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Lénore
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Lénore
Mais les questions sont dangereuses, car elles amènent des réponses.
Un mécène c'est quelque chose d'important, non ? La question lui picota les lèvres un instant avant qu'elle ne préfère se taire. Elle n'a pas pensé à demander sur l'instant lorsqu'il fallut emballer tenues et étoffes pour le transport. Le principal travail de Lénore, lorsqu'elle accompagne Hazel dans ses déplacements, se limite finalement à bien peu de choses : porter, emballer, déballer, remballer. Un travail qui parfois pourrait mieux convenir à un garçon. Mais elle s'exécute et en plus docilement, sans dire mot, à défaut de pouvoir se rendre utile autrement. En fait depuis son entrée dans la vie de la couturière, on ne l'avait jamais entendu se plaindre de quoi que ce soit, mais on ne pouvait pas dire qu'elle était la meilleure compagnie qui soit tant elle parlait peu.

La principale qualité de Lénore est son sens de l'observation, elle est si discrète, si bien que la plupart du temps on la remarque à peine - malgré ses airs de poupée juvénile, comme si le simple de ne pas en avoir conscience pouvait être capté par les autres - et lorsqu'on la remarque on croit avoir affaire à une simplette qui ne se rend compte de rien alors les langues se déliaient. Alors qu'elle-même n'avait presque pas parlé, si ce n'est pour les salutations d'usage à leur cliente. Tout simplement elle savait observer sans accabler l'autre d'un regard lourd et jugeant. C'est ce qu'elle constata une fois de plus quand son instructrice la congédia, une fois que tout le matériel fut installé. Le reste ne la concernait - ou en tout pour l'instant - pas, elle préférait encore endurer les jugements le personnel de la maisonnée qui s'affairaient pour le déjeuner, que ceux des nobles qui cachaient bien souvent le dégoût derrière le mépris qu'ils avaient pu avoir à ses égards ces derniers mois. Préfèrant grignoter son repas dans un coin où elle ne pouvait pas gêner en écoutant d'une oreille plus ou moins attentive les commérages. La petite blanche était bien incapable de se mêler à une foule encore plus particulièrement d'inconnus. Alors, le temps qu'il faut, elle observa se curieux manège, et cela put durer un certain temps.

Et enfin on l'a rappelait, quand elle commençait tout juste à s'agacer des commérages impudiques. Elle se perd un peu dans les couloirs, usant de la plasticité de son esprit pour se rappeler du bon chemin, mais elle ne traîne. Lénore n'aime pas particulièrement ces grandes demeures nobles où on laisse bien trop de place à la lumière qui abîme ses yeux, où l'art profane pratiquement le naturel. Pourtant elle aimait invariablement l'art, même si elle n'était pas ici pour nourrir ses yeux pas plus que son âme.

Alors elle pousse la porte, se glisse dans l'ouverture, ses pas ne produisent pas un son. Un rapide regard dans la pièce lui confirme que la dame qu'elle sert doit être occupée ailleurs, il était bien rare qu'elle se retrouve ainsi seule. Enfin, il faut bien un début à tout. Alors elle retira ses gants, ce qui était plus commode pour réarranger les rouleaux de soie, et entreprit de ranger tout ce qu'elles avaient pu apporter. Il pouvait y avait quelque chose d'agréable à l'observer sous ses airs de poupée, ses cheveux d'or attachés en une queue de cheval à l'aide d'un ruban.

