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Victoire Crowley
Aristocratie
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Race : Humain

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Victoire Crowley
Le papier froissé entre ses doigts avait pris l’humidité et l’encre s’était mise à couler, maculant sa peau laiteuse de traces sombres, déchirant l’un des angles de la feuille. Miriel en aurait surement fait une attaque et se serait précipitée pour lui ôter aussi bien les tâches que le morceau de papier qu’elle s’obstinait à lire tout en tenant le parapluie qui ne lui servait partiellement à rien puisqu’elle ne cessait de le renverser par inadvertance. En vérité, si Miriel l’avait accompagnée, tout aurait été bien plus simple. Elle l’aurait guidée au travers des rues de Londonia, qu’elle connaissait comme sa poche, elle lui aurait tenu son parapluie avec l’application qu’elle y mettait toujours et elle aurait sans doute rendu ce temps horriblement morne bien plus gai. Victoire avait découvert, non sans peine, à quel point la vie Londonienne pouvait être humide et grise. Parfois ses terres au Crowley venaient à lui manquer. Heureusement, la comtesse n’était si femme à se perdre dans la morosité, ni à baisser les bras et sa dame de compagnie la connaissait plus que bien.

Cela ne faisait que très peu de temps que Victoire était revenue vivre à Londonia et si la solitude lui pesait par moment, elle ne pouvait nier tous ses bienfaits. Cependant, son dernier séjour ici remontait à presque dix années en arrière et rien ne lui semblait moins familier que cet endroit. Aucune connaissance que ce fut de la ville ou de ses habitants. Si cela pouvait s’avérer une bénédiction de n’être connu de personne, c’était également un boulet accroché à sa cheville car Victoire n’oubliait pas les raisons de sa présence à Londonia. Pas plus que Miriel qui était restée en arrière, au domaine de Crowley en compagnie de Damian et Aubrey, les deux lui écrivant autant de lettres l’un que l'autre. Si elle prenait le temps de lire celle de son fils et parfois d’y répondre, celles d’Aubrey finissaient immanquablement dans la cheminée qui dominait le petit salon de son bureau. Les correspondances de l’elfe était cependant celle qui retenait le plus son attention et celle entre ses mains plus que toutes les autres. Bien que l’encre eut bavée il était aisé de remarquer qu’il s’agissait d’une carte faites à la main et qu’une écriture fébrile y avait inscrit : “Sip & Read, Islington bridge”.

Ce jour-là, Victoire découvrit qu’à son plus grand désarroi, elle n’était pas dotée d’un sens de l’orientation très développé. Sa vieille domestique lui avait permis de se rendre jusqu’au quartier mentionné mais cela faisait plus de trente minutes qu’elle tournait en rond sous une pluie battante. Ce qui était une chance après tout car une Comtesse ici aurait pu faire tâche, même si la jeune femme avait prit soin de se vêtir de sa robe la plus modeste, de sa coiffure la moins chic et de sa coiffe la plus fade. La droiture de son dos et le port altier de sa tête la trahissaient malgré elle. Ainsi lorsque la patience l’abandonna complètement, le petit homme à qui elle s’adressa lui indiqua sa route avec tellement de déférence que pendant un bref instant elle se trouva embarrassée. Elle le remercia poliment et fila aussi rapidement que la bienséance le lui permettait.

Exactement comme il lui avait promis, Victoire trouva le salon de thé deux rues plus bas. Ses yeux se baissèrent naturellement vers le plan douteux et, dans un éclair de lucidité, elle renversa le morceau de papier avant de hausser un sourcil.

- C’est mieux ainsi. Si elle n’était pas si trempée que les cheveux sur ses tempes s’étaient mit à boucler, nul doute qu’elle aurait rit de sa propre bêtise. A la place, elle se hâta de rejoindre la boutique.

La devanture était tout ce qu’il y avait de plus londonien. Une écriture manuscrite enchâssée sur un petit panneau ballotté par un léger vent d’est ;  “Sip & Read”. Des fenêtres à l’albionnaise d’où s’échappait la lueur orangée des bougies que l’on allume à cause du temps grisonnant et une myriade de plantes pour verdir un peu cette façade épurée. Victoire ne resta pas longtemps dehors à lorgner l’entrée et franchit le pas de la porte en faisant carillonner une petite cloche au-dessus de d’elle. Elle resta quelques instants interdite. Le mauvais temps avait cloitré la plupart des habitants chez eux mais il régnait ici une atmosphère qui invitait à la paresse. Bien qu’elle ne fut venue pour cela, la comtesse s’imagina rien qu’un instant avec un thé chaud entre les mains, une petite couverture de laine sur les jambes, installée devant l’une des fenêtres battues par la pluie avec un bon roman entre les mains.

Hélas, elle n’était pas là pour ça.
Non, elle était venue rencontrer Alylaïs Cloven sur les chaudes recommandations d’une Miriel presque extatique à l’idée de leur rencontre. Ne restait plus qu’à lui mettre la main dessus.
Alylaïs Cloven
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Alylaïs Cloven
Alylaïs ne parvenait pas à se souvenir de la dernière fois qu’elle avait eu une nuit paisible et reposante. Après plusieurs années d’inertie bienheureuse, l’anxiété avait refait surface dans sa vie comme une cravache fouette le flanc d’un cheval. Quand elle ne passait pas ses journées à tenter de repousser les pensées intrusives que sa dépression chronique imposait à son esprit, elle était occupée à apaiser la douleur lancinante qu’elle ressentait dans le creux de l’estomac et qui l'empêchait de s’alimenter comme il se doit. Elle avait bien tenté les infusions à base d’herbes et de fleurs, mais aucun des remèdes qu’on lui avait suggérés n’avait réussi à apaiser ce mal qui la rongeait jour et nuit. Ces derniers temps, dormir convenablement était donc devenu un luxe que la jeune elfe n’était pas en mesure de s’offrir. Déjà, elle remarquait son visage se creuser, des ridules se dessiner et sa silhouette dévoilait désormais un peu trop ses os fins et pointus. La médecine étant dans l’incapacité de lui fournir des traitements adéquats, elle en déduisit que le problème était ailleurs.

