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Eirian Elden
Roturier
Influence : 297
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Eirian Elden
Un ventre affamé n'a guère égard pour les convenances qui lui commandent de se taire.
Fineas – tu avais choisi de le nommer ainsi pour lui attribuer une origine un peu plus prestigieuse que la tienne – avait longtemps été un musicien médiocre. Techniquement compétent, mais il lui manquait ce je-ne-sais-quoi qui distingue les grands artistes. Malgré ses efforts et sa persévérance, il dut se résoudre à changer de voie quand la famine commença à le toucher, le forçant à se reconvertir en professeur de musique pour de jeunes aristocrates dénués de talent. Au début, il trouva quelques familles aristocratiques disposées à l'engager, mais rapidement, probablement en raison des changements sociétaux traversés par leur cher royaume d’Albion, ses riches employeurs le délaissèrent au profit de professeurs plus... humains. C'est ainsi.
Au départ, cette situation ne fut pas trop problématique. Toutefois, les choses se compliquèrent lorsque l'argent commença à manquer. Maigrir à cause de repas moins fréquents n’était qu'un souci mineur, mais lorsque le paiement du loyer devint un problème, il dut s'attaquer sérieusement à la question. Des employeurs elfes ? Il avait tenté d'en trouver, mais se faire un nom s'avérait difficile quand les salons musicaux hésitaient à engager des artistes elfes, et que son expérience en tant que professeur était trop courte pour bénéficier de l'effet du bouche-à-oreille. Finéas ne trouva pas de solution, car évidemment, cela ne t'aurait pas arrangé s'il en avait trouvé une. Face à cette impasse, Finéas décida de braver les interdits et les conventions sociales, osant frapper à la porte d'une Noble réputée, selon quelques murmures, pour être bienveillante envers les elfes.

Finéas te semblait être le personnage idéal pour aborder cette demeure. Un peu de maquillage pour souligner davantage ses traits épuisés et ta maigreur naturelle - exacerbée par la diminution des repas afin de coller au personnage -, une teinture pour foncer tes cheveux bouclés, et quelques vêtements usés mais de bonne qualité pour compléter l'histoire d'un professeur issu de la bonne société, désormais sans les moyens de renouveler sa garde-robe. Assez misérable pour susciter la sympathie d'une prétendue humaine soucieuse du bien-être elfique, mais pas trop sordide pour révulser une noble dame peu encline à affronter la dure réalité de ce monde. Un équilibre parfait entre le pathétique et l'acceptable, en somme.

Lorsqu'il frappa à la porte du domicile qu'on lui avait indiqué comme celui de la noble dame, Fineas fut accueilli par une domestique. Elle écouta avec méfiance son discours un peu décousu mais poli. Comme il s'y attendait, et ne sachant pas comment réagir, elle alla chercher l'intendant. Cet homme, à son tour, écouta les supplications polies et courtoises d'un Fineas pleinement conscient de la nécessité de les convaincre, la faim se faisant de plus en plus pressante dans son estomac le lui confirmant. Après une longue réflexion, l'homme partit, laissant Fineas soupirer de soulagement. C’est un début.
La domestique lui proposa alors un verre d'eau, qu'il accepta volontiers, l'accompagnant alors à la cuisine en attendant que l'intendant informe sa maîtresse et revienne avec une réponse. Cette petite allée jusqu’au cuisine fut le moment idéal pour confirmer ce que tu savais déjà : tous les domestiques étaient des elfes… Hm. Attention néanmoins, cela n'indiquait pas forcément une bienveillance envers ton peuple : combien d’humains préféraient employer des elfes pour mieux les rabaisser ? Néanmoins, le fait que même l'intendant soit un elfe te permet légitimement de douter. Habituellement, les postes décisionnels et de pouvoir sont réservés aux humains, ce qui rend cette situation inhabituelle dans la maison d’une femme de cette même race. On dirait que le Marquis avait raison de s'intéresser à cette dame au point de t'envoyer ici… Mais ne tirons pas de conclusions hâtives, prenons le temps de distinguer la vérité des apparences biens heureuses…

Finalement, Fineas a eu le temps de finir son verre et d'échanger poliment quelques mots avec la gentille domestique, attentive à ce qu'il reste en place et ne subtilise rien, avant que l'intendant ne revienne, faisant se lever précipitamment le professeur de musique, tandis que l’autre examinait d'un œil critique sa tenue. Elle devait lui sembler inappropriée pour une présentation à sa maîtresse, mais Fineas n'avait malheureusement rien de mieux. Le repassage et le lavage de la veille ne semblaient pas suffisants pour le rendre assez présentable face aux yeux délicats d’une noble dame…