Mais un œil aguerri peut-être en mesure de percer à jour la jeune nymphe, qui bien qu'elle donne l'impression de ne se servir de son corps que comme d'un simple véhicule dans sa tenue noire et sobre de servant qui ne parvenait pas à empêcher la lumière de venir à elle pourtant son protecteur avait commandé de nouveaux vêtements plus adaptés pour la ville, mais ses anciens lui convenaient mieux. Elle cache en réalité un esprit en perpétuelle ébullition et ses mires azuréennes capables de transpercer les gens comme si elle pouvait lire en eux comme un livre ouvert. Et pourtant son regard n'errait que rarement au-dessus de la ligne du sol, puisqu'elle avait pleinement conscience de sa place. Ainsi qu'une beauté naturelle que toute la crasse du monde ne saurait dissimuler. Pas même les cicatrices, la moins notable était celle discrète sur sa tempe gauche presque parfaitement dissimulée dans ses cheveux, les deux autres à ses poignets sur tout le contour, larges de deux doigts comme si l'on avait voulu enfoncer quelque chose dans la chair fragile de cette zone jusqu'à l'os. Sans doute l'une des raisons de son usage excessif des gants.


Vous m'avez condamnée à l'oubli.
Selen Morvell
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Selen Morvell
Assise à la fenêtre du petit salon, un livre entre ses mains, la jeune femme renvoyait l'image d'une lectrice calme et assidue. Simplement vêtue d'une robe d'intérieure suffisamment élégante pour recevoir une visite prévue ou non, la brune parcourait les lignes une à une, tournant les pages au moyen d'un geste savamment étudié. En vérité, cette mise en scène n'avait pour but que de tromper son entourage. Car en son for intérieur, Selen s'impatientait. La venue de sa couturière personnelle était aussi attendue que redoutée. Quand, lors de leurs derniers échanges, Hazel lui avait annoncé qu'elle prenait une apprentie à ses côtés, la jeune femme avait d'abord craint pour la qualité de son travail. Elle avait choisie cette couturière comme pupille parmi tant d'autres pour ses doigts de fée et son doux caractère, malléable à souhaits. Cette dénommée Lénore, la brune ne la connaissait pas. Et il lui tardait d'évaluer l'intérêt qu'Hazel avait vu en elle.

Si bien que lorsqu'on lui annonça l'arrivée de la couturière, Selen ne perdit pas de temps, refermant son ouvrage d'un coup sec pour venir à la rencontre de cette dernière. Quittant le petit salon réservé à la lecture, la jeune femme arpenta les couloirs de la vaste demeure, ne s'arrêtant pas sur les nombreuses démonstrations de luxe qu'elle contenait en son sein. Un quotidien dans lequel elle avait grandi, aujourd'hui pareil à une cage dorée. Un domestique de la maison l'introduisit alors qu'elle pénétrait la pièce où se trouvaient ses deux invitées. Passées les formalités d'usage, la brune s'enquit des avancées du travail d'Hazel. Mais alors que cette dernière s'enthousiasmait à l'idée de lui présenter ses créations les plus récentes, Selen observait à la dérobée la seconde silhouette qui accompagnait la roturière. Une véritable poupée de porcelaine à la chevelure d'un blond si pur qu'elle ne paraissait pas à sa place dans cet univers.

Écoutant d'une oreille les explications et projets de son interlocutrice, la jeune femme décida de s'entretenir avec elle en privé. Après tout, ses désirs actuels comme futurs ne concernaient pas l'apprentie silencieuse. Selen en profita pour s'enquérir des résultats de cette dernière auprès d'Hazel, au moyen de questions détournées. La jeune femme n'était pas contre l'idée que sa couturière obtienne un peu d'aide sans que cela n'affecte la qualité de son travail. Quand il apparut clairement à ses yeux que c'était le cas et qu'Hazel la première était ravie de la présence de Lénore à son atelier, la brune dut se rendre à l'évidence. Alors pourquoi ce désagréable sentiment ne la quittait-elle pas ? Qu'est-ce qui l'empêchait de se réjouir comme la roturière ?

Après avoir transmis ses souhaits à son interlocutrice, Selen ordonna à l'un de domestiques de rappeler la blonde pour qu'elle range les bouts de tissus et autres vêtements prenant forme entre les doigts d'Hazel. Laissant cette dernière patienter le temps d'être rejointe par son apprentie, la jeune femme prit congé. Ses pas ne la conduisirent pas jusqu'au petit salon qu'elle avait quitté plus tôt dans la matinée et elle se retrouva à pousser la porte de la pièce où se trouvait Lénore, espérant bien se retrouver seule avec cette dernière, même pour quelques minutes à peine.