Malheureusement, Alylaïs n’avait guère le temps de larmoyer sur sa condition mentale qui passait -elle s’en était convaincue- bien après ses responsabilités de gérante. Alors, aux formules de politesses que ses clients et Lyana, son employée et amie, lui adressaient elle répondait de la même manière impersonnelle : “Tant qu’il y a de quoi lire, tout va bien". Pourtant, son humeur avait brillé par son instabilité depuis l’ouverture de Sip&Read il y a deux ans. Curieusement, ouvrir son propre salon de thé littéraire ne lui avait pas apporté la stabilité émotionnelle à laquelle elle aspirait tant. Certes, les affaires étaient prospères et la clientèle fidèle, mais la jeune femme avait rapidement compris que cela ne suffirait pas, et elle ne se pardonnait pas de ne pouvoir se contenter de ce qu’elle avait déjà accompli. Dans une société si racialement polarisée, elle avait réussi à imposer son magasin comme l’un des hotspots culturels de Londonia. L’endroit était chaleureux bien qu’étroit comparé aux somptueuses bâtisses situées à Oakridge. Cela dit, l’ostentation ne faisait pas partie des choses qu’Alylaïs appréciait. Avant l’ouverture officielle, elle avait pris soin de faire de l’ancien atelier de son père un espace accueillant et simple. Les sols étaient recouverts de tapis épais de couleur verts sapins ornés de motifs clairs incurvés, ce qui accentuait l'ambiance calfeutrée de la boutique. Un peu partout, des plantes grimpantes décoraient les murs de leurs feuilles frisottantes et se balançaient au rythme des allers et sorties des clients qui malmenaient la porte d’entrée. Des fauteuils dépareillés au centre de la pièce avaient été disposés de manière éparse mais suffisamment organisés pour créer un effet harmonieux. Enfin, ça et là se trouvaient de petites tables en bois que son père avait confectionnées spécialement pour le lieu et qui servaient de réceptacle idéal pour les tasses de thé encore brûlantes des lecteurs venus chercher un moment de quiétude dans le tumulte Londonien. Et puis il y avait les livres. Des étals pleins à craquer enveloppaient le salon de leurs angles droits, offrant aux regards curieux une variété d’ouvrages aux titres annonciateurs d’histoires merveilleuses et d’aventures fantastiques. Baigné par la douce lumière qui s’infiltrait à travers la devanture vitrée, Sip&Read était pour Alylaïs un havre de paix au parfum d’encre séchée. Malgré tout, son âme demeurait inflexiblement morose.

Sa tête vacilla et Alylaïs se ressaisit. Depuis combien de temps était-elle dans l’arrière boutique à prétexter faire l’inventaire tandis que Lyana gérait seule le salon ? Trente minutes ? Une heure ? Il lui avait semblé entendre la cloche de l’entrée annoncer la venue d’un nouveau client. C’est d’ailleurs ce qui l’avait sorti de sa torpeur. Elle se demandait qui avait osé braver le temps maussade et la fraîche température pour venir s’engourdir dans les vieux canapés de sa boutique. L’après-midi avait été jusque-là plutôt calme, et elle n’avait reçu que peu de visites. D’un geste abrupt, elle replaça la coiffe qui maintenait avec difficulté ses boucles capricieuses, et tenta de déchiffoner sa robe rose pâle. Avant même qu’elle n’ait le temps de s’extraire de la réserve, elle vit apparaître Lyana dans l’angle de la porte. La jeune elfe d’ordinaire si guillerette arborait un regard perplexe. Sans préambule, elle lacha :

-Une humaine vient de rentrer dans le salon.

Il n’était pas rare que des humains s’aventurent à Sip&Read, seulement, la chose arrivait généralement en soirée lorsque la pénombre fait disparaître la singularité des visages au profit de formes ovales indistinctes. Malgré l’annonce fracassante des fiançailles du roi Valerius II avec une elfe, l’hostilité raciale entre les deux communautés restait indemne et être aperçu dans une boutique d’elfe au cœur d’Islington Bridge pouvait coûter très cher à un humain. Malgré l’ambiance générale à couteaux tirés, Alylaïs croyait fermement en l’égalité hommes-elfes et envisageait chaque client humain comme une opportunité d’ajouter une pierre au pont qui était désormais en train de se construire entre les deux races. C’est donc avec une excitation non dissimulée qu’elle accueillit la nouvelle de Lyana et se dirigea vers le comptoir de l’entrée.
Il ne faisait nul doute que la femme qui se tenait immobile sur le pas de la porte était humaine. En dépit d’une tenue quelconque qu’elle avait manifestement choisie à dessein, tout dans sa silhouette laissait penser qu’il s’agissait d’une femme de la noblesse humaine. Ses cheveux châtains ondulés étaient enroulés en un chignon élégant, ce qui mettait en valeur son port de tête fier. On apprenait pas à se tenir de la sorte chez les elfes de la classe moyenne, les préoccupations étaient bien plus pragmatiques. Pendant un moment, Alylaïs ne dit rien. L’inconnue ne l’avait pas entendue arriver. Droite comme la justice, la jeune femme semblait observer le magasin d’un regard curieux. Elle tenait entre les doigts un morceau de papier baveux sur lequel quelqu’un avait dessiné. Une carte ? s’interrogea l’elfe. Se pourrait-il que cette femme ne soit pas là par hasard ? Peut-être avait-elle eu vent des soirées littéraires organisées ici et souhaitait y participer ! Alylaïs musela son anxiété qui repartait de plus belle. En avançant d’un pas un peu plus précautionneux qu’elle ne l’aurait souhaité, Alylaïs pris sa plus belle voix de commerçante et annonça :

-Bienvenue à vous !