« Madame accepte de vous recevoir. Vous avez de la chance, elle n'attendait personne. » C'était une manière à peine voilée de lui rappeler son écart significatif par rapport au protocole qui aurait voulu que ce soit elle qui le sollicite, si un jour elle avait entendu parler de lui et voulu un professeur de musique, et non lui qui s’invite chez elle. Quel professeur de musique oserait faire du porte-à-porte chez des aristocrates ? Une telle démarche constituait une intrusion marquée dans leur vie privée, un outrage qui aurait pu lui valoir sa réputation. Mais Fineas n’avait justement pas de réputation, raison pour laquelle il mourrait de faim, en attendant des employeurs qui ne venaient pas le solliciter. Non, nécessité faisait loi, et Fineas ne pouvait que se féliciter de la magnanimité avec laquelle la dame ne lui en tenait pas rigueur. Il murmura de timides excuses, baissant légèrement la tête, serrant fermement son chapeau d'une main et son violon de l'autre tout en suivant l’homme à travers les couloirs de la fastueuses demeure. C'était ici que tout se jouerait…

Lorsque l'intendant ouvrit la porte, il annonça l'invité : « Monsieur Fineas Snow, madame », avant de permettre à Fineas d'entrer, ce dernier s'inclinant profondément devant la dame déjà présente dans le petit salon. Elle était indéniablement belle et jeune, et à sa tenue, il devina qu'elle était veuve, ce que tu savais déjà. « C’est un très grand honneur de vous rencontrer, Madame la comtesse. Je ne saurais exprimer toute ma gratitude pour avoir accepté d'accorder un bref entretien à ma modeste personne. » D'une voix obséquieuse, légèrement bégayante sous le coup de l'émotion, Fineas s'inclina de nouveau, comme pour renforcer ses paroles de gratitude. Rien n'était encore acquis, c'était vrai, mais elle avait accepté de le rencontrer, malgré le fait qu'il soit un elfe sans le sous et elle, une humaine bien née.
Les temps changeaient, indéniablement…
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If I look back I am lost
“La nature du monde est telle que lorsque nous créons quelque chose, nous détruisons souvent autre chose en parallèle”


Victoire Crowley
Aristocratie
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Race : Humain

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Victoire Crowley
L’intendant se tenait depuis déjà plusieurs minutes dans l’embrasure de la porte lorsque Victoire leva enfin les yeux du livre dans lequel elle était plongée. Depuis toujours elle avait la fâcheuse habitude de se laisser happer bien loin de son esprit dès que l’occasion se présentait et la lecture en était une très bonne. De plus, le temps aujourd’hui n’était pas au beau fixe ; il faisait même froid. Alors elle avait préféré aller se pelotonner sur la méridienne qui donnait une vue imprenable sur le petit jardin où un jardinier tentait, non sans peine, de tailler les rosiers dont il ne restait plus que les épines. Un peu plus loin, il y avait une épaisse haie et un banc. Elle y avait passé de nombreuses heures, à l’ombre du saule, pour espérer échapper aussi bien à son fils qu’à son époux. Maintenant que le ciel s’assombrissait et que les nuages grisonnant portaient en leur sein la promesse d’une pluie diluvienne, elle se sentit plus seule que jamais. C’est cette étrange sensation qui l’avait arraché à sa lecture et peut-être, aussi, le regard fatigué du vieil intendant qu’elle connaissait depuis presque dix ans maintenant.

- Vos lettres, Comtesse. Dit-il quand il fut certain d’avoir son attention. Aussi discret qu’une souris, il entra d’un pas léger dans la pièce et déposa le plateau avec les trois lettres qui y trônaient. Une pour chacun des membres de sa maisonnée prédit elle. Le vieil homme les déposa puis tourna les talons. Victoire qui était toujours installée sur la méridienne laissa son regard courir jusqu’au bureau, tout en regrettant que le feu ne puisse la suivre jusqu’à là ou le bureau venir jusqu’à elle puis elle se leva enfin.

Le manoir au domaine de Crowley était impressionnant, opulent et ostentatoire tout comme l’était feu son Comte. La demeure de saison, celle qu’ils habitaient à Londonia n’avait rien à lui envier. Les dernières rénovations y avaient été effectués un peu moins d’un an avant la mort de son propriétaire et elle disposait d’un jardin suffisamment grand pour que Victoire puisse y faire pousser à peu près toutes les fleurs qui lui faisaient envie bien qu’il n’eut d’égal face à celui de sa résidence principale.  La jeune veuve y avait maintenant seule avec ses domestiques et parfois il lui semblait que la maison était mille fois trop grande pour sa propre personne. Si elle avait plusieurs fois songé à la vendre pour s’offrir un pied à terre plus discret, elle n’en avait rien fait à cause de Damian qui, un jour, revendiquerait l’héritage de son père et sans doute aimerait-il y passer les saisons mondaines avec sa famille.