Son regard observateur analysa les moindres faits et gestes de la poupée de porcelaine, quittant son dos alors que la brune contournait lentement la silhouette qui s'animait. Notant l'absence des gants chez cette dernière, Selen posa naturellement les yeux sur les mains de la blonde, remontant le long de celles-ci jusqu'à apercevoir les cicatrices qui marquaient ses poignets. Son interlocutrice eut-elle la présence d'esprit de remettre ses gants face à son regard ? Le mal était fait et l'information n'échappa pas à la brune, dont l'esprit s'échauffait déjà à émettre bon nombre d'hypothèses. Tandis que le silence s'épaississait entre elles, la jeune femme se décida soudain à le rompre, consciente que Lénore n'oserait pas lui adresser la parole en premier, de part l'écart social qui les séparait.

« Ma pauvre enfant, le sort ne t'a pas épargnée semble-t-il. »

Toujours à la recherche d'une réaction de la part de son interlocutrice, Selen poursuivit :

« Hazel m'a confié être très satisfaite de ton travail. Et j'ai à cœur de prendre soin de son talent prometteur. S'il y quoique ce soit dont vous avez besoin sans oser me le demander directement, puis-je compter sur toi pour m'en faire part Lénore ? »
Lénore
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Lénore
Mais les questions sont dangereuses, car elles amènent des réponses.
Perdue dans ses pensées, de toute évidence elle n'avait pas un seul instant soupçonné que l'on puisse pénétrer dans cette pièce, elle sent la présence, mais ne se détourne pas de sa tâche, imaginant sans doute qu'il ne devait s'agir là que d'un domestique faisant son travail. Ses doigts fins se resserrent sur le tissu, si lisse que son toucher lui évoque l'eau limpide et fuyante d'un ruisseau. Un mot à son attention et elle relâche l'étoffe qui glisse entre ses mains comme du sable.

Une simple parole, il n'en fallut pas plus à Lénore pour la ramener à la réalité, elle sursaute faisant rapidement face à son interlocutrice, tout en dissimulant ses mains dans son dos comme si elle venait d'être prise en train de faire quelque chose d'abominable alors que ce n'était que son travail. Elle qui a tant l'habitude d'être ignorée, n'est-elle pas après tout une simple servante et à peine un vingtième de ce que l'on attend d'une apprentie ? Sans être grand-chose, il semble profondément improbable qu'une femme d'une telle stature au titre qu'elle ne sait même pas comprendre lui parle ?

Ses pensées s'étirent dans l'art de trouver la formulation juste à ce qu'elle s'apprête à dire, trouver le bon mot, qui n’est ni vexant ni étrange est un sport ardu pour une personne aux antipodes de la noblesse, le peu que son protecteur lui avait permis de rencontrer n'était pas si différent de lui, excentriques et peu adeptes des concepts nobliaux. « Vous ne devriez pas regarder, Madame. » Dit-elle dans un souffle à peine audible. Sous entendu qu'il n'y a pas de raison de s'infliger cette vision si cela n'est pas nécessaire, c'est moche tout simplement et elle en a honte. Son regard se perdant dans l'espace entre les lattes du parquet en bois noble n'osant pas remonter plus haut que le bas de sa robe, comme figée dans une posture soumise.

Une foule de questions tambourinait à sa conscience, avait-elle seulement le droit de s'adresser à une personne d'une telle importance ? Mais ne pas répondre et s'enfermer dans sa tâche ne serait pas pire ? Sans doute avait-elle été jetée un peu trop vite dans le grand bain, mais elle dissimulait sa difficulté derrière un air vide.