Elle marqua une courte pause et poursuivit :

-Puis-je vous être d’une quelconque utilité ?

Soudain, le doute envahit la jeune elfe. Et si elle n’avait pas abordé cette femme avec les égards et la déférence qui lui étaient dûs ? Elle ne pouvait pas faire fuir ce genre de clientèle, les enjeux étaient trop grands.
Victoire Crowley
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Victoire Crowley
Le salon de thé était étouffant pour qui n’avait pas l’habitude des endroits étriqués ce qui était exactement le cas de Victoire. Depuis sa plus tendre enfance et jusqu’à aujourd’hui, elle avait toujours fréquenté des lieux gigantesques ou même mille hommes pouvaient se tenir debout sans se toucher. Ici c’était tout le contraire. Elle se sentait à l’étroit avec sa large robe de crinoline et son parapluie dégoulinant d’eau. Polie, elle essayant autant que faire se pouvait de ne pas tout inonder mais dans un endroit aussi exigu cela lui semblait être parfaitement impossible. Après avoir bataillé un instant qui lui sembla durer une vie, elle réussit toutefois à se débarrasser de son ustensile qu’elle déposa le long du mur de l’entrée pour le laisser égoutter. En s’avançant dans la pièce, le tapis vert absorba le son de ses pas et elle se trouva projetée dans un monde qui était bien loin du sien. Malgré sa petitesse, l’endroit n’était en rien désagréable et son envie de s’arrêter ici un moment la reprit de plus belle. Il régnait une odeur âcre de thé et celle plus feutrée du papier et de l’encre. Les yeux de Victoire parcoururent le comptoir où il lui avait semblé apercevoir quelqu’un en entrant mais elle n’y trouva rien de moins qu’une multitude de petits pots où le thé en vrac attendait d’être mit à infuser.

Le temps avait probablement fait fuir la majorité des clients car pour l’heure il ne se tenait qu’un couple de vieilles personnes que la comtesse soupçonna d’être des elfes mais dont elle ne chercha pas s’assurer l’identité ; elle sentait suffisamment leur regard curieux par dessus les pages de leurs livres pour ne pas avoir besoin de les fixer à outrance. La lettre entre ses doigts était sur le point de se déchirer à cause de l’humidité et il n’y avait toujours personne à l’horizon. Hésitante, la jeune femme s’aventura un peu plus sur le tapis épais mais rien ni personne ne se découvrit. Bien que mauvaise croyante, Victoire pria son Dieu de mettre sur sa route ce qu’elle était venu chercher et en attendant elle s’intéressa aux livres qui peuplaient une étagère tout près d’elle. “Vanité et présomption” était un livre qui l’avait longuement fait rêver, lorsqu’elle était enfant et un peu idiote et sa couverture constellée de tâches d’usure lui soufflait qu’elle n’était pas la seule. Même le nom de l'auteure "Jeanne Austin" voyait sa dorure ternie par le temps. Elle passa un doigt leste sur sa reliure avec l’ébauche d’un sourire nostalgique qui disparut au rythme des bruits de pas qui l’arrachèrent à sa contemplation.

C’était une femme, une elfe plus exactement, devina Victoire qui en avait suffisamment observer au cours de son existence pour les remarquer sans trop de difficulté. Bien que son air fatigué pu la rendre morose, elle débordait de la grâce surnaturelle des siens et les plantes de toute la maisonnée semblaient s’éveiller en sa présence. Son visage asthénique se fit souriant mais ne trouva pas son écho dans celui de Victoire dont les yeux d’acier trempés s’étaient arrimés à son faciès aux couleurs d’un caramel cireux. Sa voix était chantante, exactement comme celle de Miriel. Lorsqu’elle la salua, Victoire inclina poliment la tête et répondit d’une voix douce et posée qui contrastait avec l’aura glaciale dont elle s’était fait maîtresse :

- Bonjour. Je cherche “L'Elfe et la princesse du rêve”. C’était un conte plus vieux que Victoire ne savait compter et qui était autrefois un incontournable des histoires pour enfants lorsque les elfes étaient maîtres en ce monde. Un livre qu’il n’était pas évident de dénicher aujourd’hui mais c’était également le livre préféré de Miriel ;  c’était elle qui lui avait conseillé de le demander. Que ce fut un vieux code entre sa dame de compagnie et la tenancière ou pas un ange passa, la boutique elle-même sembla retenir sa respiration puis soudainement l’une des deux femmes fit volte-face pour s’aventurer au cœur des rayonnages aussi serrés soient-ils. Victoire s’engagea à sa suite et se laissa guider tout en défaisant la pelisse humide de ses épaules qu’elle rangea sur son avant bras, révélant une broderie fine d’alstroemeria. Quand enfin, elles s’arrêtèrent la jeune femme qu’elle avait suivit n’eut pas le temps de parler que Victoire avait déjà glissé a demi mot : - Connaissez vous Miriel Dafoe ? Son visage était toujours de glace mais de ses yeux émanaient d'une étrange chaleur affectueuse.
Alylaïs Cloven
Roturier
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Alylaïs Cloven
Un silence se fit dans la boutique et on n’entendit plus que le cliquetis d’une tasse de thé que l’on pose sur sa coupole. Les deux seuls clients de l’après-midi, plongés respectivement dans leur lecture, ne semblaient pas avoir entendu le maigre échange qui venait d’avoir lieu. Et tant mieux, remarqua Alylaïs. L’annonce de l’intitulé du livre l’avait ramenée quelques années en arrière alors qu'elle n’était qu’une élève au pensionnat pour jeunes filles elfes. C’était Miriel qui lui avait fait découvrir L’Elfe et la princesse du rêve. Auprès d’elle, Alylaïs avait découvert des canons de la littérature elfique et ensemble elles avaient partagé de longues soirées à rêver d’une société enfin égalitaire dans laquelle leur communauté serait plus que tolérée à Albion. L’idée de la création de Sip&Read était d’ailleurs née de ces conversations nocturnes à coeurs ouverts et les deux amies en avaient conclu qu’elles en seraient les gérantes à part égale. Leur complicité était telle que jamais on ne voyait l’une sans l’autre. Dans les dortoirs, les rumeurs avaient vite fusées et l’imagination fantasque de jeunes elfes avides de clabaudages teintait d’une touche d’interdit les moments d’intimité pourtant platonique d’Alylaïs et Miriel. Ces dernières n’eurent vent des médisances que très tard. Quand elles s’en aperçurent, la rumeur s’était déjà répandue parmi l’intégralité des pensionnaires. Le mal était fait. Lorsque les parents de Miriel vinrent lui rendre visite, une habitude mensuelle bien ancrée, il ne leur fallut guère de temps pour déceler les intrigues enfantines auxquelles leur fille était désormais mêlée. Sans plus de préambule, et dans un souci de préserver la réputation de Miriel, elle fut retirée du pensionnat sans avoir la chance de dire au revoir à son amie. Alylaïs ne la revit plus jamais et les mois qui suivirent le départ de Miriel furent le théâtre d’une ribambelle de moqueries et de persécutions en tout genre. Alylaïs ne reconnaissait plus le pensionnat comme le refuge accueillant et réconfortant qu'il avait été autrefois. Elle développa ainsi l'habileté de se retirer et de rester discrète, attendant avec patience l'obtention de son certificat pour s'éloigner de cet environnement, de ces individus, et s'immerger seule dans le monde des livres.