Cela faisait peut-être une heure que Victoire avait trouvé sa place derrière son bureau. Son dos était appuyé sur le dossier de sa chaise, les épaules légèrement voûtées comme elle se le permettait quand personne n’était là pour la regarder. Sa plume trempait nonchalamment dans un encrier alors qu’un pot de poudre débouchée s’était renversé sur le coin droit. Plusieurs feuilles de papier étaient disséminées ici-et là. Les trois lettres avaient été ouvertes ; celle d’Aubrey qui lui contait l’état de ses finances ainsi que la tristesse pesante de son absence avait prit la direction du feu de cheminée et celle de Damian avait reçue une réponse manuscrite douce et attentive bien que marquant une franche distance, exactement comme elle l’avait toujours fait. Enfin la troisième, celle de Miriel, trônait encore dans sa main. C’était un plan, dessiné à main levée et aux proportions plus que douteuses mais probablement suffisantes pour permettre à la comtesse de trouver sa route. Il y avait également le nom d’un salon de thé, le “Sip & Read” et celui de la gérante. Alylaïs Cloven. Une elfe qui avait autrefois connu Miriel. C’était tout. Elle ne lui avait pas annoncé ni les circonstances de leur entente, ni la raison de l’évocation de son nom. Victoire en devina cependant la raison ; leur cause commune, le statut elfique.

Lorsque l’intendant se manifesta une nouvelle fois, Victoire manqua de sursauter. Comme il n’était pas homme à la déranger sans raison, elle l’écouta avec attention, ses sourcils se haussant peu à peu tandis qu’il lui exposait la situation. C’était impromptu. Impromptu et inconvenant. Mais c’était exactement ce qu’il lui fallait alors, sous le regard désapprobateur du vieil homme qui aurait rabroué le visiteur si seulement il n’avait pas eu autant d’égards pour la maîtresse de maison, elle demanda à ce que cet elfe lui soit présenté.

Victoire n’avait pas besoin de cours de musique et encore moins de violon, principalement car elle n’en avait jamais fait et que ceux de clavecins lui suffisaient amplement mais sa curiosité était piqué au vif et plus que cela, elle pouvait aider. Se sentir enfin utile pour cette cause qu’elle avait décidé de faire sienne. Hélas les conseils de Miriel lui manquaient et elle eut aimé qu’elle se trouve à ses côtés pour le recevoir et peut-être le rassurer. Cependant, elle n’était pas idiote. Rares auraient été les individus à se présenter ainsi sans être attendu, plus encore un elfe. Le bouche à oreille allait bien plus vite qu’elle ne l’avait imaginé et cela lui fit un peu peur.

Quand Fineas entra, c’est son visage qui manqua de fracturer son masque de froideur. Il était d’une beauté saisissante, frappante même, de celles que l’on ne croise pas chaque matin. Sa symétrie était telle qu’il semblait avoir été sculpté dans le marbre et aurait pu rendre jaloux autant les hommes que les femmes. Néanmoins ses yeux d’un rouge profond étaient auréolés de cernes si profonds qu’elle peina à en imaginer sa fatigue. Puis il y avait ses fripes, qui paraissaient avoir eut plusieurs vies et peut-être était-ce le cas. Si Victoire éprouva une quelconque forme de pitié, elle n’en laissa rien paraître et le laissa parler sans l’interrompre. Ses yeux d’orages l'observaient avec attention de la pointe de ses cheveux bruns au bout de ses bottines élimées. Elle le détailla avec attention, essaya de lire en lui puis lorsqu’il se tut pencha poliment la tête pour le saluer.  

- Votre visite était inattendue monsieur Snow. Dit-elle sur un ton où nuls reproches ne perçaient, une simple constatation et un soupçon d’étonnement. - L’on m’a dit que vous étiez professeur de violon. Son regard avisa l'étui dont il ne semblait pas vouloir se séparer. Finalement, Victoire s’arracha de sa chaise et passa devant l’elfe dont l’odeur timide de printemps lui rappela aussi bien celle de Miriel que de Nandil. Le léger froncement de ses sourcils fut le seul signe du pincement de son cœur avant qu’elle ne revête une fois de plus son masque impartial. - Suivez moi.

