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Lénore
Roturier
Influence : 598

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Lénore
Si quelqu'un ne laisse aucune empreinte sur le monde, existe-t-il seulement ?
Lénore ne se mêlait pas vraiment à ce club de gentlemen qui prenait le thé à quelques mètres abordant des sujets éminemment inintéressants pour la jeune tête blonde, elle s'occupait de son côté, assise sur une couverture dans le jardin d'hiver, feuilletant une vieille encyclopédie illustrée, au moins trois fois plus vieille qu'elle. Elle observait toutefois d'un œil distrait ces hommes tous bien nés et bien entendu très beaux, comme s'ils étaient capables de produire un bruit de fond qui la fascinait tant, un interlude exotique dans le quotidien et sans doute était-elle la même chose pour eux, ils ne s'adressaient pas souvent la parole. Il y avait une forme de respect chaste entre les protagonistes de cette étrange pièce qui se répétait tous les mois.

Toujours est-il que ce fut un jour faste, où elle devait partager l'attention de son maître et s'occuper seule sans le déranger, il l'autorisa à boire pas plus que deux verres de vin au repas du soir, mais on l'envoya rapidement se coucher. Elle ne parvint guère à fermer l'œil de la nuit, les discussions n'avaient pas cessé et parfois un éclat de rire venait troubler le silence nocturne, à peine eût-elle croisé l'un des invités, en état de nature, par chance pour lui il ne la remarqua pas, et elle ne le jugea pas vraiment.

Le spectacle n'avait pas été si désagréable à observer, bien que purement innocent. Son maître disait qu'il n'y avait que des fous pour s'aventurer à ses soirées, encore plus totalement nus à errer dans les couloirs froids. Elle se questionna cependant sur quel pouvait être le sortilège à l'œuvre qui opérait de telles différences physionomiques entre les hommes et les femmes, mais cela fut rapidement balayé par son ventre qui criait famine et l'envie de s'occuper.

Il y a une chose étrange dans la présence de Lénore dans cette riche demeure familiale presque entièrement dépeuplée, comme si elle est le fantôme des lieux. D'une part parce qu'elles ne sont que deux femmes - pour peu que l'on puisse considérer la petite blanche comme une femme, et l'autre étant la servante dévouée à sa personne -, elle s'affichait la journée à courir entre les jardins et la bibliothèque, parfois aux écuries poursuivies pas son seul éclat de rire. Et la nuit c'était ses petits pieds trottinant sur le parquet ciré et le bruissement de sa robe de nuit qui l'accompagnait. Parfois lors de ses nuits d'insomnies elle volait des livres, elle n'y comprenait pas grand-chose, mais cela l'occupait. Ses chuchotements fluets accompagnant ses pérégrinations nocturnes lorsqu'elle se perdait dans les corridors sombres.

Ses pas la conduisent dans la bibliothèque armée d'une assiette remplie de biscuits et d'un chandelier dont les bougies à moitié consumées donnaient à ses cheveux laissés libres une teinte d'or en fusion. Elle ressemble à toutes ses héroïnes de roman fantastiques et gothiques dont son maître lui fait la lecture, dans sa robe de chambre blanche qui ne dissimule pas grand-chose et cette grande bibliothèque aux teintes brunes et aux livres poussiéreux, dehors un orage éclatait, le ciel grondait. Et parfois même un éclair illuminait la pièce. Elle déposa tout son barda sur une table basse avant de se carrer dans un fauteuil de velours vert puis elle ouvre son livre. Un feu achevait de mourir dans la grande cheminée.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
Reginald Windcroft
Royauté
Influence : 196
Race : Humain

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Reginald Windcroft
L'ivresse de la nuit ne vaut pas toujours la douleur du lendemainAvec Léonor


Bien des choses m’avaient manqué et je les redécouvrais peu à peu. Albion était bien plus raffiné qu’Austran et parfois, tout aussi… Libéré. Les clubs de Gentlemen en particulier. Entre l’alcool, le tabac et les conversations, tantôt sérieuses, tantôt moqueuses, les soirées passaient de l’humilité à la désinhibition sans qu’on arrive à savoir exactement où en était la limite. Un vrai plaisir.