Une nouvelle fois aujourd'hui, elle s'était laissée happer par le dédale de ses pensées. L’humaine, dont la posture princière n’avait pas bougé d’un iota, la fixait d’un regard impassible. Pas une ridule, pas même un mouvement de paupière ne trahissait les pensées de cette femme énigmatique. Elle ressemble aux statues de marbre qui ornent les bâtisses de Stirlingham Palace, songea Alylaïs, sans pouvoir décider si cela était une bonne chose ou non. Sans un mot, elle invita l’inconnue à la suivre vers le fond de la pièce. Nul besoin de consulter son registre pour savoir où était rangé L’Elfe et la princesse du rêve, et alors qu’elle se baissait pour récupérer l’ouvrage et le confier à la cliente, elle fut stoppée net par sa demande inattendue.
Là, accroupie sur le sol, dos à la jeune femme, Alylaïs fut prise de panique. La question avait relancé une vieille blessure que les années avaient réussi à endolorir, ce n’était pas très agréable. Son regard se concentra alors sur un fil vert olive qui dépassait du tapis sur lequel elle se trouvait et ne le lâcha pas pendant plusieurs secondes. L'intérêt soudain d'une femme visiblement issue de l'aristocratie pour son amitié avec Miriel n'augurait rien de positif, et elle ne pouvait se permettre que d'anciennes rumeurs compromettent la réputation de la boutique qu'elle avait ardemment construite dans la société de Londonia.
Sans plus attendre, elle se leva, fit face à la femme-statue et lui dit avec son plus beau sourire :

-Miriel Dafoe vous dites ? Le nom m’est familier… mais vous savez, on voit tellement de monde passer par ici.

Elle marqua une pause et fit mine de réfléchir. Elle pensa alors aux mille autres raisons qui pouvaient pousser cette femme à lui parler de Miriel. Et si elle était en danger ? Pire, et si elle était morte ?
Elle poursuivit son petit tour de jambes social :

-S’il s’agit d’une cliente régulière de Sip&Read, alors ma collaboratrice a forcément inscrit  son nom dans notre carnet d’adresse. Suivez-moi, je vous prie.

Ensemble, elles se dirigèrent vers le comptoir. Alylaïs en profita pour tenter d’obtenir plus d’informations sur la situation sans attirer les soupçons.

-Nombre de nos clients nous partagent leur adresse afin que nous puissions leur faire parvenir certains ouvrages directement à leur domicile. Peut-être pouvez-vous m’indiquer où cette personne réside actuellement ?

À Londonia, il suffisait de connaître le quartier de résidence d'une personne pour déduire aisément sa classe sociale et sa race. En fonction de la réponse, Alylaïs pourrait déterminer non seulement si son ancienne amie avait survécu, mais aussi si elle avait réussi à s'élever socialement

Une fois qu’elle eut atteint la console en bois de l’entrée sur laquelle se déroulaient toutes les transactions de la boutique, elle sortit un lourd carnet d’un tiroir et feinta la recherche en tournant dynamiquement les pages griffonnées. L'elfe patienta avec calme, sentant que finalement, elle n'aurait pas à fouiller l'étagère du bas pour que la jeune femme puisse emporter L'Elfe et la Princesse du Rêve chez elle.
Victoire Crowley
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Victoire Crowley
La lueur chaleureuse qui était née dans le regard de Victoire s’éteignit à mesure que les mots échappaient aux lèvres de l’elfe brune. Elle n’avait pas tort, beaucoup de gens devaient passer dans un endroit comme celui-ci, surtout une elfe mais depuis quand Miriel n’était-elle pas retournée à Londonia ? Cette question, Victoire en avait la réponse mais elle se surprit à retracer ces dernières années. Miriel s’était-elle absentée longuement, ne serait-ce qu’une seule fois ? Bien sûr que c’était arrivée lorsqu’elle l’avait chargé de ses affaires ou quand il lui avait été nécessaire de se rendre auprès de sa famille une ou deux fois. Pourtant les Dafoe ne vivaient pas à Londonia, mais dans une bourgade plus au sud. Évidemment Miriel aurait pu se permettre de faire un saut à la capitale. Avec un bon cheval il n’aurait fallu qu’une journée à la jeune elfe pour rallier la ville. Cependant, elle en aurait été informée. Parce que Miriel n’était pas une menteuse mais également, pour une raison aussi simple qu’évidente ; Victoire ne l’aurait jamais empêchée de s’y rendre. Même durant la saison mondaine, les quelques fois où les Crowley s’étaient établis à Londonia, Miriel n’avait jamais disparu. Ainsi, elle fut convaincue que le registre serait vide.