Ils empruntèrent un long corridor dont le sol en tapis rouge et or étouffait le bruit de leur pas. Le long des murs trônaient tableaux et peintures dont Victoire ne connaissait pas les artistes. Une décoration traditionnelle tout ce qu’il y avait de plus commun. Leurs pas s'arrêtèrent devant une haute porte en bois blanc et aux poignées cuivrées. Quand les battants s'ouvrirent, ce fut sur une grande pièce de musique où trônait un élégant clavecin. Présent de son défunt époux. Ce que William Crowley ne savait cependant pas, c’est que Victoire exécrait le clavecin au moins autant qu’elle le détestait lui. Elle haïssait le son aigu de ses touches et la particularité de son grain. Si elle avait appris à en jouer c’était uniquement car son père, le Vicomte, l’avait souhaité et qu’il n’était pas homme à qui l’on pouvait dire non.

- Voici la salle de musique. Énonça-t-elle.

En plus du grand piano, il y avait également des pupitres et des livres ainsi qu’une grosse cheminée où aucun feu ne semblait avoir été allumé depuis bien longtemps. Traversant la pièce, Victoire alla s’installer précieusement sur l’un des fauteuils et demanda d’une voix plus douce qu’elle n’en avait employé jusqu’ici :

- Voudriez-vous bien me jouer un morceau, monsieur Snow ? Si elle devait en faire son professeur encore fallait-il qu’il sache jouer.

Eirian Elden
Roturier
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Eirian Elden
Un ventre affamé n'a guère égard pour les convenances qui lui commandent de se taire.Le ton adopté par la comtesse est empreint de politesse, dénué de toute trace de réprobation ou de condescendance qu'avait redouté Fineas. Un souffle d'espoir semble s'immiscer dans son esprit : peut-être, juste peut-être, aurait-il l'opportunité de présenter sa requête avant d'être éconduit...

« C'est tout à fait exact, Madame la comtesse », répond Fineas, sa voix trahissant l'anxiété inhérente à celui qui s'adresse à une personne de rang si élevé. « Hélas, je n'ai pas eu l'honneur d'exercer ce métier aussi longtemps que je l'aurais souhaité. » Son aveu est teinté d'une pointe de pénitence, bien qu'il s'efforce de ne pas sombrer dans la plainte. Le défi, ici, réside dans l'art délicat de communiquer suffisamment pour justifier son comportement, tout en adhérant aux normes d'une société qui exige la réserve sur les tribulations des gens modestes. Pourquoi donc dévoiler les peines des humbles aux yeux des grands de ce monde ? Allons, un peu de dignité, cher Fineas…

Avant que Fineas ne puisse ajouter davantage, la comtesse se lève de sa chaise et lui fait signe de la suivre. Il obtempère sans poser de question. Pendant ce temps, tu prends un moment pour rassembler tes pensées, profitant de la surprise de ton personnage. La comtesse aurait-elle déjà décidé de te renvoyer ? Tu évalues rapidement tes options, te demandant si insister avec Fineas serait nécessaire, ou s'il te faudrait adopter un autre visage pour revenir... Cependant, avant même de finis ta réflexion, tu réalises soudain que le chemin emprunté ne mène pas vers la sortie. Non, c'est vers une autre destination que Fineas – et toi, par extension – êtes guidés.

Une salle de musique. Bien sûr.
La révélation n'aurait pas dû te surprendre, et pourtant, elle le fait. Habituellement, un professeur de musique de renom n'a guère besoin de démontrer ses compétences lorsqu'il est convoqué par un employeur potentiel, sa réputation le précédant. Mais Fineas, dans son anonymat, ne jouit pas de ce luxe. Il est donc naturel, tu le conçois, qu'une personne de discernement souhaite s'assurer de ses talents avant de risquer d'engager un imposteur. C'est une réalité que Fineas comprend bien, même s'il n'est pas en position de la discuter.

« Bien sûr, Madame, ce serait un honneur de vous interpréter quelque chose. J'ai en tête un morceau tout à fait approprié pour une écoute solitaire, un morceau parfaitement adapté, aussi parfait qu'il est possible de l'être pour une telle occasion », déclare-t-il avec un enthousiasme feint, tentant d'insuffler de la vivacité à la situation, comme pour cacher sa nervosité évidente que ses mots superflus ne peuvent cacher. Avec précaution, il extrait son violon de son étui, le tenant délicatement entre ses mains, tandis qu'il place l'étui à l'endroit désigné. La pièce n'a pas été préchauffée ni aménagée pour une telle prestation, mais Fineas ne se permet aucune plainte, reconnaissant déjà pour l'opportunité qui lui est offerte. Ignorant le froid qui mordille ses doigts, il saisit l'archet et se positionne avec une aisance professionnelle... Puis, il commence à jouer.

