Thé et tribulations
Feat Reginald Windcroft
Bonté divine, comme sa jambe lui faisait souffrir.
Il y avait des jours où la douleur se faisait plus supportable, moins handicapante, mais aujourd'hui n'en faisait malheureusement pas partie. Au moins, cela lui donnait-il une excuse pour prendre le thé au petit salon, dans les fauteuils confortables, plutôt qu'à l'extérieur pour profiter du temps clément de la saison, où des regards indiscrets pourraient se poser. Prince ou non, son invité jouissait d'une certaine réputation, et ce n'était pas celle dont Edward avait besoin en ce moment, malgré toute la sympathie qu'il éprouvait pour le jeune homme.
Autour de lui, les domestiques s'affairaient à préparer la table, l'ornant de petits pains garnis, scones et autres pâtisseries. « Daisy, veillez à préparer l'eau lorsque Son Altesse arrivera ; utilisez les feuilles qu'il apportera pour le thé, » dit-il à l'attention de la servante occupée à dresser la table, une jeune elfe aux mouvements un peu maladroits mais déterminés. Elle s'inclina respectueusement, et il lui offrit un petit sourire avant qu'elle ne quitte la pièce avec une révérence.
Il étouffa un bâillement peu élégant. Le sommeil lui avait échappé la nuit précédente, comme les nuits d'avant, son esprit étant trop préoccupé par cette satanée rumeur qui menaçait de détruire ce qu'il avait construit. Qui pouvait donc lui en vouloir ainsi ? Était-ce son soutien à peine voilé à la communauté elfique et à la couronne qui lui avait valu de telles foudres ? Ou peut-être que le manque de compagnie féminine à ses côtés avait mené à des spéculations… Il ne pouvait qu'espérer que le prince n'ait pas eu vent de ces on-dits, mais il ne se faisait guère d'illusions. Personne mieux que ceux de la cour ne comprenait la nécessité d'avoir des yeux et des oreilles partout, et nul doute que Reginald en disposait suffisamment. Qu'importe, cela ne valait pas la peine de se tracasser pour ça.
Si Reginald était au courant, Edward le saurait bien assez tôt.
Malgré tout, il était heureux de revoir le jeune homme. Il avait été inquiet pour son avenir lorsqu'il avait quitté l'Albion, et le savoir de retour le rassurait quelque peu. Le jeune prince, pour toutes ses frasques et son insolence, avait été un soldat prometteur, peut-être plus prometteur qu'Edward ne l'avait jamais été, surtout si l'on considérait ses aptitudes naturelles à la cavalerie et à la rapière. Quel dommage de voir un tel potentiel ainsi gâché.
« Monsieur, » annonça doucement Daisy, le tirant de ses pensées, « Son Altesse est arrivé. » Edward hocha la tête et se saisit de sa canne, s'appuyant dessus, s'efforçant de ne pas laisser transparaître sur son visage le moindre signe de la douleur irradiant sa jambe. Il avait vécu pire, et il ne voulait certainement pas se faire plaindre ; il n'était pas infirme, bon sang, certains jours étaient simplement… Compliqués.
« Votre Altesse, » lui dit-il avec un sourire chaleureux aux lèvres. « Quel plaisir de vous revoir ! Allons nous installer au petit salon, Daisy s’occupera du thé. » Il le guida vers les fauteuils du petit salon, essayant de ne pas trahir à quel point il était pressé de se rasseoir.
Il y avait des jours où la douleur se faisait plus supportable, moins handicapante, mais aujourd'hui n'en faisait malheureusement pas partie. Au moins, cela lui donnait-il une excuse pour prendre le thé au petit salon, dans les fauteuils confortables, plutôt qu'à l'extérieur pour profiter du temps clément de la saison, où des regards indiscrets pourraient se poser. Prince ou non, son invité jouissait d'une certaine réputation, et ce n'était pas celle dont Edward avait besoin en ce moment, malgré toute la sympathie qu'il éprouvait pour le jeune homme.
Autour de lui, les domestiques s'affairaient à préparer la table, l'ornant de petits pains garnis, scones et autres pâtisseries. « Daisy, veillez à préparer l'eau lorsque Son Altesse arrivera ; utilisez les feuilles qu'il apportera pour le thé, » dit-il à l'attention de la servante occupée à dresser la table, une jeune elfe aux mouvements un peu maladroits mais déterminés. Elle s'inclina respectueusement, et il lui offrit un petit sourire avant qu'elle ne quitte la pièce avec une révérence.
Il étouffa un bâillement peu élégant. Le sommeil lui avait échappé la nuit précédente, comme les nuits d'avant, son esprit étant trop préoccupé par cette satanée rumeur qui menaçait de détruire ce qu'il avait construit. Qui pouvait donc lui en vouloir ainsi ? Était-ce son soutien à peine voilé à la communauté elfique et à la couronne qui lui avait valu de telles foudres ? Ou peut-être que le manque de compagnie féminine à ses côtés avait mené à des spéculations… Il ne pouvait qu'espérer que le prince n'ait pas eu vent de ces on-dits, mais il ne se faisait guère d'illusions. Personne mieux que ceux de la cour ne comprenait la nécessité d'avoir des yeux et des oreilles partout, et nul doute que Reginald en disposait suffisamment. Qu'importe, cela ne valait pas la peine de se tracasser pour ça.
Si Reginald était au courant, Edward le saurait bien assez tôt.
Malgré tout, il était heureux de revoir le jeune homme. Il avait été inquiet pour son avenir lorsqu'il avait quitté l'Albion, et le savoir de retour le rassurait quelque peu. Le jeune prince, pour toutes ses frasques et son insolence, avait été un soldat prometteur, peut-être plus prometteur qu'Edward ne l'avait jamais été, surtout si l'on considérait ses aptitudes naturelles à la cavalerie et à la rapière. Quel dommage de voir un tel potentiel ainsi gâché.
« Monsieur, » annonça doucement Daisy, le tirant de ses pensées, « Son Altesse est arrivé. » Edward hocha la tête et se saisit de sa canne, s'appuyant dessus, s'efforçant de ne pas laisser transparaître sur son visage le moindre signe de la douleur irradiant sa jambe. Il avait vécu pire, et il ne voulait certainement pas se faire plaindre ; il n'était pas infirme, bon sang, certains jours étaient simplement… Compliqués.
« Votre Altesse, » lui dit-il avec un sourire chaleureux aux lèvres. « Quel plaisir de vous revoir ! Allons nous installer au petit salon, Daisy s’occupera du thé. » Il le guida vers les fauteuils du petit salon, essayant de ne pas trahir à quel point il était pressé de se rasseoir.