Docile, elle suivit l’elfe jusqu’au comptoir de la boutique. Ici l’odeur de thé était plus prenante et il y avait un côté un brin bordélique qui manqua d’arracher un sourire à Victoire qui le rattrapa in-extremis pour replonger dans ses pensées. Elle était certaine que cette adresse ne lui avait pas été fournie pour l’unique plaisir que Victoire prenait à la lecture et bien que ce fut une boutique tenue par une elfe, cela n’aurait pas amené Miriel à l'attirer aussi loin de ses propres quartiers. Ce qui était étonnant, d’ailleurs, fut qu’elle ne lui en parle pas avant son départ.” Pourquoi maintenant ?” se demanda la comtesse en fourrant la main dans sa poche pour toucher le bout de papier humide, comme si son contact pouvait lui donner les réponses qu’elle recherchait.

- Seraphim Square. Dit-elle d’une voix atone. Si Miriel avait dû donner une adresse, ce serait celle-ci, le domaine de Crowley était bien trop loin pour y faire envoyer des livres.

A force de réfléchir, Victoire observa seulement deux possibilités à l’information tardive de sa dame de compagnie. Soit elle avait appris elle-même avec un temps de retard la présence de cette Alylaïs à Londonia. Soit elle avait longuement hésité avant de lui en parler mais dans ce cas, pourquoi ? A mesure que ses pensées étaient en train de créer un chemin sinueux dans son esprit, ses yeux se plissèrent.

- Comment vous appelez-vous ? Demanda-t-elle finalement, la curiosité rendant à son regard toute sa lucidité. - Je suis la comtesse Victoire Crowley. Dit-elle avant qu’un long silence ne s’installe entre elles. Le dire ou ne pas le dire. Elle était parfaitement indécise. Et si Miriel n’avait osé lui en parler, qu'en serait-il d’une inconnue qui ne lui faisait pas confiance ? - Miriel est ma dame de compagnie. Avoua-t-elle finalement, tout en priant pour que cette jeune elfe soit bien Alylaïs. Auquel cas elle passerait pour une imbécile purement et simplement.
Alylaïs Cloven
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Alylaïs Cloven
Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres d’Alylaïs. Son amie d’enfance n’avait pas disparue dans les méandres de l’histoire Albionaise comme elle l’avait craint l’espace d’un instant. Au contraire, il semblerait que Miriel avait réussi à maintenir le statut social de prestige auquel ses parents accordaient tant d’importance. Seraphim Square, songea-t-elle. La jeune elfe  n’avait pas souvent l’occasion de s’aventurer dans ce quartier illustre de la ville, et pourquoi le ferait-elle ? Sa place ne se trouvait pas parmi l’élite humaine qui peuplait ces imposants bâtiments aux moulures somptueuses et aux ornements éclatants. Cette partie de la cité offrait pourtant les plus grandes bibliothèques du pays, des trésors de connaissances qu’Alylaïs ne pouvait qu’espérer feuilleter un jour. Et elle le ferait, de cela elle était convaincue.

Alors qu'elle s'apprêtait à annoncer avec regret qu'aucune cliente répondant au nom de Miriel et résidant à Seraphim Square ne figurait dans le registre de la boutique, elle fut brusquement interrompue par les informations nouvellement dévoilées par son interlocutrice, jusqu'alors impassible, qui s'épanchait peu à peu. C’était à n’en point douter la première fois qu’une comtesse mettait le pied à Sip&Read, et Alylaïs ne savait franchement pas si cela était une bonne nouvelle. Bien consciente de l'inanité de reprocher à cette seule personne l'existence du système social inéquitable et injuste dans lequel elles évoluaient, et dont cette dernière profitait, paradoxalement, sa simple présence ici servait de confirmation aux disparités sociales. La noblesse humaine ne venait pas ici, jamais, et encore moins de manière désintéressée.

Soudainement, Alylaïs se remémora des fragments de la personnalité de Miriel. Au pensionnat, elle avait déjà révélé un caractère entêté, soutenu par des convictions qui suscitaient le respect malgré son jeune âge. Si son amie travaillait pour cette jeune femme, cela signifiait qu'elle ne représentait aucune menace. En fait, si elle l'avait envoyée ici, il devait y avoir une raison valable.

-Je me nomme Alylaïs Cloven, annonca-t-elle  avec douceur, comme si elle était heureuse de clore cette longue et superficielle joute sociale. Je suis la gérante de cette librairie.

Sans vraiment attendre de réaction de la part de son interlocutrice -la patience n’ayant jamais été une de ses qualités premières- , elle poursuivit :

-Miriel et moi étions très proches il y a quelques années.

Elle marqua une pause et se reprit de justesse

-Enfin, nous étions de très bonnes amies. Malheureusement, nos chemins se sont séparés et, à dire vrai, je m’inquiétais pour elle. Puis-je savoir comment elle va ?

Puis, comme arrachée à la bulle où elle se trouvait avec Victoire, l'elfe prit soudainement conscience des personnes présentes dans le salon. Elle parcourut la pièce du regard et repéra à travers les vitres de la devanture un petit groupe de personnes sur le point d'entrer. Il s'agissait de clients réguliers qui trouvaient refuge chez elle lorsque le temps était morose, propice aux longues heures de lecture.

-Que diriez-vous de discuter de tout cela ce soir, quand le magasin sera vide ? Nous aurons tout le loisir de parler librement à ce moment là. Elle observa le visage lisse de son interlocutrice cherchant à faire apparaître une ridule au niveau du coin de sa bouche. Le thé sera bien chaud.
Victoire Crowley
Aristocratie
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Victoire Crowley
Victoire dûe s’armer de toute sa maîtrise de l'Etiquette pour ne pas soupirer bruyamment de soulagement. Cependant le poids sur sa poitrine s’envola à mesure qu’Alylaïs se révélait à elle. Aussi méfiante qu’elle avait pu l’être envers elle, elle finit enfin par lui livrer ce secret que Miriel avait gardé bien caché ; leur lien. Celui qui reliait les deux elfes, celui qui la reliait à la comtesse mais également celui qui reliait Victoire à Alylaïs. Ce dernier, était encore flou mais elle comptait bien éclaircir ce mystère dans lequel sa suivante l’avait plongée. Car si elle était certaine d’une chose c’est qu’elle ne l’avait pas fait sans raison.