Allez pas me demander où, comment, pourquoi, ou même le cheminement qui à bien pu se passer dans ma tête avant ce moment-là, mais me voilà à parcourir les couloirs à tâtons, avant de trouver une porte qui s’ouvre sous ma main. Sans doute mal refermé, il a suffit que je m’appuis un peu dessus pour qu’elle se décale en me faisant perdre mon appuis. Ce n'est qu'in-extremis que j’évite de m’en étaler par terre, rouspétant contre le bois joliment sculpté :

“Alooors je suis conscient que toutes les portes doivent être ouvertes à mon arrivée mais làààà je l’avais pas demander moi ! Tu peux reprendre ta place, Porte.”

Mon regard se déplaçant sur la côté, je remarque la bibliothèque et les rangées de livres que les éclairs illuminent un instant.

“Oh…”

Depuis combien de temps je n’ai plus pris le temps de lire un livre ? Ahhh je sais plus et je n’ai pas la tête en état pour compter. Mais ça peut être sympa de lire, la maintenant, de suite non ? Peut-être qu’il y a des récits érotique en plus hum ?

L’obscurité reprend sa place après le passage de l’éclair mais il me semble apercevoir une lueur vacillante derrière une étagère. Houuu, un fantôme ? Je n'ai jamais eu l’occasion d’en croiser un, ni dans la vie de tous les jours, ni sous mes draps ! C’est l’occasion ! Alors que je contourne le meuble pour rejoindre la présence spectrale, une armure de chevalier servant de décoration me bloque bruyamment le passage. Quelle idée de se mettre en travers de mon chemin ! L’armure tangue mais tient bon, si ce n’est le heaume qui me tombe dans les bras. Tournant la tête, j'aperçois la forme blonde et blanche à une table et souris en essayant de remettre à tâton le casque. Un fracas se fait entendre alors que l'armure entière s'effondre cette fois, hors le heaume que je tiens encore à bout de bras à l’endroit même ou il aurait dû être. Je reste ainsi, surpris, observant le tas de ferrailles à terre avant de soupirer et lâcher simplement la tête qui vient rebondir avant sur le reste puis de rouler par terre. Il n'avait qu’à pas être sur mon chemin de toute façon. Avançant vers le fantôme de la bibliothèque, je me penche avec grâce et soin :

“Mes hommages ma Dame !”

Enfin, grâce et soin… C’est dans ma tête ça. J’ai plutôt tendance à tanguer et ma révérence est des plus exagérée avec un bras qui part dans tous les sens avant de se glisser devant mon ventre quand je m’incline. Si heureusement mon pantalon cache les parties les plus intimes de mon corps, ce qui est presque un miracle, j’en ai perdu ma veste et ma chemise, ouverte, ne couvre rien de mon torse. Les joues rougies par l’alcool, les cheveux en batailles, une tâche de vin sur mon bas… Je ne suis peut-être pas aussi beau dans la réalité ce soir que ce que je m’imagine.

Lénore
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Lénore
Si quelqu'un ne laisse aucune empreinte sur le monde, existe-t-il seulement ?
Un curieux spectacle se livre à ses mires pleines de curiosité, voilà que déboule une pauvre créature sans doute bien trop avinée pour avoir conscience de la situation, après avoir échoué son duel contre la porte à double battant gravée, voilà qu'il entrait en guerre avec une armure ensorcelée sans doute par le maître de cette sinistre demeure. Ou peut-être était-ce simplement son imagination concernant sa lecture ?

La petite blanche lève timidement ses yeux azuréens pour observer cette bien étrange scène, abandonnant son livre, qui de toute manière n'était pas en mesure d'être lu, son esprit mélangeant les mots dans une soupe incompréhensible malgré sa bonne volonté. Un invité, sans doute égaré par les vapeurs de l'alcool. « Les autres sont dans le grand salon. » Une remarque qui aurait pu facilement paraître lapidaire, pour peu que l'on ne connaisse pas vraiment Lénore dont la simplicité est le maître mot ou peut-être était-elle frustrée que l'on brise son silence ?