Lénore se retint de redresser la tête face à cette étrange proposition, comme si elle avait une lame pointée à la base de sa nuque, toute surprise qu'on lui demande pareille chose. D'ordinaire on l'ignorait où on la croyait trop stupide pour être d'une quelconque utilité. « De quel genre de chose pourrions-nous avoir besoin ? » La question est à la fois profondément naïve et d'une habilité remarquable pour une jeune femme qui avait plus l'air d'une simplette qu'on avait abandonnée là, elle attendait des éclaircissements de cette femme, ou peut-être était-ce un simple fruit du hasard provoqué par ses pensées évanescentes ? Elle ne croit pas qu'il puisse y avoir quoi que ce soit que mademoiselle Thornton ne puisse réclamer par elle-même, alors la question du pourquoi se pose tout de même.

En un an d'existence Lénore avait appris, parfois amèrement, et il n'avait pas suffit de plus d'un année pour se rendre compte qu'elle vivait dans un monde hypocrite, où rien n'est jamais réellement gratuit et que lorsque l'on obtient quelque chose il y a une conséquence ou un coût. Elle connaissait le danger des hommes, on l'avait suffisamment mise en garde, de ne pas suivre, ne pas parler, mais quid des femmes, quels dangers peuvent-elles receler ? Et malgré tout ça elle est incapable de voir le mal même en ayant le nez dessus.

La jeune blonde est bien entendu ravie que sa maîtresse soit satisfaite du travail qu'elle fournissait sans jamais s'en plaindre, mais elle ne s'en gargarisait pas pour autant, ç'aurait été bien trop orgueilleux et elle était toujours incapable de manier quoi que ce soit qui demandait de la précision telle qu'une aiguille quant à ne serait-ce que se servir de ciseaux sans déborder, au moins était-elle douée dans les tâches domestiques que sont le ménage et la cuisine et l'atelier reluisait tel un sou neuf. De plus le curieux Lord qui la plaça s'engagea à payer tous les frais la concernant, ce qu'il fit de toute évidence. Ainsi elle ne coûte rien et abat un travail considérable.


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Selen Morvell
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Selen Morvell
La réaction de son interlocutrice l'intrigua au plus haut point, laissant Selen partagée entre la stupéfaction et l'amusement. Pourtant habituée à ce que les domestiques de la maison s'adressent à elle avec tout le respect qu'ils lui devaient, la posture de l'apprentie renvoyait davantage l'image d'une enfant prise en faute que celle d'un serviteur saluant son employeur. Passée la surprise, les mots de la blonde lui parvinrent alors, arrachant un doux sourire à la jeune femme.

« En voyant que tu ne portais pas tes gants, tes mains ont attiré mon regard. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, pardonne moi. »

Quand bien même... Qu'avait pu faire une pauvre apprentie pour mériter pareil traitement ? Impossible que cela fut l’œuvre de Hazel. La couturière était d'une nature trop douce pour infliger cela et ce, même si Lénore venait à ruiner son travail. Alors les blessures dateraient d'avant leur rencontre ? Qui était assez cruel pour s'acharner ainsi ? Décidément, les êtres humains pouvaient s'apparenter à des monstres entre eux. Et cela, la brune était bien placée pour le savoir. La voix fluette de son interlocutrice l'arracha à ses pensées silencieuses, faisant reporter à Selen son attention sur cette dernière, laquelle gardait ostensiblement la tête baissée.

« … J'investis dans le travail d'Hazel mais je ne suis pas toujours au fait de votre quotidien. L'hiver approchant, je ne voudrais pas que vous manquiez de bois pour vous chauffer et que l'une de vous tombe malade. »

Le froid savait se montrer redoutable, encore plus avec l'humidité qui s'infiltrait parfois jusque dans les habitations.

« Cela vaut également si vous avez des ennuis. Le comprends-tu Lénore ? »

Car si l'atelier venait à être volé ou Hazel tuée, la jeune femme perdrait son investissement. De plus, elle n'aimerait pas que les croquis de sa couturière en arrivent à se retrouver dans de mauvaises mains. Selen en était convaincue : le travail de la couturière serait reconnu par les plus grands un jour prochain. Et elle tenait à incarner la figure ayant permis à Hazel de se faire un nom dans le beau monde. Mais peut-être que son interlocutrice y verrait une invitation à se confier sur ce qui lui était arrivé par le passé. Pour éviter que son employeur subisse le même sort.