- Cela me semble… Complexe, Dit-elle finalement en faisant glisser sa pelisse le long de son bras pour la remettre sur ses épaules. Avant de reprendre, elle baissa la voix - Une dame de ma condition, même veuve, ne peut guère se permettre de se promener dans les rues des petits quartiers en pleine nuit. Ma réputation risquerait d’en pâtir et je ne peux me le permettre pour l’instant. Comment pourrait-elle agir pour Miriel et les siens si elle était subitement déconsidérée par les paires qu’elle espérait ardemment convaincre ? A la place elle tendit la main par-dessus le comptoir, attrapa un crayon de papier et nota son adresse sur le registre. Sans surprise, son écriture était délicate et élégante, rappelant sans peine à qui appartenait la dextre qui venait d'annoter. - Je vous enverrai une de mes personnes ce soir, qui vous accompagnera et vous raccompagnera.

Jouant habilement avec le ruban de son vêtement, elle s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’elle marqua un arrêt bref. Un sourire souleva le coin de ses lèvres et son regard se réchauffa légèrement. - MirieL… Elle sembla réfléchir à ses paroles. - Se porte plutôt bien, je crois. Puis elle tourna les talons sans plus de cérémonie.

Le chemin du retour lui sembla plus court que celui de l’aller et pour cause, son esprit était accaparé par l’intrigue qui était en train de se peindre sous ses yeux. Cela monopolisa tellement son attention que le soir et l’obscurité avaient déjà envahit Londonia lorsqu’elle daigna enfin penser à autre chose. Évidemment, lorsqu’elle était rentrée elle avait donné ses consignes ; ce qui expliquait maintenant que sa maison était dépourvue de son majordome. Il était sans doute la personne qui lui serait le plus fidèle -après Miriel - mais aussi intègre, c’est pour cela qu’elle l’avait chargé d’escorter Alylaïs. Loin d’être un jeune homme, il connaissait Londonia mieux que personne et pourrait ainsi les faire parvenir jusqu’ici avec toute la discrétion qui incombait.

Victoire était assise dans le divan qui trônait au milieu du salon lorsque l’elfe fit de nouveau son apparition. Ses cheveux blancs bouclaient légèrement sur ses tempes, preuve qu’au dehors l’humidité avait encore la part belle et il s’inclina bassement.

- Mademoiselle Cloven est dans l’entrée.

Victoire s’arracha à son confort, lissa ses jupes et croisa sagement les mains devant elle.

- Faites la entrer et demandez aux cuisines de préparer de quoi… Manger ? Boire ? Elle soupira. - Commençons par du thé voulez-vous ? L’elfe hocha la tête et disparut chercher l’invitée.

La maison secondaire des Crowley était riche c’était indéniable mais bien moins que lorsque le comte en était maître. Depuis que la demeure était revenue à Victoire, elle en avait fait un endroit bien plus cosy et chaleureux que luxueux. Alylaïs pourrait également remarquer que le seul humain au sein de cette maison, n’était autre que la comtesse elle-même.

Alylaïs Cloven
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Alylaïs Cloven
L’immensité de la demeure de la comtesse était écrasante. Tout autour d’Alylaïs semblait tiré d’un de ces livres de contes que sa mère lui lisait avant de rabattre sur elle la couverture, lui embrasser le front et lui souhaiter une bonne nuit. Il y avait bien des tentures aux couleurs réconfortantes et plusieurs variétés de plantes disposées ça et là, mais aucun de tous ces artifices ne parvenait à atténuer l’obséquiosité du bâtiment lui-même.  Au milieu de tout ce faste, l’elfe se dit qu’elle aurait réellement préféré que tout cela se fasse dans sa boutique certes étroite mais chaleureuse. Ceci dit, madame Crowley avait évoqué des arguments plus que valides auxquels elle n’avait rien à opposer. Une dame de son rang ne pouvait vagabonder à Islington Bridge la nuit sans risquer d’entacher sa réputation par des rumeurs rampantes, et Alylaïs ne comprenait que trop bien l’importance d’une réputation pour les personnes comme elle.

La présence du vieux majordome était rassurante, même sans le connaître il représentait pour la jeune elfe un élément familier dans cet environnement énigmatique. Alors qu’ils venaient de passer le seuil de la porte d'entrée, il lui fit signe d’attendre et s’aventura dans un des nombreux couloirs labyrinthiques de la demeure. Alylaïs profita de cet instant seule pour penser à la myriade de façons dont le visage de Miriel avait pu changer depuis la dernière fois où elles s’étaient parlé. Elle imagina son amie avec le visage à peine moins rebondi et les cheveux plus courts. Peut-être est-elle enceinte ? Après tout, la réponse laconique de la comtesse concernant le bien être de Miriel laissait la porte ouverte à bien des suppositions. D’un revers de cils, elle balaya ses interrogations. Elle le saurait bien assez tôt : ce soir, elle revoyait enfin son amie d’enfance. Quelques brèves minutes plus tard, le majordome revint et l'enjoint à le suivre. Alors que leurs bruits de pas s'étouffaient dans les tapis épais qui ornaient le sol, Alylaïs remarqua l’abondance d’étagères fixées aux murs accueillant d’innombrables livres. L’elfe parvint même à saisir quelques titres à la volée et, en connaisseuse, n’eut pas de mal à déceler l’appétence de la comtesse pour la mythologie. En plus de Miriel, voilà autre chose qu’elles avaient en commun.
Après ce qui lui sembla être d’interminables secondes, ils atterrirent dans une vaste pièce où Victoire l’attendait debout. Le majordome se retira discrètement. Seule face à la beauté de la jeune femme, Alylaïs eut soudain fort conscience de l’amat de frisottis que le temps humide avait causé dans sa chevelure. Elle faisait désordre, mais fit de son mieux pour ne pas laisser son malaise transparaître.