La nuit il peut se passer des choses formidables, des moments forts, intimes et intenses, mais il y a une chose sûre : ces folles soirées aboutissent systématiquement à des matins comme les autres, et à l'aube la demeure retrouvera sa dignité nobiliaire. Des couloirs jusqu'à la bibliothèque rien ne gardera trace de l'alcool et des amours incertaines, et même le marbre n'aura de souvenir de sa péripétie nocturne vêtue d'une simple chemise, pas plus que de leur habillement tout relatif.

Et voilà qu'il s'incline, si elle est surprise, elle fait mine de rien à merveille. D'ordinaire Lénore parle bien peu, peut-être est-ce ces deux coupes de vins rouge prises lors du repas qui lui déliait la langue, ou se trouvait-elle dans l'un de ses bons jours. Toujours est-il qu'elle ne le chassa pas, pas plus qu'elle ne chercha à fuir. « Je ne vois aucune dame ici. » Une autre vérité, elle n'avait rien d'une dame, elle était simplement une domestique privilégiée, choyée par le maître des lieux, tous deux vivaient dans une relation purement platonique depuis l'automne dernier. Il y avait franchement de quoi jaser, un jeune héritier qui s'entiche d'une servante et qui l'entraîne partout derrière lui, pour peu que l'on s'intéresse aux potins.

La jeune servante se déplie et se lève. Elle est l'innocence même, sans pudeur, sans crainte, face à cet inconnu. Une vision éthérée d'un corps martyrisé par l'existence, le peu de tissu recouvrant sa peau de porcelaine laissant largement entrevoir les cicatrices d'une vie passée dont elle n'avait plus le souvenir. Les poignets et les chevilles autrefois atrocement mutilées jusqu'à l'os n'en laissant plus que des creux béants. Elle s'approche, elle est minuscule même pour son âge, n'a pas l'air de peser plus qu'une plume. D'ordinaire elle haïssait être remarquée, elle ne veut pas être vue, mais pour ce soir, elle allait faire un effort. Elle ramasse à terre la dignité de l'homme et se charge de remettre de l'ordre dans la tenue de cet inconnu, ses yeux sont bas, et ses doigts fins s'affairent malgré les tremblements.

Elle, qui est une créature d'émotion et de sensation, se demandait ce qui pouvait conduire un Homme à boire plus que de mesure jusqu'à se retrouver dans un état pareil, cela ne pouvait être simplement la fête ? Souvent, elle-même avait envie de quitter ce corps en souffrance, bloqué entre deux âges, l'alcool pouvait permettre ce genre de prodige, mais elle n'y avait guère le droit. « Quelle peine avez-vous ce soir, sire ? » Lénore aurait pu écouter, elle avait cette patience à défaut de pouvoir parler de ses propres tourments. « Asseyez-vous donc. »


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
Reginald Windcroft
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Reginald Windcroft
L'ivresse de la nuit ne vaut pas toujours la douleur du lendemainAvec Léonor


Dans le salon, dans le salon…. Oui oui, le salon. Je ne cherche pas le salon. Je cherchais quoi, à l’origine ? Je ne sais même pas, je ne sais même plus. Peu importe, cela ne devait pas être important.

Pas une dame donc ? Oh, donc c’est bien un fantôme. Je l’observe un peu plus quand elle s’approche, avec ses longs cheveux, sa tenue blanche, ses marques visibles. Un fantôme d’une petite assassinée sans aucun doute. Ahhh, que les hommes peuvent être cruels, capable de tuer une jeune fille pour…. Je ne sais pas trop quoi mais sûrement quelque chose de pas si important que celà.

Je rit un peu quand elle s’affaire à me remettre ma chemise. Je ne connaissais pas les fantômes si pudiques. Au contraire d’ailleurs ! Passer à travers les murs, c’est dès plus pratique pour espionner les chambres occupées ! Pour vérifier mon idée, je lève la main et touche du doigts sa joue. Ah… Je ne passe pas à travers ? Je pointe les doigts sur son épaule cette fois. Même résistance. Pareil sur son ventre tout maigrichon. J’en soupire longuement. Quel déception de croiser un fantôme qui ne s’évapore pas…

A sa question, je penchais la tête sur le côté en la fixant intensément :

“Quel peine ?”