« Mais voilà que je te retarde dans ton travail, je t'en prie, ne fais pas attention à moi. Hazel t'attend. »
Lénore
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Lénore
Mais les questions sont dangereuses, car elles amènent des réponses.
Pour la jeune domestique, il était presque inconcevable qu'une dame et plus encore de la noblesse ne subisse cet odieux spectacle, mais parfois il n'y avait guère le choix surtout avec la soie qui était impossible à manipuler avec des gants. « Je ne suis pas fâchée, Madame, nous avons tous nos cicatrices, les miennes sont simplement plus visibles. » Disant cela dans un sourire candide, elle achevait de refermer les dernières boîtes.

Concernant les stocks de bois et de charbon, puisqu'elle s'occupait de la cuisine, cela n'échapperait pas à son œil, et toute têtue qu'elle était, Lénore insistait pour faire les courses, elle n'avait pas noté de manque de combustible, bien qu'elle n'avait pas encore eu la chance de gérer cela.

Lénore eut bien du mal à admettre que qui que ce soit puisse en vouloir à la couturière, comment pouvait-on en vouloir à quelqu'un au point d'attirer des ennuis ? Même si innocente des vices de ce monde, on lui avait dit et répété que tout le monde n'est pas rempli d'idées chevaleresques et qu'elle-même en temps que toute jeune femme, ne devait parler à personne et surtout pas à un étranger. Perplexe, elle semble parfaitement sur la réserve face à cette demande. « Je vous le dirais. » Cela sonnait comme une promesse désincarnée, il faudrait qu'elle s'en souvienne et qu'elle ait le temps de venir voir le danger, de se rappeler de cette adresse.. Une banalité qui se heurtait à ses difficultés quotidiennes.

« Un instant. » Elle sort des plis de sa robe un calepin ainsi qu'un porte-mine en argent finement gravé, un objet bien trop luxueux pour être entre les mains d'une simple servante, sans doute le fruit d'un cadeau de son ancien employeur, un héritier célibataire reclus et excentrique à ce que l'on dit. Elle tourne les pages parfois écrites d'annotations diverses d'une belle écriture à la plume, principalement des adresses, des noms et parfois des gribouillis informes. S'arrêtant à une page vierge, elle entreprend d'écrire l'adresse et le nom de la dame, elle sait tenir l'outil, et semble savoir écrire - où autrefois - mais il faut bien avouer que le résultat est davantage proche des gribouillis d'un enfant inspiré que de quelque chose de clair et de lisible.

La petite blonde se fâche, sans rien laisser paraître. Elle semble savoir faire, mais le problème est ailleurs. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour se rendre compte qu'elle devait avoir l'air parfaitement ridicule. Lénore abdique rapidement, frustrée, mais pas invaincue et finit par tendre les objets à la dame. « Est-ce que vous pourriez écrire votre adresse et votre nom, s'il vous plaît. » Sa voix encore plus fluette, et la demande parfaitement exotique.


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Selen Morvell
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Selen Morvell
La promesse, même arrachée des lèvres de la petite blonde, suffit à apaiser les craintes de la jeune femme. A ce stade, Selen ne savait pas à quel point elle pouvait avoir confiance en l'apprentie mais elle imaginait parfaitement que les prochaines semaines seraient déterminantes pour le lien qui les unissait. Face au silence de son interlocutrice, la brune saurait que cette dernière était du genre à lancer des promesses en l'air. Si elle n'avait pas idée de ce que serait sa propre réaction si elle venait effectivement à se retrouver dans cette situation, la jeune femme se promit néanmoins d'y remédier. Nul n'irait pleurer la disparition d'une banale apprentie, aussi talentueuse était-elle. Sauf Hazel peut-être. Cette supposition manqua de lui arracher un soupir d'ennui. La couturière était décidément bien trop sensible pour ce monde ici bas.