-Jasmin ? Elle désigna du regard la théière fumante sur la table basse. C’est mon thé préféré.

Elle parcourut une partie du salon et se dirigea instinctivement vers la fenêtre qui offrait une vue imprenable sur la ville. Rares étaient les occasions où elle pouvait contempler Londonia d’en haut, cela lui donnait une nouvelle perspective.

-Cette ville est pleine de mystères, vous ne trouvez pas ? Elle marqua une pause et poursuivit comme pour elle-même, Je me demande quand aura lieu le mariage royal. Cette attente n’augure rien de bon…

Après un court silence elle fit volte face et scruta le visage immaculé de Victoire.

-Miriel devait diriger Sip&Read avec moi, vous savez. Nous avions pour ambition d’en faire un salon mixte pour que les humains et les elfes échangent enfin librement. Elle s’avança légèrement. Je suppose que c’est pour que nous puissions parler de cela toutes les trois que vous m’avez fait venir. Merci.
Victoire Crowley
Aristocratie
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Victoire Crowley
Si Alylaïs pouvait faire tâche de part ses vêtements et ses cheveux dont la liberté semblait bien plus féroce que ses épingles, elle ne dénotait pas plus que l’humaine au milieu des elfes. A leur façon, les deux femmes qui se faisaient face n'étaient pas complètement à leur place dans cette maison. Mais l’une comme l’autre semblait tout à fait en mesure d’ignorer parfaitement cet état de fait pour se concentrer sur l’essentiel ; leur rencontre qui n’était rien de plus ni de moins que l’ébauche d’un plan machiavélique établie par celle qui les liait bien malgré elles. Sans le laisser paraître, Victoire ne put s’empêcher de maudire Miriel qu’elle imaginait sans peine rire aux éclats lorsqu’elle lui raconterait le déroulement de cette rencontre. Elle regretta immédiatement son absence et retint de justesse un long soupir qui aurait trahi ses sentiments. Heureusement, son invitée ne la laissa pas se perdre plus longtemps dans ses pensées et avança dans la pièce pour observer la fenêtre qui donnait sur le petit jardin de la comtesse. Elle était sur le point de répondre à sa question, mais il lui sembla évident qu’il ne s’agissait là que d’une question rhétorique mais également qu’Alylaïs avait envie de parler alors elle ne l’interrompit pas joignit aimablement ses mains sur le devant de robe.

Si Victoire avait été en train de boire un thé, elle aurait presque été certaine de recracher ce qu’elle était en train de boire sur le champ. Par chance elle était encore debout et il ne lui fallut qu’empêcher ses yeux de s’agrandir d’étonnement. Ses sourcils cependant la trahirent en se haussant avant de retomber brusquement dans la neutralité presque surnaturelle qu’arborait de manière quasi constante son visage de porcelaine.

- Je… Que diriez-vous de vous asseoir. Je ne saurais vous dire s’il s’agit de thé au jasmin mais je sais que Laurelin n’a pas son pareil quand il s’agit de le servir et je ne me souviens pas avoir jamais goûté meilleur thé que le sien. D’un geste poli, elle désigna le divan et le fauteuil qui faisait face à l’âtre de la cheminée où les braises d’un feu mourant rougeoyait doucement. Elle suivit son invitée et prit elle-même place autour de la table quand une jeune elfe aux oreilles si longues et pointues qu’elles dépassaient de ses cheveux vint les servir. - Mais si celui-là ne vous convient pas, je peux toujours le faire renvoyer en cuisine.

Pour sa part, elle avait en entière confiance en ses domestiques pourtant, elle ne porta pas la tasse à ses lèvres tout de suite. Imitant la jeune femme, elle tourna à son tour le regard vers l’extérieur.

- S’il n’y avait que le mystère… Soupira-t-elle. - J’imagine que le roi Valérius à besoin de faire le deuil de son frère. Il ne serait guère… bien vue de fêter des épousailles alors même que son corps est encore chaud. Tout du moins j’espère que l’attente n’est due qu'à cela. Dans le cas contraire...Elle haussa les épaules. - Je crains qu’il nous faille attendre et voir.

Enfin, ses doigts s’enroulèrent gracieusement autour de la hanse de sa tasse et elle souffla doucement sur le breuvage avant de le porter à sa bouche pour y tremper les lèvres. Les prémisses d’un sourire fit frémir ses lèvres.

- Je ne savais pas que Miriel aimait à ce point les livres. Ou peut-être que ce n’était, finalement, pas les livres. Les iris d’acier de Victoire scrutèrent attentivement le visage d’Alylaïs avant de se baisser à nouveau.  - Hélas, je ne pense pas que Miriel nous ait réuni pour faire de votre salon de thé un lieu de mixité. Quoi que l’idée n’était pas si sotte et méritait que l’on y revienne. - Mais ses raisons ne sont, à mon avis, pas si éloignées.  Victoire laissa le silence retomber, buvant son thé tout en réfléchissant à la manière d’aborder le sujet épineux qui la taraudait. Il s’écoula de longue seconde avant qu’elle ne daigne prendre la parole. - Je ne suis pas venu à Londonia pour les mondanités, ni pour cette maison. Je suis venue plaider la cause des vôtres, celle de Miriel et pour cela je vais avoir besoin de tous les soutiens que cette maudite ville a à offrir. Même celui d'un salon de thé elfique.