Je me mit à rire alors avant de venir poser une main sur ses boucles d’or et lui ébouriffer.

“Quel peine aurais-je, dis moi , petit fantôme qui hante cette demeure ? Je suis un Prince, je suis bel homme, je suis un excellent danseur et un cavalier émérite. J’ai le pouvoir de plonger les belles et les beaux dans des rêves éveillés au cours de la nuit et de faire rougir les joues de celles et ceux qui ont recouvert leurs cœurs de glace ~ Je n’ai aucun souci.”

Alors que la pièce se met à tourner, comme un navire en pleine mer, je tangue un peu, embarquant maladroitement l’être spectral avec moi. Le fessier à terre, je la garde dans mes bras comme une poupée de porcelaine avant de prendre son bras et observer les marques à son poignet.

“Où sont tes chaines, petit esprit frappeur ? J’en ai aussi tu sais, tout aussi invisibles que les tiennes et pourtant tout aussi lourdes et imposantes que les pierres taillées d’un château.” Ma voix se fait murmure, comme un sombre secret quand je rajoute : “Elles m'écartéllent et m'étouffent à la fois, me tirant vers des profondeurs où la lumière n'existe pas… Tu connais cette endroit aussi, n’est-ce pas, petit fantôme…”

Lénore
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Lénore
Si quelqu'un ne laisse aucune empreinte sur le monde, existe-t-il seulement ?
Lorsque son doigt presse sa joue, elle ressent une décharge similaire au contact brûlant du fer chauffé à blanc. Pour l'heure elle ne s'en offusque pas réellement, elle sait que le vin possède le mystérieux pouvoir d'abolir les barrières que l'on s'impose en temps normal. Seulement, il ne semble pas déterminé de s'arrêter à sa joue, tout ce qui est acceptable y passe, son épaule et même son ventre. Elle se tait et se montre patiente, sans avoir la certitude que cela durerait bien longtemps.

D'ordinaire elle n'accordait aucune parole à un étranger, mais s'il avait été invité par son maître c'était déjà presque un ami, alors elle pouvait bien faire un effort. Et lui, jouant avec ses mèches, dévoilait une cicatrice de plus, en relief, celle partant de sa tempe gauche jusqu'à la base droite de son crâne. Les mots s'alignant difficilement avec ses lèvres. « Un prince complètement saoul dans une demeure vidée de ses habitants, c'est une vision un peu bohème et décadente. » Toujours sans jugement, la jeune fille est un miroir, elle renvoie ce qu'elle perçoit pour peu que l'on accepte de s'y voir. Et elle le trouvait bien triste pour quelqu'un qui avait tant.

Il chancelle et l'entraîne avec lui, ne pouvant lutter, elle cède presque mollement. Lénore ne voit pas le mal de cette position fâcheuse, elle frémit. Son cœur se serre puis elle perd le contrôle et à cet instant elle veut bondir sur ses pieds et hurler. Elle voulait être égoïste, refuser de subir ce contact qui la fait tant souffrir. Elle ne voulait pas être touchée, ni même regardée, elle voulait s'enfuir et au lieu de cela son impuissance est en train de la détruire. Lui possède les pleins pouvoirs, elle n'est qu'un frêle oiseau blessé et lui n'a qu'à resserrer ses doigts autour d'elle pour la briser. Mais sa révolte ne dure pas, il reprend la parole. « Mes chaînes ? » Ses yeux passent de ce visage qu'elle ne parvient pas à détailler à la mutilation de son poignet, elle ne comprend pas, en fait elle ne s'était presque jamais questionnée sur le pourquoi de l'état de décrépitude de son corps labouré des pieds à la tête. Si elle l'ignorait, son corps lui hurlait ce qu'il avait subi et elle dans sa candeur se contente de se dire qu'elle a toujours été très maladroite et qu'il n'y avait aucun mal à cela. Tout mais surtout pas la vérité.