L'agitation chez la petite blonde l'arracha toutefois à ses pensées silencieuses. Son regard observa les faits et gestes de son interlocutrice, se demandant sincèrement ce que cette dernière cherchait à faire. Elle paraissait vouloir écrire quelque chose – une apprentie savait-elle seulement écrire ? – mais voilà qu'elle butait contre une force invisible, pour finalement abdiquer et lui tendre lesdits objets. Selen s'en saisit sans un mot, son attention se portant immédiatement sur le porte-mine qui trouvait naturellement sa place entre ses doigts. Un si bel objet. Que faisait-il en la possession de Lénore ?

La jeune femme le fit tourner et retourner, le détaillant sous tous les angles, à la recherche d'un indice. L'idée que la petite blonde l'avait volé lui avait bien évidemment traversé l'esprit. Son éducation et notamment le monde dans lequel elle avait grandi lui avait enseigné de ne jamais se fier aux apparences. Derrière ce visage d'ange à la voix fluette, quelle sombre personnalité se cachait en réalité ? Cependant, force était de reconnaître qu'aucune inscription ou même initiales trahissant l'appartenance du porte-mine venait égayer sa théorie. Était-ce donc la possession d'un autre ? Un présent ? Encore une fois, qui pouvait prêter autant d'intérêt à une simplette comme l'était son interlocutrice ?

« Ce porte-mine... Où l'as-tu eu ? »

L'intonation de sa voix n'avait pas varié, de même que la brune avait veillé à choisir ses mots avec un soin tout particulier pour ne pas donner l'impression qu'elle accusait l'apprentie. Tout en laissant le temps à la petite blonde de s'expliquer librement à ce sujet, Selen parcourait la page adjacente à celle que lui avait désigné Lénore pour y inscrire ses coordonnées. Les variations de style et de plume avaient de quoi surprendre. Était-ce le carnet de notes d'Hazel, confié à son apprentie pour l'occasion ? Non... Cette dernière ne devait pas savoir écrire, pas plus que la petite blonde.

« … Tu es décidément une personne pleine de mystères, Lénore. » déclara-t-elle simplement avant de s'exécuter, imbibant le papier d'encre au moyen d'une écriture soignée.

De telles incohérences ne pouvaient rester plus longtemps sans réponse. Cependant, la jeune femme savait pertinemment qu'elle ne les obtiendrait pas de la bouche même de la principale concernée. Non, elle allait devoir la jouer plus fine et enquêter de son côté. En son for intérieur, la brune souriait, sachant qu'elle n'aurait aucun mal à trouver le candidat idéal pour faire parler le passé de Lénore. Sans se défaire de son expression faussement bienveillante, elle rendit les objets à leur prétendue propriétaire.

« Souhaiterais-tu apprendre à écrire ? »
Lénore
Roturier
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Lénore
Mais les questions sont dangereuses, car elles amènent des réponses.
L'on avait rapidement inculqué à Lénore le fait de ne jamais mentir et même si elle l'avait voulu elle était bien mauvaise à ce jeu-là, elle sait que l'objet est bien trop beau et coûteux pour se retrouver entre ses mains maladroites, mais il ne s'agissait rien de plus qu'un présent d'adieu, pour raccrocher un souvenir à une personne. « C'est un cadeau de mon ancien maître, Lord Blackwall, avant que je n'entre au service de mademoiselle Thornton. » Le fameux Lord est un riche héritier célibataire, excentrique, vivant reclus dans sa demeure de campagne, un hédoniste se passionnant pour les arts, discrètement connu pour ses soirées discutables.

A la mention de ce nom, elle semble se voiler, comme si elle aurait préféré ne pas quitter son ancien protecteur et cette émotion de regret transpirait de sa personne avec une limpidité naturelle. La jeune femme semblait être le genre d'oiseau fragile à s'attacher intensément à tous ceux susceptibles de lui apporter du secours quitte à sombrer dans une forme de dépendance. Le même genre de celles qui tombent aisément dans les griffes des pires personnages même si elle semblait avoir déjà son lot de mésaventure et parfois cela ne suffisait pas pour apprendre la leçon.

