe. Et une nouvelle question de sa part, davantage candide.

Chose encore plus rare, il est un homme et d'ordinaire elle les esquive, même lorsqu'elle vivait dans la maison de campagne de son protecteur. On l'avait vu bien peu souvent aligner autant de mots en si peu de temps. Sans doute que son cœur a des choses à dire en ce jour pluvieux. « Voulez-vous que je fasse appeler une voiture ? » D'ordinaire, elle appréciait le fait d'être effacée, loin de l'attention, mais elle prenait quelques fois sur elle, pour aider une connaissance ou mieux ses amis.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
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