Elle l'écoutait accrochée à ses lèvres, tendue et effrayée, ses mots lui évoquent un bruit ample, humide et lugubre, quelque chose de puissant venu des abysses. « Je ne sais pas, mais ce soir je peux être Lénore ou bien un fantôme, ça n'a pas d'importance. » Sa voix n'est plus qu'un mince fil. Lénore n'est pas le sien, mais les humains aiment accorder des noms aux choses, sans doute pour s'y attacher. Mais son maître lui avait dit que les noms ne sont pas importants Lénore était juste apparue comme ça un beau jour d'automne, sans naissance, vierge de tout. Privée de tout ce qui aurait pu faire d'elle un humain à part entière : son identité et sa mémoire.

« Dans tous les cas, je ne crois pas qu'il soit bon de regarder trop longtemps dans cet abîme. » Elle n'a pas les épaules pour, elle était née il y a trop peu de temps et pour elle le savoir était bien plus une source d'effroi que d'être ignorante. La vérité pourrait bien la tuer.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
Reginald Windcroft
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L'ivresse de la nuit ne vaut pas toujours la douleur du lendemainAvec Léonor


Bohème et décadente hein ? Peu m’importe… Peu de chose ont d’importance à mes yeux ce soir. La boisson a ce pouvoir infini de rendre tout léger, futile, presque illusoire. Un peu comme si elle vous plongeait dans un rêve éveillé sans aucune conséquence au réveil. Ce n’est pas le cas, il est vrai, bien au contraire même, mais quand le sang se mélange à ce liquide, c’est l’esprit qui refuse de croire à ce qu’il sait déjà.

“Je te préfère fantôme que Lénore. Lénore n’est rien. Le fantôme lui est un souvenir perpétuel qui reste et se rappelle à la mémoire de ceux qu’il hante. Il est bien plus craint et, pourquoi pas, aimé de ceux qui l’ont perdu…”


La relâchant, je m’étale au sol, le dos posé sur la moquette propre et douillette de la grande bibliothèque, le regard perdu sur le plafond.

“Cela est vrai. Plus on le regarde, plus l’envie y est grande de baisser les bras et de s’y laisser couler. Pas que l’envie. L’angoisse aussi.”

Un fou rire me prends d’un coup avant de rajouter :

“Le voilà peut-être mon soucis, petit fantôme. Un Prince angoissé, ce n’est pas très royal ahahah”

J’en ris encore, une main sur mon ventre, avant de me sentir brutalement nauséeux. A peine le temps de me retourner que je rendais à la moquette le surplus d’alcool que j’avais ingéré. Ah… Peut-être qu’un jour je retiendrais que les rires me font toujours cet effet quand j’abuse des boissons diverses et variées. Agitant la main vers cette tâche humide qui venait de se créer, comme si elle allait partir docilement comme les domestiques à ce signe de congé forcé, je me recouché juste à côté en essuyant ma bouche de ma manche. Je crois que j’ai laissé mon mouchoir en tissu dans le salon… Je sais même plus ce que j’ai fait avec.

Reposant mon regard sur la petite créature blanchâtre, je demandais finalement :

“Comment-est la vie de fantôme ? Es-tu heureuse?”

Le plus important ? Le devoir, l’image, le respect, l’étiquette, l’honneur… Voilà ce que l’on m’avait appris enfant. Le plus important était ce qu’il fallait imposer au regard des autres. Je n’avais pas compris en quoi, tout cela devait être si important, si c’était pour en souffrir soit-même.

La vie est éphémère et ridiculement courte… L’important ne devrait-il pas alors d’être heureux et d’en profiter ?...

Lénore
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Si quelqu'un ne laisse aucune empreinte sur le monde, existe-t-il seulement ?
« Les bonnes gens font les bonnes maisons et ici je ne dérange pas. » Mais est-ce qu'elle était heureuse, réellement ? Elle ne le savait pas vraiment, elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait, faire tourner sa domestique et le maître des lieux en bourrique, manger ce qu'elle voulait et se coucher quand elle l'entendait. Elle était aimée indiscutablement, mais cela pouvait suffire au bonheur ? « Mais je sais aussi que ça ne durera pas, sire Blackwall me cherche une nouvelle maison, il parle d'honneur et que ce n'est pas bon pour une jeune fille de vivre dans une maison toujours remplie d'hommes. » L'honneur est une notion bien floue pour un fantôme qui n'a pas vécu et son faible vécu se heurte aux normes sociales qu'elle n'est pas en mesure d'assimiler.