Plusieurs questions se posent lorsque l'on connaît le protagoniste de cette histoire, que pouvait bien faire cette frêle colombe dans une maison bien souvent exclusivement remplie d'homme à la moralité plus ou moins discutable ? Quel lien pouvait avoir ces deux individus que tout oppose et jusqu’où ? Dans tous les cas, cela amène à des possibilités particulièrement scabreuses, même sans imaginer le pire. Lénore ne semble pas avoir réellement conscience de la gravité des informations qu'elle distille au compte-gouttes.

Elle relève distraitement la tête, ses yeux se perdant dans la décoration de la pièce avant de retrouver le sol, comme si la notion de mystère la concernant lui semblait bien trop floue. Et cette posture enfantine pouvait trancher avec la réflexion qu'elle était en mesure d'avoir. « Est-ce que c'est quelque chose de grave ? » Le peu de nobles qu'elle a pu rencontrer sont des amis proches de son protecteur, et malgré cela il y avait souvent en malaise palpable lorsqu'elle se retrouvait à leur contact si bien que souvent l'on se contente le plus souvent de l'ignorer, l'étrange ayant cette capacité à effrayer.

Elle vainc sa timidité pour observer les mains de la dame écrire soigneusement sur le papier, avec une certaine admiration à peine dissimulée. Prenant le temps d'analyser les mécanismes à l'œuvre, quelque chose d'aussi simple lui semble bien souvent hors d'atteinte.

En réalité Lénore connaît les bases de l'écriture, mais elle n'est tout simplement pas physiquement en mesure de les appliquer lors des mauvais jours, comme aujourd'hui. Même si sans doute des tout petits enfants se débrouillent mieux qu'elle lors des jours fastes. Son maître n'aurait-il pas voulu qu'elle continue à se perfectionner dans l'écriture et la lecture ? Elle ne se voit pas refuser une telle offre, ce serait bien trop impoli.« Oui, j'aimerais beaucoup. » L'idée semble beaucoup lui plaire, même si elle se doute que cette dame doit être bien prise par son emploi du temps. Elle se sent honorée.

Il y avait dans les échanges une simplicité propre à ceux ne connaissant pas réellement les codes sociaux, et encore moins ceux si difficiles à comprendre de la noblesse. Une question s'en suivait toujours d'une réponse, sans adjonctions superflues et elle n'avait pas cette crainte de faire une erreur d'étiquette.


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Selen Morvell
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Selen Morvell
Une créature si frêle et discrète qu'on en oubliait l'existence, au service de Lord Blackwall ? La brune étudia le profil de son interlocutrice en silence à la suite de cette révélation. Cette Lénore renvoyait l'image d'un ange tombé du ciel avec ses cheveux d'un blond trop pur et ses traits trahissant son innocence au travers de l'ignorance du monde. Etait-ce cette même pureté que son précédent maître avait recherché ? Voyait-il en elle une œuvre d'art à part entière ? Cette hypothèse tenait la route mais dans ce cas, pourquoi confier Lénore à quelqu'un d'autre ? Selen doutait que la couturière fasse partie du cercle proche du Lord... Quelque chose n'allait pas dans cette histoire. Est-ce que son interlocutrice lui mentait sur l'identité du propriétaire légitime du porte-mine ? Selen ne décelait rien de tel sur le visage de cette dernière, elle-même pourtant habituée à l'hypocrisie de la noblesse. Lord Blackwall se serait-il lassé de sa domestique ? Ou bien le parcours de Lénore cachait-il autre chose ?