Alors que le violon de Fineas remplit la pièce de ses mélodies, une lutte intérieure se dessine derrière chaque note. La musique, ce langage universel, s'élève au-delà de la froideur impersonnelle de l'environnement, devenant un pont précaire entre lui et un avenir incertain. Mais dis moi, Eirian, combien de temps s'est-il écoulé depuis la dernière fois que tu as touché à cet instrument par choix plutôt que par nécessité ? Cet objet, jadis objet de haine et de ressentiment, te rappelle un passé où la douleur et la contrainte se mêlaient à la pratique de l'art. Il n’y a jamais eu aucun plaisir. Seulement des ordres. Seulement une volonté indépendante de la tienne.

Chaque mouvement de l'archet, bien que techniquement impeccable, trahit une absence émotionnelle profonde. Un vide que rien ne comble. Ton esprit est ailleurs, lui, partie se réfugier dans les recoins les plus reculés de ta psyché, là où autrefois il cherchait en vain un refuge contre la douleur infligée pour des erreurs jugées inacceptables. La perfection mécanique de ta prestation est là, indéniable, mais elle est dénuée d'âme. Les notes, bien qu'exécutées, sans faille, sont vides de la passion qui donne vie à la musique. Tu n’es pas un musicien Eirian. Tu n’en seras jamais un, car la véritable musique exige un cœur pour y insuffler la vie, pour transformer les notes en émotions palpables…

La partition s'écoule comme une mécanique bien réglée, Fineas interprétant une œuvre classique de Bach avec une précision académique. La pièce est belle, techniquement exigeante, mais cruellement dépourvue de ce je-ne-sais-quoi qui rendrait le morceau moins oubliable. Un vrai mélomane aurait sans doute expulsé Fineas de la demeure, critiquant son absence flagrante de passion. Pourtant, la noble dame reste, écoutant jusqu'au dernier accord cette performance glacée. Elle est impeccable, mais d'une froideur implacable.
À la fin du morceau, tu es si déconnecté de tes propres sentiments que tu ne perçois même pas le poids émotionnel que cela te coute, de jouer de nouveau. Tout cela n'a jamais eu aucune importance de toute façon, non? Ton seul souci est d'endosser ton rôle, de servir ton maître sans faillir...

« Était-ce à votre goût ? Je vous assure, mon répertoire est bien fourni, je peux jouer autre chose si cela ne vous a pas plu », reprend Fineas, sa voix trahissant une nervosité croissante. C'est à ce moment, comme pour souligner son anxiété, que son ventre choisit de se manifester bruyamment, interrompant ses paroles d'un gargouillis retentissant. Stupéfait et honteux, Fineas tente de se reprendre, sa façade se fissurant sous le poids de l'embarras. La misère est une compagne difficile à cacher, d'autant plus lorsque celle-ci choisit de se révéler sans invitation. « Je... Je suis confus, pardonnez-moi, Madame la Comtesse », balbutie-t-il, les yeux fuyant, rongé par la honte. Par l’Unique, Eirian, aurais-tu pu rendre ce personnage plus misérable qu'il ne l’est à cet instant, sans l’improvisation magistrale de ton corps ? Comme toujours, il ne sait te décevoir…
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Victoire Crowley
Aristocratie
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Victoire Crowley
Un bon musicien. C’était un fait. Victoire qui n’y connaissait rien pouvait voir ses doigts gracieux pianoter sur les cordes du violon mais également sa main légère comme une brise de printemps tenir l'archet et le guider pour le forcer à arracher les notes mélodieuses qui étaient en train d’emplir toute la pièce. Elle connaissait ce morceau, elle l’avait déjà entendu dans un lointain passé dont il ne lui restait que de vague rémanence ; sans doute une soirée où elle avait préféré la quiétude de son esprit à la compagnie de son mari et des siens. Hélas, la jeune femme était également musicienne, parfaitement contre son gré d’ailleurs et ne put s’empêcher de hausser avec légèreté un sourcil. La prestation était bonne, pas exceptionnelle et peut-être même moins qualitative que ce qu’elle aurait pu obtenir si elle s’était elle-même cherché un professeur, mais quelque chose sur lequel elle n’arrivait pas à mettre le doigt ne pouvait l’empêcher de sourciller.