Alylaïs Cloven
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Alylaïs Cloven
La conversation prenait un tournant auquel Alylaïs ne s’attendait vraiment pas. Elle accepta volontiers l’invitation de l’hôte, et pris place dans un des confortables fauteuils que les flammes de la cheminée rougissaient. Sans vraiment prendre le temps d’attendre, l’elfe se saisit d’une tasse et sirota le thé qui était pourtant brûlant. Son odorat ne l’avait pas trahie. Un goût de jasmin complimenté par une touche de miel envahit sa bouche. Instinctivement, elle s’enfonça dans les coussins.

-C’est parfait, merci.

Levant ses yeux de la table basse, elle observa Victoire. Son visage était décidément impassible, cependant, elle remarqua une pointe d’inquiétude lorsqu’elle évoquait l’avenir du royaume. Alylaïs tourna sa tête vers l’âtre et songea à ses réflexions de la matinée. Alors qu’elle était encore lottie dans la chaleur de ses draps en coton, lui était venue l’idée folle de partir. Quitter Londonia pour de bon et vivre une vie loin du tumulte de cette ville. Malgré la réussite de Sip&Read, la jeune elfe était fatiguée d’attendre que les choses changent. Courir après le bonheur n’avait finalement fait que l'essouffler, l’éloignant davantage du véritable chemin vers son épanouissement personnel. Malgré son envie farouche d’indépendance et de liberté, elle avait soif de liens sociaux, de connexions émotionnelles fortes et d’amitié fusionnelles. Hélas, les interactions quotidiennes qu’elle avait avec sa clientèle n’étaient que trop superficielles pour satisfaire un tel appétit, et cette ville l’empêchait d’aspirer à mieux. Recommencer ailleurs, me réinventer… avait-elle songé. Mais partir c’est renoncer, un mot qui ne faisait pourtant pas partie de son vocabulaire.
Il semblait que Victoire était parvenue à la même conclusion : attendre et voir. Pendant un bref instant, Alylaïs se demanda si la jeune femme était aussi déçue qu’elle de sa vie dans la capitale. Puis, lorsqu’elle l’entendit qualifier Londonia de “maudite ville”, elle compris.

-En réalité, la lecture était une des choses que nous avions en commun, Miriel et moi, dit-elle. Sans doute car les livres représentaient alors le meilleur terrain pour faire naître nos rêves et nos ambitions.

Alylaïs marqua une courte pause, le temps d’outrepasser la déception de ne pas pouvoir revoir son amie. Mais elle enchaina rapidement :

- J’admire votre dévotion pour la cause des elfes et je ne doute pas que l’amitié que vous portez à l’endroit de Miriel y soit pour quelque chose. Elle inspira profondément. Il faut que vous sachiez que ce combat, ma famille et moi le menons depuis des années et tout ce que nous avons constaté sont des clients elfes qui viennent dans notre boutique à la nuit tombée et des promesses de fiançailles royales encore non concrétisées.

Alylaïs se leva pour s’accouder sur la cheminée. La chaleur apaisait le feu qui brûlait en elle. Elle se laissa hypnotiser par la danse infernale des flammes, chacune suivant sa propre route sans se soucier du chaos que cela créait dans l’âtre. Elle leva la tête et fit volte face.

-Ceci étant dit, je suis prête à vous suivre et considérez que mon magasin est à votre disposition, quoique vous ayez en tête.
Victoire Crowley
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Victoire Crowley
Si l’on avait dit à Victoire qu’il serait aussi aisé que cela de convaincre les gens de sa bonne foi, elle ne se serait pas fatiguée à faire plus de ronds de jambes qu’il n’était nécessaire de le faire. Cependant elle craignait, à juste titre, que les échanges avec les parties humains ne soient plus complexes. Ils étaient ceux qui avaient le pouvoir et la jeune comtesse n’eut jamais connu qui que ce soit qui aimait le perdre. Pour autant, elle ne s’était guère attendu à une réaction aussi vive et franche de la part de la jeune femme qui lui faisait face.

- Je ne suis pas un dévot madame Cloven, je gage que bien des elfes le seront bien plus que je ne le serais jamais. Elle porta le thé à ses lèvres et bu silencieusement une petite gorgée. - Mais je n’aime pas l’idée qu’une race prévale sur l’autre. Tout comme, je n’aurai pas apprécié vivre à l’époque ou votre peuple asservissait le mien. J’ai l’espoir naïf de vivre équitablement et les épousailles du roi avec la princesse seraient… Elle soupira. -... Me faciliteraient grandement la tâche. C’était un euphémisme. Si la reine était une elfe, les objectifs qu'avait Victoire seraient enfin à portée de main. Ils ne seraient plus qu’une simple utopie dans l’esprit d’une jeune veuve.

Ses yeux, qui s’étaient posés sur la tasse fumante se relevèrent vers Alylaïs alors qu’elle reposait son thé sur la table.

- Quand vous dites que votre famille menait déjà ce combat… Que voulez-vous dire ? Rien ne garantissait qu’elle obtienne une réponse. Après tout, selon les activités mené par la famille de l’elfe, cela pourrait s’avérer des informations délicates voire complètement compromettantes et rien ne l’obligeait à les révéler. Victoire elle-même n’était pas sûre de vouloir en prendre la pleine connaissance, mais si elle voulait s’engager dans une cause il lui fallait se mouiller et pas seulement rester spectatrice. Aussi, elle quitta son siège et se mit à arpenter la pièce d’un pas calme.

- Vous qui êtes une elfe, quelles sont les choses que vous voudriez voir changer en premier lieu ? Demanda-t-elle, les sourcils froncés tout en fixant le sol. - Je veux dire, je sais qu’elles sont nombreuses mais je veux parler de priorités. Nous ne pourrons pas faire changer les choses du jour au lendemain alors je vous le demande : qu’est-ce qui importe le plus ? A cet instant, elle s’arrêta de marcher et planta son regard dans celui de la jeune femme près de la cheminée. Ses épaules étaient raide mais son air déterminé, si Alylaïs était vraiment l’alliée que Miriel lui promettait peut-être qu’enfin, les choses pourraient changer.

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