« Et toi Lénore ? Que penses-tu de cette situation qui est la tienne ? »

Sans répondre à l'interrogation de la petite blonde, la jeune femme cherchait à en apprendre davantage. L'ombre sur le visage de son interlocutrice ne lui avait pas échappé et Selen voyait en elle l'occasion de soutirer quelques regrets à l'apprentie. L'espace d'un instant, elle se demanda sincèrement si Hazel était au courant de tout ceci. La roturière s'était-elle simplement contentée de recueillir Lénore comme un oiseau perdu dont il fallait s'occuper au risque de le condamner à une mort certaine ? Si la brune appréciait la dextérité de la couturière, elle n'aimait pas en revanche que l'on vienne interférer dans son travail... ou même sa relation avec Hazel. Avoir cette dernière sous sa coupe lui plaisait énormément pour qu'elle accepte qu'on la lui enlève.

« N'aimerais-tu pas savoir pourquoi ton ancien maître s'est-il séparé de toi ? » poursuivit-elle après lui avoir rendu le carnet ainsi que le porte-mine.

Le savait-elle seulement ? De ce que l'apprentie laissait entrevoir de sa personnalité effacée, Selen doutait qu'elle se soit opposée à la décision de Lord Blackwall ou même cherché à comprendre son choix. Lénore se contentait de subir. Comme les cicatrices sur ses poignets en témoignaient.

« Promets moi d'y réfléchir. Tu me donneras ta réponse quand nous nous reverrons pour ta première leçon d'écriture. J'enverrai quelqu'un te chercher et te ramener auprès d'Hazel. »

Sans doute devrait-elle s'enquérir de l'accord de la roturière pour lui emprunter la compagnie de la petite blonde pendant quelques heures. Même si au fond, la brune savait que la couturière ne lui refuserait rien.
Lénore
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« Elle me satisfait. » Pour l’heure, en tout cas, elle se sentait à sa place, aimée et choyée, comme elle avait pu l’être l’année de sa renaissance, ou de sa naissance ? Et elle se donne à chaque fois du mal pour réussir, même si tout n’était pas facile et qu’elle occupait des tâches subalternes. Bien sûr, tous lui faisaient ressentir ses différences, mais elle s’en moquait et passait au-dessus avec. « Les bonnes gens font les bonnes maisons, vous savez. » Un mince sourire s’étire sur ses lèvres fines. Lénore semblait être de ceux qui ont besoin d’avoir une utilité dans cette existence, même si au fond ils ne servent pas à grand-chose, une idée d’esprit simple bien loin des jeux de la noblesse. Oui, elle n’aurait sans doute jamais le dixième du talent de la couturière, mais au moins pourrait-elle trouver un garçon moitié moins stupide qu’elle rapidement et les affaires pourront reprendre.

Combien de fois avaient-ils eu cette conversation, et combien de fois s’était-elle révoltée de trouver les raisons injustes ? Elle ne saurait dire, mais largement assez pour ne plus avoir envie de se battre contre l’évidence : ce qui est bon n’est pas toujours juste. Une réalité que la jeune poupée aux cheveux blés à tout le mal du monde à intégrer. Oui, elle avait écouté ces mêmes raisons, mais avait-elle bien entendu ? Nul doute qu’elle n’était pas aussi simplette que ce qu’elle essayait de faire croire.

Lénore, se hâte de remettre les dernières choses dans les boîtes et devine que le moment de répondre aux questions n’est pas encore venu, alors elle s'incline poliment, encore tendue de ce simulacre d'interrogatoire, les yeux toujours fixés sur le sol. Les paroles de la noble semblent avoir tracé un sillon vivide et douloureux dans son esprit, dont elle ne parvient pas à dissimuler l’affect aussi bien qu’elle l’aurait cru. « Bonne journée, madame. » Et elle s'éclipse ensuite bien rapidement avec le restant d'affaires à ramener.

Pour la première fois qu’elle allait au contact - seule - d’une dame noble, elle estimait s’en être sortie assez misérablement et même si elle avait bien du mal à mettre des mots sur ce ressenti étrange qui la suivait le long des couloirs et elle demeura silencieuse tout le long du trajet retour.


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