Alors, elle s’entêta à la chercher. Certains artistes étaient transformés lorsqu’ils maniaient leur instrument. Ce n’était pas le cas de Finéas qui semblait même être devenu une statue de sel dont seuls les doigts et le bras étaient encore articulés. Maintenant que son buste était étendu, droit et implacable, elle remarqua également sa maigreur. Un roseau qui aurait pu se plier au premier vent. Mais la comtesse était convaincue que le problème ne se trouvait pas ici, alors elle poursuivit son inspection silencieuse. Ses vêtements, les traits tirés de son visage mince, ses cheveux bruns, ses yeux carmins. Une fois de plus Victoire n’y trouva rien à redire si ce n’était cet absence de lueur au fond de ses prunelles, comme un feu sur lequel on jette un seau d'eau. Mieux que personne, la jeune femme connaissait cette obscurité bien qu’elle ne put en deviner la raison et pour un roturier, elles pouvaient être multiples. Ainsi mutique, elle attendit jusqu’à la dernière note.

Sa voix était crispée. Victoire ne s’était imaginé impressionnante et pourtant, pendant un bref instant, elle se demanda si c’était elle qui l’angoissait autant.

- C’était parfait mons-... Avant qu’elle ne puisse aller plus loin dans ses réflexions, le terrible gargouillis d’un ventre mort de faim retentit, assourdissant, dans la pièce silencieuse. Machinalement ses yeux se baissèrent sur l’estomac de l’elfe avant de remonter vers son visage et, à cet instant, ses sourcils se froncèrent et le gris de son regard prit une teinte bien plus obscure. Il sembla que, subitement, son air froid était devenu plus glacial que les terres de Cyrhus. Même ses épaules s’étaient brusquement crispées d’indignation. - Si vous voulez bien me suivre. Sa voix était aussi tranchante et froide que le reste de son être pouvait s’avérer l’être. De nouveau, elle ouvrit les grandes portes de la salle de musique et ils rebroussèrent chemin. L’intendant les attendaient à la jonction de deux couloirs. Le premier les auraient ramenés vers le bureau de Victoire, non loin de ses appartements, alors que le second était un escalier qui menait dans le salon ainsi qu’à la porte d’entrée. La comtesse, après s’être adressée dans un chuchotis à l’intendant qui avait dévalé les marches non sans un regard outrageux lancé à son semblable, l’emprunta elle aussi en invitant Finéas à suivre le mouvement.

Contrairement à la salle de musique, cette pièce était chaude et agréable. Peut-être un peu plus que son bureau bien qu’elle y passa moins de temps. Un feu brûlait doucement dans l’âtre pour permettre de chauffer de manière régulière. Autour étaient disposés un canapé et deux larges fauteuils. L’un d’eux portait encore les traces d’usure des habitudes du comte Crowley ; ses accoudoirs étaient élimés et l’assise enfoncée.  La pièce était décorée exactement comme le reste de la maison si ce n’était les nombreux bouquets qui décoraient chaque table et chaque guéridon, portant avec eux une délicieuse odeur florale malgré la saison qui ne s’y prêtait guère. Ici aussi il y avait quelques livres, nonchalamment abandonnés sur un coin de table.

Victoire s’installa avec douceur sur le canapé qui faisait face à la cheminée au moment même où deux domestiques rapportaient un plateau chargé d’une théière, de deux tasses et d'un second rempli de gâteaux, de fruits et de biscuits. Une fois déposés, ils remplirent les tasses et s’éclipsèrent discrètement.

- Je n’attendais personne pour cet après-midi. Justifia-t-elle en se penchant pour attraper la tasse de thé fumante. - Bien. Quels sont vos honoraires, monsieur Snow ? Après avoir doucement soufflé sur le liquide brulant, elle le porta à ses lèvres puis se ravisa en constatant qu’il était toujours trop chaud. A la place, elle se saisit d’un raisin. - Que diriez-vous de deux leçons par semaine ? Je suis plutôt matinale. Ajouta-t-elle avant que ses yeux, redevenu plus doux ne se pose sur l’elfe.
Eirian Elden
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Eirian Elden
Un ventre affamé n'a guère égard pour les convenances qui lui commandent de se taire., Il y avait, dans la personne de Lady Crowley, un je-ne-sais-quoi de singulièrement captivant. À première vue, elle dégageait cette froideur et cette hauteur typiques des personnes de haute naissance, qui semblent toujours se tenir bien au-dessus des simples mortels, tandis que ces derniers, à l'instar de Fineas, ne pouvaient que les observer avec un mélange subtil de crainte et d'admiration, nourrissant l'espoir secret de ne jamais s'attirer le courroux ou l'amertume d'une telle envergure... Toutefois, au-delà de cette façade glaciale, elle faisait preuve d'une condescendance qui, dans son cas, semblait honorable. Ou du moins, cela s'alignait avec ce que devrait être l'idéal d'une véritable aristocrate...