Trouvant la force de déplier son corps et de se relever, elle passe par-dessus ses jambes, se dirigeant vers l'âtre, elle finit par s'échouer sur le tapis, ravivant le foyer avec un tisonnier projetant des éclats lumineux sur sa peau, il faisait un peu froid. Lénore n'avait même pas encore un an de vie, que déjà on s'apprêtait à la déraciner de tout ce qu'elle connaissait. « Où vont les fantômes lorsqu’on les déracine des pierres qui les ont vus naître ? Où vont -ils et qui se souviendra d'eux ? » Et voilà qu'il vomissait, mais elle semblait n'en avoir simplement rien à faire, continuant de jouer avec les cendres à la pointe du tisonnier.

« Je ne suis pas stupide, je sais que je ne plais pas aux gens et je ne sais pas quelle autre bonne maison voudra bien de moi. J'ai vu leurs regards la première fois que monsieur m'a emmené à Londonia, les gens ont de la crainte et du dégoût pour ce qu'ils ne comprennent pas et ça ne sert pas à grand-chose de leur en vouloir. » Première expérience avec le monde extérieur, première déception et ça n'a pas été la dernière. Une fois elle se souvient d'avoir été giflée injustement par une dame pour avoir renversé du thé, pour elle, ce n'était pas tant le geste qui est à blâmer, son ego avait été plus blessé que sa peau, on lui avait fait comprendre ce jour-là qu'elle était une incapable sans user d'un seul mot.

« Mon principal bonheur de partager du temps avec quelqu'un que j'aime autant qu'il m'aime, même si nous ne sommes pas égaux. » Lénore semble être simplement un être ayant soif d'être aimée, pas considérée, simplement aimée et pour l'heure ce besoin comblé, alors elle est heureuse. Et sans le savoir, elle explique davantage les raisons de cette situation, il y avait plus entre elle et l'héritier de cette demeure qu'une simple protection. « Vous, malgré que vous soyez un prince et possédez tout ce que tout le monde rêverait vous n'êtes pas heureux, ça ne vous contente pas. » Lui dilapidait ce bonheur en amours incertaines et paradis artificiel, quant à elle, elle l'entretenait et soufflait les braises pour ne pas qu'elles s'éteignent.


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Reginald Windcroft
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Reginald Windcroft
L'ivresse de la nuit ne vaut pas toujours la douleur du lendemainAvec Léonor


Une fille dans une maison remplie d’homme hein ? Ahahaha en effet, si elle avait été humaine, il y a de grande chance que l’un de ces hommes en aurait profité. L’attrait est quelque chose de captivant parfois, certaines personnes se mettent à désirer ardemment ce que d'autres pourtant trouvent simple ou même dégoûtant. Il y a bien dans ce monde un autre dont la simple vue des cicatrices de ce fantômes donnera des envies perverses, a moins que ce ne soit par son corps frêle, blanc et fragile comme une brindille. L’homme est plein de mystère. Les femmes le sont-elles aussi ? Certaines d’entre-elles ressentent-elles des papillons dans le ventre à la simple vue de quelque chose de particulier ? J’ai vu des hommes que je trouvais des plus laids êtres accompagnés de véritable beauté, mais est-ce par eux qu'elles étaient attirées ou par leurs fortunes ou leurs pouvoirs ? L’homme était-il condamné à aimer la femme quand celle-ci n’éprouve de l’amour que pour ses posséssion ? L’amour est-il si cruel ?....

Un mal de crâne me prend et je grimace. Non. L’amour n’existe de toute façon pas. il n’y a que le devoir, les apparences et le plaisir. Rien de vrai… Que de l’illusion et de l’éphémère.