Fineas avait toutes les raisons de croire qu'après un tel manquement aux bonnes manières, on l'aurait promptement escorté vers la sortie, le congédiant tel le quasi-mendiant qu'il était. Mais, contre toute attente, et malgré le regard empli de réprobation de l'intendant et l'air austère de la maîtresse des lieux, c'est vers un petit salon, bien plus chaleureux que la froide salle de musique, qu'il fut guidé, son air se partageant entre celui d’un chat curieux et d’une sourit craintive à la découverte de la salle. Voilà qui est intéressant, soulignes-tu intérieurement. Témoigner de la pitié à un être visiblement inférieur peut, certes, flatter l'égo ; mais le traiter en égal, en l'invitant à partager une tasse de thé et quelques gâteaux, relève d'une toute autre dimension de charité.

Comme c’est divertissant.

L’intérêt et l’amusement pointe le bout de son nez, derrière ton masque de petit rat servile et docile…

« Je vous suis infiniment reconnaissant d'accepter ma présence, bien que je sache qu'elle vous a été imposée. Je suis pleinement conscient du manque de savoir-vivre dont j'ai fait preuve et ne peux qu'exprimer ma plus sincère gratitude pour votre indulgence. Soyez assurée, Madame, que je m'emploierai avec la plus grande diligence à me montrer digne de votre bonté. » Déclara Fineas avec une politesse teintée d'obséquiosité, prenant place, non sans une certaine retenue, en face de la noble dame. Malgré son appréhension, l'attrait d'une boisson chaude et de quelques mets réconfortants était trop grand pour décliner une offre si généreuse, alors qu'il se permet de boire avec soulagement une fois la comtesse servie. Si son talent musical s'étendait au-delà de la simple technique, il aurait peut-être même envisagé de composer une pièce en guise de remerciement. Heureusement, il était dépourvu de tout don pour la composition, et tu avais bien d'autres préoccupations que de rédiger des sonnets pour quelques bien-nées, fussent-elles exceptionnellement aimables…

Fineas inclina légèrement la tête, arborant une mine empreinte de sérieux professionnel quand enfin la question des honoraires fut soulevée, prenant le temps de la réflexion avant de répondre. « Si cela convient à Madame, je suggérerais humblement un honoraire de cinq livres pour chaque leçon. Bien entendu, ce tarif est sujet à adaptation en fonction de la fréquence des cours. » Il marqua une pause, son regard brillant d'un mélange de respect et de fausse assurance. Certes, cinq livres par séance était un montant supérieur à ce qu'il aurait usuellement sollicité, mais il ne pouvait se permettre de négliger le statut élevé de sa cliente. Proposer moins aurait pu paraître indécent, voire insultant, étant donné sa rang aristocratique.
Tandis qu'il parlait, les pensées de Fineas dérivèrent inévitablement vers ses expériences passées, essentiellement acquise auprès de bourgeois et de gentilshommes, lui faisant se rappeler de quelques expériences passées. « Bien entendu, si vos enfants font preuve d'un zèle remarquable, je serai plus que disposé à convenir de leçons supplémentaires au cours de la semaine... », proposa-t-il avec une prudence mesurée. L'évocation des enfants lui semblait tout à fait naturelle, demeurant inconscient du véritable dessein de sa mission.

L'idée qu'il puisse être sollicité pour instruire la comtesse en personne ne lui avait guère effleuré l'esprit. Non pas qu'une dame de son rang ne puisse désirer perfectionner ses compétences musicales, elle en avait au contraire parfaitement le droit, mais il était plus souvent d'usage qu'un précepteur soit engagé pour l'instruction des jeunes de l'aristocratie, ou d’une demoiselle célibataire cherchant à se distinguer par ses talents musicaux. Et puisque Fineas était au fait, après s'être renseigné sur la comtesse avant d'oser frapper à sa porte, que celle-ci avait un héritier, il lui paraissait tout à fait logique qu'elle le requière pour l'éducation de ce dernier. Un quiproquo à la fois amusant et légèrement embarrassant, mais qui se révélait fort utile pour toi, toujours à l'affût et cherchant à cerner les motivations d'une femme abandonnant foyer et enfant pour se rendre à Londonia, avec un intérêt marqué pour la condition des elfes dont elle ne partageait pas la misère…
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Victoire Crowley
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Aristocratie
Victoire Crowley
Victoire adorait le salon. C’était sans doute la pièce la plus chaleureuse de la maison et également celle où il y avait le plus d'agitation, ce qui était loin de la déranger. Que ce furent les domestiques ou les coursiers, il y avait toujours de quoi s’occuper ainsi qu’un bruit de fond qui permettait à la comtesse d’oublier un bref instant la solitude qui lui pesait. Cela faisait bien longtemps, au moins depuis son mariage, qu'elle ne s’était plus retrouvée complètement seule. Au manoir il y avait toujours quelqu’un pour lui tenir compagnie que cela soit son époux -lorsqu’il respirait encore-, Miriel ou Damian. Ici il n’y avait personne pour venir s’asseoir et discuter, ni pour faire des points en croix tandis qu’elle lisait un livre, ni même d’ailleurs pour effectuer une lecture commune. En vérité, Victoire avait du mal à se faire à sa nouvelle vie alors elle restait aussi loin que possible du silence accablant de ses appartements.

Fineas avait vraisemblablement connaissance des bonnes manières car il ne cessait de se confondre en excuse, même si ses yeux curieux et craintifs se baladaient discrètement sur la pièce. C’était un bien étrange personnage dont elle n’arrivait pas réellement à cerner les motivations, ni le mode de fonctionnement. Mais il l'intriguait au-delà de ses origines elfiques et la comtesse avait grand besoin d’être divertie. Elle l’écouta donc en silence, soufflant d’abord sur le thé brûlant avant d’en prendre plusieurs gorgées qui la réchauffèrent presque immédiatement.  

- Je n’en doute pas monsieur Snow, dit-elle simplement tout en poussant du bout du doigt une tasse dans sa direction. Il ne sembla pas la remarquer -ou peut-être n’aimait-il pas le thé ?- et poursuivit. Cinq livres était un prix acceptable, si on omettait le fait que Victoire se contrefichait éperdument de savoir jouer du violon. Cependant, si c’était là la somme qui lui était nécessaire pour entrer dans ses frais, elle était toute disposée à la lui accorder. Tout comme elle était prête à s’infliger de trop nombreuses heures de musique qui, à n’en point douter, la ferait grincer des dents. - Votre prix me semble raisonnable. A vrai dire, il aurait bien pu lui demander six ou sept livres qu’elle n’aurait pas sourciller. En mourant le vieux Crowley avait eu le mérite de lui laisser un douaire largement fourni, si bien qu’elle était presque certaine de ne manquer de rien bien après que la mort l’ait fauché. Ce qui, dans un sens, était rassurant pour l’avenir de Damian.

Le fils unique de Victoire et William, le futur comte de Crowley était un petit garçon tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Aussi brun de cheveux que feu son père, il arborait les iris orageuse de sa mère ainsi que son caractère impétueux. Pourtant, le simple fait de le mentionner rendait les épaules de la jeune femme aussi tendu que si elles avaient été faites de bois et malgré tout son savoir faire, il lui était difficile de dissimuler le malaise que la mention de son enfant faisait naître chez elle. Un étrange mélange de haine pour ce visage qui lui en rappelait un autre et d’amour pour ce petit être qu’elle avait mis au monde et qui ne cessait de réclamer aussi bien son affection que son approbation. Aussi cruel que cela puisse paraître, Victoire espérait secrètement que la présence d’Aubrey détournerait l’attention de Damian.

- Mon… Sa langue ripa sur le mot, ses yeux se voilèrent un bref instant. Elle s’agita puis son dos se redressa et en quelques instants elle redevint la comtesse qu’elle avait toujours été. - Mon fils n’est pas à Londonia et il n’y viendra pas avant la saison mondaine. De plus, je crains qu’il ne soit pas friand de violon. Pas plus que d’aucun autre instrument de musique, Damian était plus porté sur l’équitation et les roulés boulés dans la boue, mais ceci elle ne le dit pas. - Ces leçons seront pour moi. Ses yeux se posèrent sur le visage de Finéas pour analyser n’importe quel signe de désapprobation ou d’étonnement qui pourrait le traverser. Elle l’observa longuement avant de se saisir de sa tasse et de la porter à ses lèvres. Le liquide était encore chaud, mais pas assez pour la faire grimacer alors elle bu avant de reprendre. - Dites moi, Finéas -vous permettez que je vous appelle Finéas ? Où avez-vous appris à jouer du violon ?
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