Tient, le fantôme n’est plus là… Ah, si, là bas, près du feu. Je crois que j’ai loupé des mots, des phrases, peut-être même tout un long chapitre sur…. Je ne sais quoi… C’était important ? Peut-être pas. De toute façon, il y a de grande chance que je ne m'en souvienne pas demain matin. Je me redresse un peu pour aller ramper près du feu ou je m’étale sur le dos, bras en croix. Ces derniers mots, je les ai entendus en revanche. Un rictus amer sort malgré moi d’entre mes lèvres quand je lui réponds.

“Je ne possède rien.”

Absolument rien et je ne possédais guère plus avant. Rien ne m’appartenait, tout était à la couronne. L’argent que j’usais n’étais pas le mien et pourtant, cela aurait dû l'être. Tel une rente pour combler les échecs d'éducation de mes parents. Une rente bien plus grosse que celle qu'on me laisse tel un vulgaire os à un chien. Ne suis-je pas ainsi de leur faute après tout ? A essayer de posséder la seule chose, qui, finalement, ne s’achète pas ? Et si elle n’a pas de prix, c’est justement parce qu’elle n’existe pas. Je cours désespérément derrière un but qui ne sera jamais atteint. Ils auraient dû me le dire dès l’enfance que ma vie ne serait qu’un masque impassible et qu’un faux semblant au lieu de me laisser rêver que les belles histoires des romans sont la réalité. J’aurais sûrement fini tel un soldat sans âme, sans cœur mais, par la même occasion, sans souffrance. Ou alors ces la fautes de ses nourrisses qui pensent que des histoires qui finissent bien peuvent donner une vie qui finit tout aussi bien. Ou encore celle de mes précepteurs qui m'ont appris à lire. Si je n'avais pas su, je n'aurais rien lu.

Je relève la tête pour poser mon regard sur les flammes avant de rajouter pour Lénore, agacé d’un coup sans que je sache vraiment pourquoi :

“Tu ne sers à rien, petit fantôme, hors accentué mon mal de tête. Tout cela, c'est de ta faute.”

Lénore
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Si quelqu'un ne laisse aucune empreinte sur le monde, existe-t-il seulement ?
Lénore n'avait jamais vraiment connu d'homme, hormis son maître qui l'avait lavée, panser ses plaies, et bien qu'elle lui doive tout, il ne s'était jamais montré odieux ou hors des limites, pas des siennes en tout cas. Pas comme lui qu'elle trouve rustre et peu avenant sans réellement parvenir à lui en vouloir. Il ressemblait à un animal blessé tournant dans une cage trop petite pour lui, et elle ne pouvait rien faire de plus et cet état de fait la faisait au moins autant souffrir que les mots acerbes de ce prince.

Face à cette remarque injuste, elle se lève dans un frottement de tissu évoquant le bruissement de l'aile d'un oiseau, elle s'écarte s'apprêtant à prendre congé, néanmoins elle se tourne une dernière fois vers lui saisissant le chandelier. « Ne m'accablez pas, vous n'êtes pas une mauvaise personne. » Dit-elle dans un souffle, même si l'on peut commencer à percevoir la colère gronder, tapi sous un masque d'infinie patience. « Vous faites simplement semblant pour ne pas avoir à vous sentir responsable de vos propres choix lorsqu'ils sont mauvais. » Les mots tombent, sans un au-dessus des autres, sans colère. Elle n'estime pas être responsable de son état et elle ne l'a pas non plus contraint à la rejoindre. Une injustice de plus.

Le cœur brisé de Lénore laisse tout entrer : la lumière, les tempêtes, absolument tout. Et parfois ce tout qu'apporte l'Autre devient bien trop dur à supporter et ce soir elle n'a pas envie de s'infliger davantage de souffrance. Une foulée et son pied nu retrouvent la froideur du marbre du couloir et elle retourne à la nuit. Emportant avec elle bien plus de questions que de réponses.

Sans doute s'est-elle enfermée dans sa chambre jusqu'au lendemain et elle ne soufflera mot de cette bien étrange soirée même si son trouble reste perceptible pour ses proches. Ne comprenant pas réellement toutes les émotions qu'elle avait pu ressentir.


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